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Moscou ne réagira pas aux bombardements d'Alep, dont les habitants continuent de fuir

Guennadi Gatilov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré samedi que son pays ne mettra pas la pression sur le régime de Damas (SYR) pour qu'il cesse ses frappes sur Alep. Pendant ce temps, des dizaines d'habitants ont fui leurs quartiers.

30 avr. 2016, 19:26
Près de 200'000 habitants résideraient dans la partie rebelle d'Alep, à l'est de la ville.

Des dizaines d'habitants du côté rebelle de la ville syrienne d'Alep ont fui samedi leurs quartiers pour échapper aux raids aériens du régime. La Russie a cependant affirmé qu'elle ne fera pas pression sur Damas pour cesser ses bombardements.

Ailleurs en Syrie, une trêve temporaire entrée en vigueur à minuit sous l'impulsion de Moscou et de Washington semblait tenir sur deux fronts, le nord de la province de Lattaquié et la Ghouta orientale, près de Damas.

Dans les secteurs rebelles d'Alep, deuxième ville du pays, un correspondant de l'Agen France-Presse (AFP) a vu plusieurs familles quitter vers 5h le quartier de Boustane al-Qasr, violemment bombardé depuis plusieurs jours. Certaines familles se réfugient dans des quartiers plus sûrs, tandis que d'autres quittent la ville par la route du Castello, seule sortie pour les habitants des quartiers rebelles, presque totalement assiégés depuis des mois.

Près de 200'000 habitants résideraient dans la partie rebelle, à l'est de la ville divisée depuis 2012, selon des chiffres non-officiels.

Samedi, les rues dans plusieurs quartiers rebelles étaient désertes et les magasins fermés. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 28 raids aériens du régime ont touché ces quartiers. Au moins six personnes ont été tuées, selon la défense civile.

En revanche, les zones ouest d'Alep tenues par le gouvernement étaient calmes, d'après l'OSDH.

Manifestations de solidarité

Depuis la reprise des hostilités à Alep le 22 avril, après quelques semaines de trêve, 246 civils ont été tués par les bombardements de l'armée de l'air syrienne et des rebelles. Ces bombardements ont été dénoncés par l'Organisation des Nations unies (ONU), qui a déploré un "mépris monstrueux pour les vies de civils par toutes les parties au conflit".

Les rares médecins encore présents dans la ville ont lancé un cri d'alarme après la mort de collègues dans des bombardements du régime. L'hôpital al-Qods, soutenu par Médecins sans frontières (MSF), a notamment été touché par une frappe, qui a tué entre autres un pédiatre réputé.

Face à la tragédie qui se joue à Alep, le mot-dièse "#AleppoIsburning" a été relayé massivement sur les réseaux sociaux. Il appelle à l'organisation de manifestations de solidarité dans plusieurs pays du 30 avril au 7 mai.

Aide humanitaire

Les agences humanitaires continuent à livrer de l'aide dans l'ouest du pays. Elles déplorent que l'accès aux localités dans le besoin ne soit pas régulier et soulignent que de nombreux Syriens sont toujours privés d'assistance.

Le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré samedi qu'une aide était parvenue aux habitants des villes de Zabadani et Madaya, ainsi que des villages d'al-Foua et Kefraya, dans la province d'Idlib.

Pas de pression sur Damas

La Turquie et l'Arabie saoudite, qui soutiennent les rebelles, ont de leur côté accusé le régime de vouloir bloquer "volontairement" les tentatives de solution diplomatique à cette guerre qui a fait plus de 270'000 morts depuis 2011. Ankara a qualifié la frappe contre l'hôpital al-Qods de "crime de guerre".

Ailleurs en Syrie, les fronts de nord de la province de Lattaquié, fief du président Bachar al-Assad, et de la Ghouta, considérée comme le réservoir de la rébellion près de Damas, étaient calmes. Selon l'armée syrienne, l'arrêt des combats doit durer 24 heures dans la Ghouta orientale, et 72 heures dans la région de Lattaquié.

Russes et Américains avaient annoncé vendredi un accord a minima sur l'arrêt des hostilités sur ces deux fronts, mais pas à Alep. La Russie a exclu samedi de demander à son allié syrien d'arrêter les raids aériens sur Alep.

"Non, nous n'allons pas mettre la pression (sur le régime de Damas pour qu'il cesse ses frappes) parce qu'il faut comprendre qu'ici, il s'agit d'une lutte contre la menace terroriste", a déclaré samedi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov.

Kerry à Genève dimanche

Le département d'Etat américain a annoncé dans ce contexte que John Kerry se rendrait dimanche à Genève en signe de soutien au cessez-le-feu. Le chef de la diplomatie américaine y aura des entretiens avec l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et ses homologues saoudien Adel al-Jubeir et jordanien Nasser Judeh.

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