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Epidémie au CHUV: la situation se stabilise mais ne s'améliore pas

Il faudra encore des semaines de mesures particulières pour contrer la nouvelle épidémie d'entérocoques qui frappe le CHUV. Si la situation a été stabilisée, une quinzaine d'opérations non urgentes ont été reportées et il faut ajouter une dizaine d'annulations.

26 oct. 2016, 10:58
/ Màj. le 26 oct. 2016 à 11:08
Une quinzaine d'opérations non urgentes ont été reportées et il faut ajouter une dizaine d'annulations.

La situation se stabilise au CHUV, frappé une nouvelle fois par une épidémie d'entérocoques résistants à la vancomycine (VRE). Des semaines de mesures particulières seront encore nécessaires pour en venir à bout. Les chambres à cinq lits favorisent la propagation.

Une dizaine de jours après l'annonce de l'épidémie, le professeur Nicolas Demartines, chef du service de chirurgie viscérale, fait le point. "On est dans la stabilité avec cinq patients positifs et douze patients-contacts, autrement dit qui ont été à un moment ou à un autre avec des personnes qui sont devenues positives".

Interrogé mardi en fin d'après-midi par l'ats, le médecin reste prudent. "Il n'y a pas encore d'amélioration". Une dizaine d'opérations d'urgence ont été déléguées à des hôpitaux de la Fédération hospitalière vaudoise (FHV), à Payerne, Morges et Yverdon notamment.

Travail de longue haleine

Une quinzaine d'opérations non urgentes ont été reportées et il faut ajouter une dizaine d'annulations. "On n'avait pas de place. On a dû donner d'autres dates à ces patients qui ont besoin des services du CHUV. Mais aucune opération pour cancer n'a dû être déplacée ou annulée", tient à souligner le professeur.

Les équipes ne sont pas au bout de leur peine. L'épidémie va encore nécessiter beaucoup d'efforts. "En étant optimiste, ça va durer six semaines jusqu'à ce que l'on en soit débarrassé", espère-t-il.

Trop de patients par chambre

Le nombre élevé de personnes par chambre est clairement un point négatif, note le spécialiste. "On s'est aperçu que ces épidémies étaient propagées plus facilement lorsque les patients étaient dans des chambres à cinq lits. Le CHUV devra travailler là-dessus. Il ne faut plus avoir de grandes chambres et il en reste encore quatre en chirurgie viscérale".

Les problèmes et désagréments engendrés par l'épidémie sont bien compris par les malades et leurs proches, estime Nicolas Demartines. Les patients sont avertis par un téléphone d'un chef de clinique ou d'un médecin cadre. Ils reçoivent une lettre signée par le chef de service ou l'infirmière cheffe. La direction envoie encore une lettre d'excuses en cas d'annulation ou de déplacement.

Aucune infection

"Je n'ai reçu aucune plainte concernant la dernière épidémie qui a quand même duré trois mois, au début de l'année", affirme le professeur. Il souligne et rappelle qu'il n'y a eu "aucune infection grâce aux mesures prises. On a des patients qui étaient porteurs de la bactérie, mais pas d'infection due à la bactérie".

"Alors, pourquoi tout ce bal", lance Nicolas Demartines. "On a peur que la résistance de cette bactérie non dangereuse se transmette à d'autres bactéries qui elles sont plus infectieuses. Pour le moment, cela n'a jamais été observé", se réjouit-il.

Information transparente

Questionné sur le nombre d'épidémies qui ont frappé le CHUV, trois en trois ans, le professeur met en exergue "une politique d'information extrêmement transparente. On préfère dire les choses. Nos taux d'infection en chirurgie au CHUV sont excellents. Il n'y a pas de problème de désinfection", assure-t-il.

Pour mémoire, les entérocoques sont des bactéries très répandues dans la nature. On les retrouve dans le tube digestif des humains et des animaux comme dans le sol et l'eau. Ils peuvent résister jusqu'à plusieurs mois sur des surfaces inertes.

Combat nécessaire

Les entérocoques résistants à la vancomycine (antibiotique) peuvent causer notamment des infections urinaires. La crainte est qu'ils transmettent leurs gènes de résistance à d'autres bactéries hospitalières à l'instar des staphylocoques dorés, comme le soulignait un article de 2013 de la Revue médicale suisse consacré à ces épidémies.

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