Timea Bacsinszky, si on vous demande de mettre des mots sur ce que vous ressentez?
J’ai pris tellement de plaisir. Du début à la fin, je n’avais qu’une ligne: ne pas oublier que vivre tout cela est un privilège! J’ai pris de la distance, j’ai profité. L’être humain n’est pas parfait, et tant mieux! Je mesure la chance qui est la mienne. Nous sommes des actrices d’un divertissement. Les gens sortent de leur quotidien lorsqu’ils viennent nous voir.
L’an dernier, à Lucerne, lors de la demi-finale, vous aviez connu une rencontre difficile. Cette rencontre contre la France efface-t-elle ce mauvais souvenir?
Ce week-end j’ai parfaitement réussi là où j’avais échoué l’an dernier. J’ai énormément évolué durant ces dix derniers mois. Et puis, l’an passé, je m’étais trop focalisée sur ce que disaient les gens : «Tu dois rapporter deux points, tu dois rapporter deux points…» Au bout d’un moment, ça va! Dans notre équipe, le Röstigraben n’existe pas. Tout le monde peut amener sa pierre à l’édifice.
Et ce genou?
J’ai eu mal et peur! Je ne l’ai pas choisi, comme je n’avais pas choisi, en 2015, de me déchirer le ligament de ce même genou gauche au Luxembourg. Je sais comment j’ai galéré pour revenir, en 2016…
Voic la Suisse en demi-finale, comme l’an passé…
Avec ma sœur, nous regardions la finale 1998 tout en mangeant des croque-monsieur. Puis en 2014 j’ai vu les mecs, les gars, Rodge, Stan, Chiudi, Michi (sic!). Je collais les stickers sur les sièges de Palexpo; ce lieu est très spécial pour moi. La Fed Cup est un projet à long terme, nous voulons nous donner la chance d’aller jusqu’au bout. Même si cela ne reste, au final, qu’un match de tennis. En cas de défaite, la terre ne s’arrête pas de tourner.