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Genève: Hafid Ouardiri médiateur contre la radicalisation

Hafid Ouardiri est en lutte contre la radicalisation des jeunes musulmans. L'ancien porte-parole de la mosquée de Genève effectue de la médiation depuis 15 ans pour éviter que les jeunes partent en Syrie rejoindre des mouvements radicaux et terroristes.

27 mai 2016, 15:40
Hafid Ouardiri, médiateur genevois du monde musulman. Il lutte contre la radicalisation des jeunes.

Ancien porte-parole de la mosquée de Genève, Hafid Ouardiri lutte désormais contre la radicalisation des jeunes. Il a choisi la médiation pour les décourager de partir pour le djihad. C'est dans le cadre de sa Fondation de L'entre-connaissance, implantée au coeur du quartier des Pâquis, que Hafid Ouardiri s'occupe de médiation depuis plus de 15 ans. L'intérêt de la majorité des jeunes pour le djihad, il l'explique par leur désorientation et une recherche de sens.

"Cela peut les conduire à voir dans la violence une valeur et à croire qu'ils ne peuvent exister que par cette violence", explique à l'ats Hafid Ouardiri. À son avis, des organisations comme le groupe Etat islamique profitent de la faiblesse et de l'ignorance des jeunes. Elles n'auraient aucune chance s'ils étaient mieux formés. Pour l'intellectuel, le meilleur moyen d'empêcher une radicalisation est d'enseigner la pensée critique. "Un esprit critique est la meilleure prévention de la violence. Si ces jeunes pouvaient développer leur propre pensée critique, alors ils ne seraient plus sensibles à cette propagande violente", soutient-il.

Donner un autre sens à leur vie

L'Algérien de naissance, qui a terminé ses études en France, estime qu'il faut les empêcher de se retirer de la société à cause de leur foi: "Nous devons leur montrer comment découvrir un sens à leur vie autre que la violence pour qu'ils deviennent membres à part entière de notre société". Pour Hafid Ouardiri, les imams tiennent là un rôle essentiel.

Il ne s'agit pas seulement d'enseigner l'islam, mais aussi de montrer comment la religion peut s'accorder avec la vie dans une société laïque et multiculturelle. C'est pourquoi les mosquées suisses devraient s'assurer que leurs chefs de prière connaissent l'histoire locale, les lois et les structures politiques.

À son avis, les imams devraient être activement impliqués dans la société et non "se cacher derrière les murs de leur mosquée". C'est l'une des raisons pour lesquelles il est contre le fait de les faire venir de l'étranger. "Ils ne sont pas les plus à même de dire aux musulmans de Suisse comment concilier au mieux leurs vies religieuse et sociale", poursuit l'intellectuel.

L'inquiétude des parents

La Fondation de L'entre-connaissance a été chargée d'entre dix et quinze médiations de ce type depuis 1999. Tout débute en général par une demande des parents, qui contactent directement la Fondation ou s'adressent à la police genevoise.

Ils sont d'abord reçus par l'un des collaborateurs afin de discuter plus en détails de leurs craintes. Il peut s'agir d'un fils qui s'est converti à l'islam et commence à prier à la maison. Est-ce seulement le fait que leur fils prie qui les inquiète ou sa famille a-t-elle l'impression qu'il s'éloigne d'elle? "Il est important de démonter leur peur, qui rend souvent la situation pire que ce qu'elle est en réalité", souligne M. Ouardiri.

Dans un deuxième temps, c'est toute la famille qui est reçue, avec l'objectif d'empêcher une cassure en son sein. Le médiateur en est convaincu: une rupture familiale peut mener les jeunes à la violence. Une organisation terroriste n'en est alors qu'une variante.

 

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