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Il faut 60 à 80 cm de neige pour pouvoir skier en toute sécurité et dans de bonnes conditions à la Dôle. Les hivers comme celui que nous vivons actuellement ne posent pas de problème: l'enneigement est idéal. Mais lors de saisons où l'or blanc est moins généreux, les reliefs et talus pierreux sont source de danger. Par ailleurs, les pisteurs sont contraints de prendre de la neige dans les combes, pour l'amener en différents endroits de la piste. Pour ces raisons, Télé-Dôle soumet à l'enquête publique à Gingins - propriétaire du terrain - un projet de réaménagement des pistes. Ce dossier est une priorité, reportant à plus tard le parking des Dappes et les aménagements touristiques prévus en d'autres lieux.
Les protecteurs de la nature veillent au grain
Ces travaux, dont le coût est estimé à 800 000 francs, devraient être financés par la région, dans le cadre de son Programme d'investissements régionaux (PIR). Le directeur de Télé-Dôle, Richard Zaugg, relève: " en réaménageant les pistes, en ôtant des cailloux et raclant certains talus, nous pourrions ouvrir dès que le manteau neigeux atteint 40 à 60 cm, soit une quarantaine de centimètres de moins que ce que nous pouvons aujourd'hui. Sans oublier que l'élargissement de certains tronçons permettrait aux dameuses de passer! "
Mais le sujet est sensible, les protecteurs de la nature veillent au grain. " Il ne devrait pas y avoir d'opposition, car tous ces travaux figurent dans le plan partiel d'affectation que nous avons négocié avec les protecteurs de la nature lors de la demande de concession ". Il n'en demeure pas moins qu'un bureau spécialisé de l'est du canton est l'auteur d'un second rapport d'impact sur l'environnement.
A ce jour, un certain nombre de pistes ont déjà été aplanies dans la partie inférieure du domaine skiable. L'impact des travaux projetés sera peu visible à distance, car la plupart des terrassements sont prévus dans des secteurs partiellement boisés, où les aménagements seront dissimulés par des rideaux d'arbres. En revanche, ils ne passeront pas inaperçus des promeneurs qui parcourent le versant nord du massif. Une quinzaine de périmètres d'intervention sont prévus. En tout, la zone concernée recouvre environ 2,1 hectares.
A l'époque, dans la demande de concession pour le télésiège, figurait un avis de la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage. Il était fait mention des objectifs de protection de la nature. Télé-Dôle avait mis de l'eau dans son vin et abandonné l'idée d'installer des canons à neige. La société avait aussi déplacé la station d'arrivée du télésiège et renoncé à une exploitation estivale. Enfin, Télé-Dôle avait abandonné l'idée de construire un restaurant au sommet, répondant ainsi aux exigences de milieux proches de la nature.
Plantes protégées et grand tétras y sont présents
Le nouveau rapport d'impact laisse apparaître que dans le secteur concerné, il n'y a pas de source susceptible d'être influencée par les travaux. Concernant la faune, il semblerait que les vertébrés menacés sont principalement des oiseaux: grand tétras, bécasse des bois, merle à plastron... L'espèce la plus menacée et la plus sensible au dérangement est bien entendu le grand tétras. Pourtant, cet oiseau n'y habite plus que de manière sporadique. Dans la partie supérieure du massif, à partir de 1550 m d'altitude environ, on peut observer de nombreuses plantes protégées et rares en Suisse. Leur densité y est cependant plus faible que sur le versant sud-est, non concerné par ce projet.
Les travaux devraient idéalement s'étaler sur deux saisons, de manière à en limiter l'impact. " S'il n'y a pas d'opposition et si le Conseil régional vote les crédits cette année encore, les premiers travaux pourraient démarrer d'ici la fin de l'été ", estime le directeur. L'avenir nous dira si Richard Zaugg fait preuve d'un optimisme démesuré, car la mise à l'enquête s'achève le 4 avril...