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Le château de Coppet est orphelin

Descendant de Germaine de Staël, le comte Othenin d'Haussonville s'est éteint dimanche à l'âge de 83 ans. Il avait investi énergie et fonds pour préserver le patrimoine et l'esprit de son ancêtre.

09 avr. 2014, 00:01
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info@lacote.ch

L'année 2014 promettait d'être exceptionnelle pour le château de Coppet. Afin de célébrer les 200 ans de la chute de l'Empire de Napoléon, contre lequel Germaine de Staël n'avait cessé de lutter depuis son exil forcé de Coppet, plusieurs événements ponctueront l'année au château.

Mais le premier événement survenu dimanche dernier suscite la tristesse parmi le personnel de l'établissement et bon nombre de Copétans: le comte Othenin d'Haussonville a rendu son dernier souffle sur un lit d'hôpital de notre région. Retour sur la vie d'un homme totalement dévoué à la préservation du patrimoine de son ancêtre et de l'esprit de Coppet qu'elle avait fait rayonner vers toute l'Europe.

 

Le châtelain "le plus moderne depuis Necker"

 

Né en 1931, Othenin d'Haussonville était licencié en droit et titulaire d'une maîtrise en économie. Durant sa vie professionnelle, il a travaillé comme gérant de sociétés. "Mon père a consacré beaucoup de sa vie et de son énergie au château et à son maintien dans la famille" , relève avec émotion Rainier d'Haussonville, l'un de ses cinq enfants. Et de compléter que son père l'avait aussi fait dans un esprit d'ouverture sur le bour g. "Il a été la génération la plus ouverte, la plus moderne depuis Necker."

Le comte d'Haussonville s'est occupé en personne du château et de son contenu depuis 1969. "Après la baronne Auguste de Staël qui est restée 50 ans dans le château, c'est la personne qui s'en est le plus occupé." Le châtelain entretenait de nombreux souvenirs d'enfance à Coppet, à une époque où le bourg était encore essentiellement rural. Il se rendait ainsi à la pêche à l'aube avec Monsieur Odelet.

"Son enfance a également été très marquée par la Seconde Guerre mondiale. Ses parents, son frère et sa soeur étaient engagés dans la Résistance en France. Mon père a eu beaucoup de courage dans la manière dont il a géré le château. Il a su en faire une maison rénovée et familiale" , rappelle encore Rainier d'Haussonville.

 

Longtemps sans chauffage

 

Sa soeur Takouhie d'Haussonville confirme également que leur père a transmis à ses enfants l'amour et l'attachement à Coppet. "Nous avons souvent séjourné au château lorsqu'il n'était pas encore équipé de chauffage mais seulement d'un radiateur d'appoint dans la salle de bains. On y habitait tant que l'eau pouvait couler."

Rainier d'Haussonville relève encore que leur père s'est beaucoup investi dans la rénovation et dans la conservation des oeuvres. " Il a su s'entourer de personnes compétentes. Mais il avait lui-même une grande capacité de surveiller la qualité des travaux."

A ses côtés depuis quinze ans, Renzo Baldino, ex-intendant du château devenu directeur de la Fondation Othenin d'Haussonville pour le rayonnement de l'esprit de Coppet, ne cachait pas son émotion, hier. "Je dois encore m'habituer à ce vide soudain depuis dimanche" , confie celui qui a rejoint le château par passion pour l'oeuvre staëlienne. "Il m'a toujours confié sentir viscéralement ancré en lui ce devoir de conserver la mémoire et le patrimoine de Jacques Necker et de sa fille Germaine de Staël en un lieu privé, mais largement ouvert."

 

Gestes au profit du bourg

 

Pas question pour autant d'évoquer un musée de Madame de Staël à Coppet. "Le comte n'aimait pas ce mot car il tenait à proposer un lieu vivant qui continue à être le creuset de réflexions, ce qui a pu être fait avec le Forum de Coppet et le Prix qui y est lié, notamment."

Mais l'ouverture s'est aussi manifestée bien loin des idées de sa fameuse aïeule. C'est ainsi qu'Othenin d'Haussonville s'est personnellement investi dans la mise en place des journées des plantes devenues depuis la manifestation fort courue qu'est Jardins en fête. Plus récemment, l'aménagement de la patinoire de Terre Sainte au centre du parc du château ou la cession de terrains destinés à accueillir des parkings démontre cette volonté de prendre pleinement part à la vie du bourg. "Sans lui, Coppet aurait eu quelques soucis en plus" , relève Renzo Baldino.

 

Inhumé dans le cimetière familial, à Coppet

 

Cette reconnaissance, il ne l'a pas toujours reçue de son vivant, néanmoins. "Othenin d'Haussonville était un personnage entier, très franc. Avec lui, on ne devait pas s'attendre à prendre un coup par derrière, mais il n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait. Cela ne lui pas a valu que de la sympathie."

Ses obsèques seront célébrées demain à 14 heures en la chapelle Saint-Robert, suivies de l'inhumation dans le petit cimetière familial au fond du potager du château, à deux pas de Germaine de Staël qu'il aura tant servie.

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