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L'organiste tessinois Frank Salis: "La Velle était la seule à jouer de manière authentique"

L'émotion à Saint-Cergue était vive dès la nouvelle de la mort de la chanteuse gospel La Velle rendue publique. A l'EJMA, où l'Américaine avait donné des cours de chant, les visages autour du bar du foyer ne pouvaient pas dissimuler une grande tristesse ce lundi soir. Frank Salis, professeur de l'école de jazz lausannoise et organiste réputé, a accepté de "raconter" La Velle.

09 févr. 2016, 15:49
/ Màj. le 09 févr. 2016 à 17:02
Frank Salis a bien connu La Velle. L'organiste, très affecté par sa disparition a accepté de raconter qui était La Velle sur scène, en cours et dans la vie.

Lundi soir, à l'EJMA, des fleurs embellissent une table sur laquelle un livre est posé. Les messages de condoléances en hommage à celle qui a illuminé de sa présence et de sa voix l'école de jazz et de musique actuelle de Lausanne sont encore peu nombreux, il vient d'être placé dans cet espace où on pouvait croiser la chanteuse. C'est un choc, une vague de tristesse et déjà beaucoup de regrets de ne plus la savoir ici bas qui sont exprimés ici et là à Saint-Cergue mais aussi à Genève, Nyon ou encore Lausanne, sur les réseaux sociaux aussi. Ils sont nombreux ces aficionados de la chanteuse gospel de Chicago à avoir accepté de témoigner sur La Velle après l'annonce de sa mort vendredi.

Parmi ceux-ci. il y a le peintre Boris Vansier, habitant de Saint-Cergue et véritable amateur de jazz, très affecté par la mort de la chanteuse de 71 ans. Il ll l'a très bien connue. "Dans la région, des chanteuses de jazz de grand talent, il y en a eu deux. Nina Simone. On se voyait quand elle habitait La Rippe, je l'avais rencontrée à Genève par hasard. Et puis il y avait bien sûr La Velle..."

Boris salue le talent de la "Soul sister", son charisme, sa joie de vivre. "On était voisins et on s'entendait très bien..." Les mots manquent au peintre saint-cergois choqué par la nouvelle tout comme Yuber Brahim ou encore quelques anciens élèves ou amis musiciens. Tout le monde louait sa personnalité rayonnante et son exigence. Voici le témoignage sous forme d'interview de Frank Salis, un organiste très doué, professeur à l'EJMA qui a beaucoup appris aux côtés de LaVelle (elle signait son nom de cette manière):      

"La Velle, je l’ai connue, en tant que musicien c’était la seule personne qui jouait le gospel de manière authentique, comme dans les disques que j’avais chez moi. Tout est magique dans les doigts et dans la voix... J’ai eu la chance d’avoir une bonne relation avec elle. C’était une personne avec un fort caractère. Je n’ai jamais eu aucun problème pourtant.

A quelle occasion avez-vous rencontré La Velle ?

On s’était croisé dans les couloirs de l'EJMA et une fois Stefano Saccon, le directeur de l'époque, a créé un spectacle de l’EJMA à l'Eglise de Saint-François, avec La Velle au piano et la voix, et moi à l’orgue Hammond. C’était à l’occasion de Label Suisse.
Elle a donné des cours de chant à l‘EJMA et animé une chorale gospel. J’allais accompagner la chorale en apprenant avec La Velle à l'ancienne... Pour le gospel et le feeling de la musique notamment , j’ai donc saisi énormément de trucs rien qu'en regardant ce qu’elle faisait, en observant surtout tout ce qui n’était pas écrit dans la partition. Elle ne me disait jamais «Fait ci, fait ça…», il fallait juste la voir faire.

On l'entendait parler assez fort et on pouvait apprécier son rire très vocal dans les couloirs de l'école... C'était une vraie grande personnalité à l'EJMA?

Elle est américaine et sa culture c'est de parler assez facilement. C’est pas facile d’avoir une attitude comme ça en Suisse car on peut être pris pour une "grosse tête" mais ce n’était pas ça du tout avec elle. Elle avait ce qu'ont quasiment tous les chanteurs, un caractère expansif mais c’était une grande personne, joviale, spontanée… C’est un choc de ne plus la voir. Mais elle a bien vécu, elle est restée active, j’aurais eu beaucoup d’occasions de la côtoyer. Et puis, c’est quelqu’un qui a joué un rôle dans la vie des gens. Elle savait bien "rentrer dans les gens" et prendre les choses qui les touchent. La Velle ne laissait personne indifférent. Elle te mettait en difficulté aussi, une personnalité avec un caractère très franc... Si elle te donnait des choses à répéter pour les cours et si tu arrivais sans avoir fait le travail, elle allait te tirer les oreilles.

Qu'est-ce qui va vous manquer de sa personnalité?

Son côté pédagogique et le côté humain: ça me laisse un vide. En fait, dans notre cas à l'EJMA, ça se croise la musique et la vie personnelle, c’est la même chose. La Velle, c’était la musique incarnée, un jour elle m’a donné un exemple en jouant de la musique classique, en improvisant à partir d’un morceau de Jean-Sébastien Bach, chaque fois c’était un frisson à mon goût. La Velle te racontait toutes ses histoires, comme dans des films. On rêvait de ses aventures qu'elle nous racontait... A Las Vegas, elle jouait au casino et là "il y a BB King qui entre dans la salle..." Magique. Elle est tombée amoureuse de Saint-Cergue, je devais aller la voir, on se croisait plutôt ici à l'EJMA et je n'aurais jamais eu l'occasion de la voir chez elle.

La Velle chantait souvent avec sa grande amie Rhoda Scott, deux vraies "Soul Sisters", l'une au piano à queue, l'autre à l'orgue. 

Pour entendre La Velle chanter les Beatles, aller sur ce lien

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