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Les moissons précoces surchargent les collecteurs de céréales

Toutes les céréales sont mûres en même temps. Du jamais vu pour cette année 2017.

11 juil. 2017, 16:22
/ Màj. le 12 juil. 2017 à 06:00
Décharment d'orge dans le silo à grains chez Landi  © photo Michel Perret

Les moissons ont commencé bien plus tôt cette année que les années précédentes. Pourtant, c’est un autre phénomène qui embête les agriculteurs. En effet, le blé, le colza et l’orge sont arrivés à maturité en même temps. Alors que l’on devrait avoir un décalage d’environ deux mois entre ces céréales, les récoltes se sont enchaînées ces dernières semaines. Une situation compliquée notamment sur le plan financier. Les agriculteurs vont engranger plus que leurs quotas de productions donnés pour cette année.

Ces derniers étant, pour le colza par exemple, de 14,5 tonnes par hectare et il n’est pas rare de voir certains producteurs récolter plus de 18 tonnes, tant le rendement est élevé. Ainsi, les producteurs ne sont pas sûrs d’être normalement retribués pour ces quantités supplémentaires. Et pourtant, du point de vue de la qualité, les spécialistes estiment que c’est aussi une année exceptionnelle.

Des collecteurs surchargés

Face à cette arrivée massive de céréales, les collecteurs de La Côte tournent à plein régime. Et même plus... Olivier Pioux, du Moulin de la Vaux à Aubonne confirme: «Je suis seul et c’est comme si je travaillais 23h/24h». Une situation que confirme le directeur de Landi La Côte, Jean-Marc Chollet: «Nous avons trois équipes qui œuvrent 8h par jour, donc nous travaillons 24h/24h, ce n’est pas facile». Une tâche d’autant plus difficile que la destruction du silo collecteur de céréales à Gland en 2015 a réduit les capacités de stockage. 

Une forte demande en machines agricoles

Il n’y a cependant pas que les producteurs de céréales qui sont touchés par ce phénomène. C’est aussi le grand rush pour les entreprises qui louent des machines aux agriculteur pour récolter  ou pour transporter les céréales jusqu’au centre collecteur. 

C’est le cas de Romain Pariat de La Rippe. «Cette année nous avons une demande bien plus élevée que d’habitude au vu des récoltes» commente-t-il. Bien que les agriculteurs soient souvent équipés de machines telles que les moissonneuses-batteuses, certains n’ont pas les moyens de transports nécessaires pour déplacer toute cette cargaison. «Nous livrons surtout des bennes à céréales sur les champs pour les agriculteurs qui n’en seraient pas forcément équipés» raconte Romain Pariat. Une demande qui se fait de plus en plus forte ces jours-ci. «Durant toute la semaien dernière, nous n’avons pas arrêté de livrer des bennes sur les champs» continue-t-il. Une intensité de travail qu’il n’a pas connu ces dernières années. 


«Nous avons trois équipes qui œuvrent 8h par jour, donc nous travaillons 24h/24h, ce n’est pas facile»

Jean-Marc Chollet


«L’année passée, j’en livrais presque la moitié moins» dit-il. «Aujourd’hui je livre souvent deux bennes sur le champs alors que l’année d’avant je n’en livrais qu’une seule» conclue Romain Pariat.

Ces récoltes exceptionnelles sont possibles grâce aux conditions climatiques dont a joui la région de La Côte ces derniers mois. «Nous avons eu un printemps très sec» rappelle le directeur de Landi La Côte. La chaleur estivale du mois de juin a permis aux céréales de parvenir à maturité. Des conditions qu’évoque aussi Olivier Pioux à Aubonne: «L’année passée était chaotique alors que ces semaines les récoltes explosent, nous sommes obligés de prendre les livraisons sur rendez-vous tellement il y a de producteurs qui nous amènent leurs céréales» affirme-t-il. 

La pluie calme le jeu

Si le beau temps offre de telles conditions de moissons, la pluie, elle, peut changer la donne. Les quelques précipitations de ces derniers jours ont ainsi ralenti le processus et ont offert aux agriculteurs quelques instants de répit. «La pluie calme tout cela. Les producteurs ne battent pas lorsqu’il pleut» commente Jean-Marc Chollet. Mais si cette pluie permet une petite pause bievenue, il ne faut pas qu’elle devienne abondante comme le raconte Bastien Wahlen, agriculteur à Gland. «Le problème avec la pluie est qu’il y a un risque de germes. S’il pleut trop, les graines vont germer et on ne peut plus faire de la farine avec».


«Tout comme la pluie, la chaleur peut faire germer les graines. Il faut alors se dépêcher de le récolter lorsqu’il fait chaud pour éviter ce genre de scénarios»

Bastien Wahlen


Le blé, afin de ne pas germer, ne doit pas dépasser un taux d’humidité de 14,5%. S’il est trop humide, il faut donc attendre qu’il sèche avant de pouvoir le battre. Mais là aussi les agriculteurs sont confrontés à certaines contraintes: «Tout comme la pluie, la chaleur peut faire germer les graines. Il faut alors se dépêcher de le récolter lorsqu’il fait chaud pour éviter ce genre de scénarios» commente Bastien Wahlen. 

Un même phénomène partout

Bien que cette situation particulière touche principalement La Côte, les champs en altitude connaissent les mêmes moissons précosse. «En altitude, les récoltes se font en même temps qu’en plaine alors qu’un temps on commençait les moissons d’abord à Genève, ensuite à Gland et ensuite venaient les  récoltes dans les champs plus haut» fait remarquer Bastien Wahlen. Ceci est principalement dû à des précipitations en altitude. «Comme il a plu en altitude et qu’il a fait beau sur le bassin lémanique, les céréales se sont développées plus rapidement dans les hauteurs, qui ont donc rattrappé les céréales de Gland et environs» conclu-t-il.

par Sven Grossenbacher 

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