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Nyon: l'artiste Perrine Valli en dervich tourneur de la féminité

La danseuse genevoise Perrine Valli présentait "La Danse du Tutuguri", une pièce inspirée d'un texte d'Antonin Artaud. Récit d'une soirée qui a tourné les têtes de la centaine de spectateurs.

18 août 2016, 10:45
/ Màj. le 18 août 2016 à 14:09
Perrine Valli au far° ce mercredi.

Paisible mise en route de la performance de Perrine Valli à l'Esp'asse dans le cadre du far° ce mercredi soir. L'artiste franco-suisse nous a habitués à des mises en place sobres et "carrées", sa proposition chorégraphique du jour n'échappe pas à cette règle. La musique, signée Eric Linder, telle un élément sonore minimal du théâtre Nô, caresse avec régularité les tympans de l'assistance disposée en cercle autour de l'espace de danse au tout début du show.

Le "cercle", la circonvolution est au centre de la création de Perrine Valli. La danseuse symbolise la force spirituelle de la relecture du texte d'Antonin Artaud en immersion chez des Indiens mexicains de la tribu tarahumara en impliquant cinq autres danseuses (en référence aux six Indiens de la "Danse du Tutuguri" qui appellent l'au-delà lors d'un rite du soleil?). Dans cette pièce, la symbolique est très forte, celle du sacré (avec ces mouvements en croix répétés de manière très régulière) fait face à celle de l'élément naturel (le soleil), céleste, hors-cadre, non moins sacré. 

Un effet visuel proche des danses de dervish tourneur

La danseuse crée un mouvement répétitif et circulaire et fait entrer les spectateurs dans la danse (la transe?) comme si elle produisait une spirale hypnotique. L'entrée en matière est longue mais fascinante et le décollage a lieu petit à petit grâce à l'entrée dans le "cercle" des autres protagonistes. L'effet visuel est magnifique, la guitare rock de la bande-son résonne et débride une danse qui avait tendance à prendre plus de temps à se développer que les accords plus rythmés de la bande-son.

L'hommage à Artaud et à sa curiosité des peuples primitifs se conjugue avec un hommage aux femmes et à leur féminité. Aux corps habillés de noir exprimant une sensualité mesurée, une volupté contenue répondent en opposition ces cheveux en mouvement, ce balais des corps en accélération puis en rupture. Il y a aussi une sécheresse des mots d'Artaud posés sur des étiquettes jaunes à même le sol ou sur les murs dans des formes géométriques féminines. Des formes qui incarnent cette idée de spiritualité, de signaux envoyés au soleil. On se laisse prendre par ce spectacle de 45-50 minutes tout en rondeur et en décalage. On salue cette originale prise de position chorégraphique puisée dans la bibliographie d'un auteur qui n'avait de cesse de prolonger sa quête mystique dans les endroits de cette terre les moins explorés.

  

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