Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Xavier Comtesse: "la technologie nous sauvera"

Xavier Comtesse, ancien directeur d’Avenir Suisse s’exprimera sur la révolution numérique au Forum «Et maintenant?» ce mercredi à Nyon.

23 oct. 2017, 17:30
/ Màj. le 24 oct. 2017 à 06:30
Xavier Comtesse donnera une conférence à Nyon.

Xavier Comtesse partagera sa vision sur la révolution numérique au forum «Et maintenant ?» ce mercredi soir à Uni Global Union. Auteur de Santé 4.0, le tsunami du numérique, il a été le premier directeur romand d’Avenir Suisse, un think tank - soit groupe de réflexion - indépendant fondé sur des principes libéraux. Plutôt que de résister à l’invasion du numérique, Xavier Comtesse propose de «s’approprier ses avantages.»

Quels avantages identifiez-vous dans la révolution numérique ?

Il faut déjà avoir conscience que ce n’est pas un choix. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la révolution numérique: elle est déjà là. On peut essayer de résister, de changer les lois, on n’empêchera pas le tsunami numérique d’arriver. La meilleure chose à faire, c’est de considérer les avantages de ce nouveau système, pour se les approprier. Prenons l’exemple de Didi Chuxing, plate-forme chinoise de véhicules avec chauffeur. Les taxis chinois étaient menacés par Uber, ils ont imité le concept américain, plus efficace, jusqu’à le surpasser. Uber a fini par capituler. 

Dans votre livre «Santé 4.0», vous proposez de réformer le système de santé. Pourquoi ?

J’ai fait deux constats. Premièrement, le numérique est déjà partout dans la santé. Prenez Medbase, des cliniques-permanences gérées par la Migros. Vous en avez déjà 47 en Suisse. Conclusion: on a affaire à un vendeur de yoghourt qui fait de la santé. Deuxièmement, les primes d’assurances prennent la fusée. La population suisse ne pourra pas subir de telles augmentations année après année. Donc c’est la technologie qui nous sauvera. Avec un système performant, productif, qui diminue les coûts. 

Pensez-vous que l’intelligence artificielle puisse remplacer le contact avec un médecin?

Non. Je ne propose pas de remplacer les médecins, ni les infirmières. Mais uniquement les seize personnes qui sont derrière, comme les radiologues par exemple. Les médecins seront au contraire plus disponibles pour leurs patients quand la part administrative de leur métier sera numérisée. 

La révolution numérique engendrera des millions de licenciements. Que proposez-vous pour y remédier ? 

Il faut miser sur la formation, et surtout sur la formation continue. Ce n’est que cette année que la formation de data scientist a été proposée à l’EPFL. Cela existe depuis 10 ans aux Etats-Unis, il faut se dépêcher. La Suisse s’en est bien sortie suite à la révolution informatique des années 1960. Contrairement à la France, elle a su rebondir assez vite. On peut reconvertir rapidement des jeunes informaticiens ou statisticiens. 

Vous parlez d’ailleurs de renforcer l’enseignement des maths à l’école ?

Les maths, l’informatique, c’est la base. D’ailleurs, le français de demain, c’est l’informatique. Il faut apprendre aux gens à faire de l’algorythme. 

Ne craignez-vous pas que la numérisation mette en péril la langue, et donc un certain niveau de civilisation ?

Cela donnera du travail aux gens qui savent mieux écrire, on les paiera pour s’entraîner. D’ailleurs, les blogs mal écrits ne sont pas lus. Mais aujourd’hui en Suisse les gens s’expriment beaucoup mieux que dans le temps. 

Si tous les acteurs viennent à dépendre de géants comme Google, Apple ou Amazon, n’êtes-vous pas inquiet pour la démocratie ?

Non, ce qui m’inquiète pour la démocratie ce sont plutôt Trump, Poutine et Xi Jinping. Des géants dans le marché économique, il y en a toujours eu. La question à se poser, c’est «comment je vais vivre». Or avec le système de la surtraitance, chaque petit entrepreneur peut y trouver son compte. Vendre des tickets de spectacle en passant par l’Apple Store par exemple, au lieu de l’ancien système du Ticketcorner qui n’est qu’un sous-traitant des organisateurs de spectacle. Moi j’utilise les blogs des journaux, je peux m’exprimer librement et échanger directement avec les gens. C’est ça, la démocratie directe.

Et les millions de caissiers qui perdront leur emploi et qui ne sont ni profs de français, ni informaticiens, que deviendront-ils ?

Ce sera difficile à recadrer, en effet. Quoi qu’il en soit, on est en train de changer de société. Au début c’est bizarre, mais après, on oublie. De nouveaux secteurs se développent et il faut agir, sinon on va se faire bouffer. La solution, c’est la décomposition du travail. Les gens travailleront à mi-temps et à côté ils feront de l’argent en louant leur maison ou leur voiture. 

Propos recueillis par Nathalie Hug

Votre publicité ici avec IMPACT_medias