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Des ULM explorent le lac Léman

L'EPFL récolte des données en vue d'améliorer la qualité de l'eau. Il s'agit de la deuxième étape du projet Elemo qui avait déjà recueilli des informations grâce à deux submersibles.

02 mai 2013, 08:29
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info@lacote.ch

Une équipe de l'EPFL effectue des vols d'essais au-dessus du Léman, pour en établir une cartographie. Embarqués à bord d'un ULM équipé de caméras, un pilote et un scientifique de l'école fédérale quadrillent des secteurs définis. Leur but est d'obtenir des données qui pourraient notamment permettre une meilleure compréhension du lac, en vue d'améliorer la qualité de l'eau consommée.

Cette campagne aérienne constitue la seconde phase du projet Elemo, qui avait déjà permis de récolter durant l'été 2011 des données en profondeurs, grâce à deux submersibles russes. Une expérience qui sera reproduite prochainement en Russie, sur le lac Baykal.

Les scientifiques lausannois cherchent à présent à affiner leurs connaissances du Léman en analysant sa surface jusqu'aux environs d'un mètre de profondeur. "On a toujours l'impression que le lac est comme un énorme verre de sirop, mais en moyenne une goutte d'eau à l'embouchure du Rhône, vers Le Bouveret, met environ quinze ans avant d'arriver de l'autre côté du lac. L'eau se mélange d'une manière extrêmement complexe: il y a des couches et certaines bougent très peu. On est beaucoup plus proche du tiramisu en définitive, précise Lionel Pousaz, rédacteur en chef de la revue de l'EPFL . L'objectif, c'est de vraiment pouvoir comprendre le mode de fonctionnement du lac, comment les microrganismes et les bactéries réagissent à la présence de certains polluants, ou à la concentration de gaz carbonique ou d'oxygène. Les bactéries sont un témoin de l'état de santé du lac" .

Durant trois semaines de vols d'essais, du 15 avril au 3 mai, l'équipe d'une dizaine de personnes n'utilise qu'un des deux ULM prévus, qui a préalablement obtenu une autorisation de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) pour douze mois au moins; les ULM n'étant pas autorisés à voler dans l'espace aérien suisse.

L'engin, suivi en dessous par un bateau, est équipé d'un GPS, de trois caméras - deux numériques, dont une à infrarouge - et d'une spectrographique qui découpe chaque pixel du spectre lumineux - ce qui est visible à l'oeil - en 250 parties. Elle permet aux chercheurs une visibilité accrue des composantes de la surface visible du lac. Au final, un scan en balayage est opéré entre 300 et 700 mètres au-dessus de la surface de l'eau de certains secteurs choisis du Léman, comme l'embouchure de la Venoge. Ces expéditions fournissent près de 600 GB de données quotidiennes, qui seront analysées d'ici à quelques mois, espère l'équipe.

 

Une surface d'exploration plus grande

 

"Toute une partie de la recherche est consacrée à l'analyse de l'image, pour distinguer des signaux utiles et pertinents. On ne sait pas encore exactement ce que l'on va trouver et distinguer sur ces images. C'est pour cela que l'on utilise deux séries de mesures: au sol, très proches du lac, et avec l'ULM dont l'avantage est de prendre une surface beaucoup plus grande et rapidement. A terme, on souhaite comparer ces données avec d'autres qui seraient prises à une vitesse plus élevée (ndlr: l'ULM vole à près de 40Km/h) , et avec des capteurs plus sophistiqués, révèle François Golay, professeur de systèmes d'information géographique à l'EPFL. On aimerait comparer les mesures obtenues avec les capteurs de l'ULM, avec d'autres prises avec un avion, puis éventuellement depuis un satellite" .

Cet unique ULM et sa technologie coûtent près de 200 000 francs. Une somme qui ne représente qu'une partie de l'enveloppe totale du projet. Le budget côté suisse n'est pas connu mais complètement financé par l'institut de recherches pharmaceutiques Ferring, basé à Saint-Prex.

Le second ULM devrait lui voler derrière le premier, avec une caméra thermique, afin de permettre une analyse des couches et des courants d'air. L'équipe espère à terme pouvoir se séparer du bateau, présent pour vérifier et comparer les données. Elle souhaiterait pouvoir placer les quelque 5 à 10 kg de matériel sur un drone, qui ne nécessiterait pas de présence humaine et serait autonome dans ses déplacements.

Ce projet, en élaboration depuis un an a déjà pris du retard à cause de la météo capricieuse. "Les Russes voulaient qu'on fasse ça en quelques mois. C'était possible mais on préférait prendre plus de temps pour bien faire les choses. En plus, les délais d'acquisition des appareils ont aussi retardé le début des essais", ajoute François Golay.

Les chercheurs ont l'espoir de survoler les zones durant les diverses saisons, pour noter également l'évolution des milieux avec les températures et obtenir ainsi des résultats les plus précis possibles.

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