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Le retour du cerf élève les barrières

L'autoroute, un lieu de passage, et un frein pour la faune.

06 août 2014, 00:01
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fmorand@lacote.ch

"Toute autoroute modifie le comportement chez les animaux. A l'époque, l'A1 s'est construite sans se préoccuper de cet aspect" , répond Patrick Durand, directeur d'Ecotec, bureau d'études et de conseil en environnement basé à Genève. Mandatée par des services cantonaux ou par l'Office fédéral des routes, cette entité a récemment dû diagnostiquer le type de faune, et plus particulièrement les grands animaux, présente le long des voies rapides. "Nous sommes dans une région bien documentée car plusieurs cerfs ont des colliers avec un GPS, il est facile de suivre leurs mouvements et nous avons constaté qu'ils vivent le long de l'autoroute" , précise-t-il. Le tronçon le plus problématique est celui de Gland à Genève. La proximité du Jura qui est, petit à petit, recolonisé par ces cervidés, en est la principale explication. "Les gens croient que la faune fuit le bruit et donc l'autoroute, mais ce n'est pas ce que nous constatons. Les animaux sont là, car les réseaux écologiques existent" , continue Patrick Durand.

 

Passer sous l'autoroute

 

Sur le premier tronçon autoroutier de Suisse qui relie Genève à Lausanne, il n'y a pas de passages à faune supérieurs, contrairement à l'axe Yverdon-Morat par exemple. Néanmoins le surveillant permanent de la faune Dominique Morel et Patrick Durand déclarent qu'actuellement de tels ponts ne sont pas souhaités, car la grande faune se retrouverait dans des zones construites ou agricoles et personne ne désire les avoir trop près de chez soi. Par contre, il existe des accès inférieurs. Des viaducs enjambent des cours d'eau, mais n'ont pas spécifiquement été construits pour favoriser la traversée des animaux sauvages. Les castors ou autres bêtes aquatiques peuvent ainsi se déplacer jusqu'au lac et, s'il y a un ruban de forêt qui longe la rivière, les autres en profitent également.

Ce qui a changé ces cinquante dernières années, c'est certes la préoccupation de l'homme pour la nature, mais aussi le retour de nouvelles espèces. Il y a 50 ans, le cerf avait quasi disparu de Suisse et totalement du Jura, les barrières à 1 m 20-40 suffisaient à freiner chevreuils et blaireaux, mais aucunement les grands mammifères qui ont effectué leur retour sur La Côte. "Nous avons terminé, fin 2013, de poser des barrières de 2 mètres côté Jura et nous sommes en train de faire de même côté lac, de Nyon à Genève" , précise Dominique Morel. Au pied de celles-ci, un maillage plus petit vient renforcer l'existant pour éviter à des espèces plus petites de se faire écraser en traversant l'autoroute. "A certains endroits, nous avons même enterré le treillis jusqu'à 50-60 centimètres pour retenir les animaux qui creusent, comme le blaireau" , ajoute le surveillant permanent de la faune.

Si l'autoroute a modifié certains passages de la faune, en empêchant les animaux qui avaient l'habitude de descendre jusqu'au lac, elle n'a toutefois pas scindé des couloirs de migration. "La particularité de l'A1, c'est qu'elle n'a pas coupé un immense massif forestier, comme c'est le cas de beaucoup d'autoroutes en Europe, le lac Léman était déjà un barrage" , commente Patrick Durand. "Le train était déjà un frein au passage de la faune" , souligne Dominique Morel. Sans parler de la densité de constructions.

L'autoroute est aussi le terrain de jeux d'autres animaux, tels les oiseaux de proie qui aiment venir récupérer le cadavre d'une souris ou d'un mulot qui vient de se faire attraper par un véhicule. Il est fréquent d'apercevoir une buse qui observe le trafic.

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