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Le vin suisse vieillit de mieux en mieux

Restaurateurs et producteurs proposent ce soir des menus gastronomiques arrosés de vieux millésimes. Dégustations samedi à Morges.

28 févr. 2013, 10:14
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dsandoz@lacote.ch

"Le vin suisse, ça se boit dans l'année!" Combien de fois n'a-t-on pas entendu cette affirmation péremptoire dans la bouche des consommateurs lambda, quand elle n'est pas exprimée par les producteurs eux-mêmes. Journaliste spécialisé dans le domaine vinicole, Alexandre Truffer organise ce soir la deuxième édition de sa Nuit des Vieux Millésimes et samedi le festival du même nom aux anciennes halles CFF de Morges, afin de tenter de démontrer le contraire.

"Les viticulteurs suisses produisent des crus qui peuvent aussi être des vins de garde, mais on ne le sait pas", déplore ce fin connaisseur des nectars de notre pays. Du coup, les vieux chasselas et pinots noirs risquent bien de ne pas avoir leur chance auprès des palais peu curieux. "Si on parvient à éviter que les bouteilles ne soient vidées dans l'évier sans être goûtées, j'aurais atteint mon but" , note Alexandre Truffer.

Et à en croire les professionnels, la tendance irait plutôt en s'accentuant. "Nous disposons d'éléments objectifs pour affirmer que les vins suisses se gardent de mieux en mieux, confirme Philippe Dupraz, professeur de viticulture à l'Ecole d'ingénieurs de Changins. Selon lui l'élément décisif, c'est la réduction des rendements imposée depuis 1993. "Le vin s'avère meilleur dès sa mise en bouteille et ils présente aussi de meilleures qualités de garde." Par ailleurs, l'enseignant souligne l'amélioration de la formation des viti-viniculteurs entamée depuis plusieurs décennies. "En outre les relevés météorologiques démontrent que les trente dernières années ont été plus chaudes que les précédentes" , relève encore Philippe Dupraz.

 

Un modèle économique à modifier?

 

A Mont-sur-Rolle, Coraline de Wurstemberger relativise ce dernier argument: "Le réchauffement n'est pas salutaire pour tous les cépages." Elle attribue aussi la croyance répandue que le vin suisse doit être bu dans l'année à des impératifs économiques. "De tout temps, le vigneron a cherché à vendre sa récolte dès que possible. Conserver, c'est à la fois un manque à gagner immédiat et des frais de stockage" , relève la Montoise.

Difficile donc d'imaginer un changement d'habitude immédiat avec une commercialisation - après trois ou cinq ans comme le veulent les systèmes champenois ou espagnols - auprès des consommateurs et des producteurs. "Cela dit, on prête de plus en plus attention à cet aspect, se félicite Alexandre Truffer. Ainsi, les Premiers Grands Crus décernés pour la première fois l'an dernier dans le canton de Vaud, doivent justifier un potentiel de garde de 10 ans. Et comme on dit généralement d'un domaine qu'il fait des grands vins car ils vieillissent bien, je suis confiant en la capacité d'adaptation des vignerons et des oenologues qui deviennent encore plus des créateurs d'immortalité."

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