Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Un sarcophage enterrera bientôt le triste passé de Tchernobyl

Il y a 30 ans le monde vivait le premier accident nucléaire majeur de son histoire. Le 26 avril 1986, le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine (alors membre de l'URSS), explosait et provoquait une importante fuite radioactive. Les conséquences écologiques et humaines sont encore perceptibles aujourd’hui. Pour marquer cet événement, plongée en 5 volets dans l’après-Tchernobyl. Ce mardi, jour de la catastrophe, coup de projecteur sur le sarcophage qui doit permettre de décontaminer le site.

25 avr. 2016, 01:36
/ Màj. le 26 avr. 2016 à 11:30
L'arche est plus haute que la Statue de la Liberté.

Ce mardi 26 avril marque officiellement les 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl. La région, comme le reste de l'Ukraine, paie encore le prix de cet accident. Mais, un projet sans précédent doit permettre de tourner la page de ce triste passé. Une gigantesque arche est actuellement en construction. D'ici peu de temps, elle recouvrira le réacteur 4, celui-là même qui est à l'origine de la tragédie. De quoi démarrer enfin le démantèlement de la centrale nucléaire.

Un projet sans précédent

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le projet de construire une enceinte de confinement date de 1992 déjà. Mais, entre études de faisabilité, difficultés à récolter des fonds et vie politique ukrainienne agitée, le chantier prendra du retard. Finalement, un consortium européen du nom de Novarka et emmené par les géants français de la construction Vinci et Bouygues remporte l'appel d'offres en 2007 pour l'édification d'un nouveau sarcophage.

En fait, davantage qu'un sarcophage, il s'agit d'une immense arche métallique de plus de 35 000 tonnes, mesurant 105 m de long pour une portée de 257 mètres. Plus haute que la Statue de la Liberté de New York, cette superstructure peut abriter quatre Airbus A380, le plus gros avion civil du monde. Elle est assemblée à côté du réacteur accidenté et sera progressivement glissée au-dessus du sarcophage existant, de manière à le recouvrir totalement.

 

Le temps presse

L'érection de cette arche, qui a débuté en 2012, était très attendue, car l'ancien sarcophage montrait des dangereux signes de fébrilité. Pour mémoire, dès le lendemain de l'accident en 1986, l'URSS a dépêché sur place des "liquidateurs" – six cent mille en quatre ans – exposés à de fortes doses de radiations, car vêtus de tenues de protection rudimentaire. Après avoir éteint l'incendie, ces ouvriers sacrifiés vont bâtir en sept mois et dans l'urgence un sarcophage de béton armé autour du réacteur 4, renfermant encore quelque 190 tonnes de combustible nucléaire, comme le rapporte le Wall Street Journal.

 
Cependant, ce premier sarcophage n'est pas étanche aux intempéries et il menace à tout moment de libérer quelque 4 tonnes de poussières radioactives dans l'environnement. Interrogée par Le Monde, l'Agence pour l'énergie atomique (AEN), souligne que "le sarcophage n'a jamais été destiné à apporter une solution permanente au problème du confinement du réacteur accidenté. Il s'ensuit que cette solution temporaire risque fort d'être instable à long terme. Autrement dit, il y a une possibilité d'effondrement qui doit être corrigée par une solution technique permanente".
 
Un chantier compliqué
 
Bien que le chantier de l'arche soit sur les rails, les péripéties ne l'ont pas épargné. Prévue pour la fin 2015, la structure ne sera pas achevée avant 2017. "La construction s’est révélée beaucoup plus compliquée qu’on l’avait imaginée lorsque le projet a été conçu", explique Vince Novak, directeur du département de sûreté nucléaire de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) au journal Le Monde. La BERD finance 675 millions du coût total de 1,5 milliard d’euros du projet, devisé au départ à 840 millions. Le reste de la somme est à la charge de plusieurs pays, dont une majorité de l’Union européenne.
 
En avril 2015, le toit et un mur de la salle des turbines de la centrale, à quelques dizaines de mètres de l'ancien sarcophage, se sont même écroulés sous le poids de la neige, alors que les ouvriers s'affairaient un peu plus loin sur la construction de la nouvelle arche, ainsi que le rapporte L'Obs. Fort heureusement, l'accident n'a pas fait de victimes et aucune hausse de la radioactivité n'a été constatée.
 
 
Pourtant, plusieurs employés oeuvrant sur la future enceinte de confinement souffriraient de la radioactivité en raison de leur exposition prolongée aux radiations. La plupart d'entre eux se tairaient pour ne pas perdre leur emploi.
 
 
En dépit de tous ces problèmes, le chantier avance, et si tout va bien, l’arche sera poussée sur des rails jusqu’au-dessus de l’ancien sarcophage d'ici le mois de novembre. Il restera alors à fixer des membranes entre le nouveau et l'ancien sarcophage, afin que l'étanchéité soit optimale. L'arche pourrait être opérationnelle fin 2017, après diverses phases de test. D'une durée de vie de 100 ans au minimum, le nouveau sarcophage devrait donner du temps aux scientifiques pour enfouir les restes du réacteur accidenté et décontaminer totalement le site. Les plus optimistes avancent la date de 2065.
 

Notre série complète sur les 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl est à retrouver en tout temps sur notre site sous l'onglet dossier.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias