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Panama Papers: le lanceur d'alerte en dit plus sur ses motivations

Il se fait appeler "John Doe" et a décidé de sortir de l'ombre sans toutefois révéler sa véritable identité. Le lanceur d'alerte à l'origine du scandale des Panama Papers a rédigé une lettre dans laquelle il explique ses motivations.

06 mai 2016, 18:02
Les Panama Papers représentent la plus grosse fuite de documents de l'histoire du journalisme d'investigation.

Depuis le début du scandale des Panama Papers, aucune information n'avait fuité sur l'identité et les réelles motivations de la source à l'origine de la plus grande fuite de documents de l'histoire du journalisme d'investigation. C'est sous le pseudonyme "John Doe" qu'il est entré en communication avec des journalistes allemands de la Süddeutsche Zeitung. C'est également sous ce pseudo qu'il s'adresse aujourd'hui au public via une lettre transmise à ces mêmes journalistes.

Son manifeste de quatre page intitulé "La révolution sera numérique" précise qu'il n'a jamais travaillé "pour un gouvernement ou un service de renseignement, ni directement ni en tant que consultant". On y apprend qu'il n'a pas voulu gagner de l'argent en faisant fuiter ces documents et qu'il les a transmis sans contrepartie à la presse, si ce n'est la préservation de son anonymat. Il dit vouloir combattre le système de "corruption massive et généralisée" permis par les avocats d'affaires.

"J’ai décidé de dénoncer Mossack Fonseca parce que j’ai pensé que ses fondateurs, employés et clients avaient à répondre de leur rôle dans ces crimes, dont seuls quelques-uns ont été révélés jusqu’à maintenant", explique John Doe. Il estime entre autres que les journalistes « ont, à juste titre, déclaré qu’ils ne pouvaient pas fournir [les documents] aux administrations compétentes », mais se dit lui « prêt à coopérer avec les autorités dans la mesure de ses moyens », comme l'explique le journal français Le Monde.

D'autres rédactions étaient informées

"John Doe" affirme également avoir informé d'autres médias avant d'aborder les journalistes de la Süddeutsche Zeitung, et même Wikileaks. «Plusieurs autres grandes» entreprises médiatiques auraient aussi reçu les données des Panama Papers mais elles se sont systématiquement opposées à toute publication. "La triste vérité c’est que les organisations médiatiques les plus importantes et dominantes du monde n’ont montré aucun intérêt pour cette histoire“, affirme-t-il.

Il veut "ouvrir les yeux" du grand public pour réformer radicalement un système "que nous appelons toujours capitalisme, mais qui se rapproche davantage d’un esclavage économique". "L’heure est […] venue d’une action véritable", estime-t-il, citant notamment la transparence sur les registres de commerce du monde entier, une meilleure régulation de la profession d’avocat et une réforme du financement des campagnes américaines, pour couper le lien financier entre les élus et les plus riches.

L'impact des Panama Papers est pour lui l’illustration que l’arme de la rétention d’information, qui s’est substituée à la force militaire pour "soumettre le peuple" aux intérêts des puissants, peut-être combattue à l’aide des nouvelles technologies de l’information. "Du début à la fin, de sa genèse à sa diffusion médiatique globale, la prochaine révolution sera numérique", conclut l'homme à l'origine du scandale.

Sa lettre est disponible en allemand et en anglais.
 

 

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