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Baisse des prescriptions de psychotropes

Les psychotropes administrés dans les EMS et hôpitaux psychiatriques font l'objet d'un suivi et d'un contrôle particuliers dans le canton de Vaud. Grâce aux cercles de qualité, les prescriptions de ces médicaments ont baissé de 2% dans les EMS et les coûts de 2,7%.

16 mars 2018, 16:09
Pierre-Yves Maillard, chef du Département de la santé et de l'action sociale (DSAS).

Pour plusieurs raisons, on a entamé il y a trois ans un processus d'évaluation de la prescription de psychotropes dans le canton, a déclaré aujourd'hui Pierre-Yves Maillard, chef du Département de la santé et de l'action sociale (DSAS). Il y a notamment eu une série d'insatisfactions exprimées dans la presse quant à la prise en charge médicamenteuse dans le service de psychiatrie de l'âge avancé à l'hôpital de Cery.

Des mesures ont été prises avec la construction, en cours, d'un nouvel hôpital. «Au passage on a voulu vérifier la prescription de psychotropes, un processus assez inédit du point de vue de l'Etat», a ajouté le conseiller d'Etat.

Eviter les interactions

Un premier rapport concerne les EMS, où les cercles de qualité mis en place depuis 2010 montrent des résultats positifs. Réunissant le pharmacien, le médecin responsable de l'EMS et l'infirmier-chef plusieurs fois par an, leur but est d'optimiser qualitativement le choix et l'usage des médicaments. En 2017, 139 EMS ont intégré la démarche, ce qui représente 6435 lits (97%).

Si les seniors prennent quatre à cinq médicaments par jour à domicile, ce nombre passe de 9 à 10 en EMS, a indiqué le professeur Olivier Bugnon, pharmacien-chef de la Policlinique médicale universitaire (PMU). Parmi eux, les psychotropes sont sur la sellette en raison de nombreux risques et effets secondaires, a-t-il rappelé.

«Déprescription»

Selon les résultats de l'audit, les collaborations interprofessionnelles ont permis des économies de 4 à 7% par an sur tous les médicaments. Et cela sans impact négatif sur la mortalité et les hospitalisations, a poursuivi le professeur.

La part des psychotropes au coût des médicaments consommés en EMS a elle diminué de 24,6% à 21,9% entre 2009 et 2016. Cette dernière année, les dépenses par patient ont baissé de 700 francs.

Ces résultats ont conduit le DSAS à maintenir son financement annuel de deux millions en faveur des cercles de qualité. A l'avenir leur travail va porter sur la prescription médicamenteuse individuelle. Le canton réfléchit aussi à les étendre aux établissements socio-éducatifs.

Moins de médicaments

De plus, une recherche sur la "déprescription" dans les EMS, soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, est en cours au Centre de pharmacie communautaire de la PMU. «Jusqu'ici, les personnes âgées ont été exclues des études cliniques. On a découvert assez récemment qu'il y a des traitements qu'on pourrait arrêter», a souligné M.Bugnon.

«Mais c'est très délicat. Le résident ou sa famille peuvent parfois penser que c'est la fin, lorsque l'on arrête les médicaments», a noté le professeur.

Pas toujours adéquat

Dans le secteur hospitalier psychiatrique, un deuxième rapport fait état de mesures prises en 2015 pour améliorer les prescriptions de psychotropes au Service universitaire de psychiatrie de l'âge avancé de Cery, a expliqué Chin Bin Eap, professeur associé au Département de psychiatrie du CHUV.

Les résultats montrent une amélioration importante: la proportion de prescriptions adéquates est passée de 55% en 2015 à 87% en 2016. L'analyse menée au Secteur psychiatrique Nord à Yverdon a révélé des résultats conformes aux standards d'efficacité et de sécurité. En revanche, différentes problématiques ont été relevées et prises en compte au secteur âge avancé de Prangins.

Psychopharmacologie

L'an dernier, l'utilisation inadéquate d'un antidépresseur a été détectée au Service universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, ce qui a pu être changé rapidement, a relevé M.Eap.

Dès 2017, plusieurs mesures d'amélioration ont été mises en place. Parmi elles, des cours post-grade de psychopharmacologie obligatoires, ainsi qu'une augmentation du nombre de spécialistes à disposition pour des consultations téléphoniques.

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