Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Procès Sperisen: la perpétuité requise pour des assassinats lâches et planifiés

Le procureur Yves Bertossa a requis vendredi la prison à vie à l'encontre d'Erwin Sperisen, l'ex-chef de la police du Guatemala. Verdict attendu le 6 juin.

30 mai 2014, 17:02
Erwin Sperisen est jugé à Genève pour des assassinats commis au Guatemala.

 Le premier procureur Yves Bertossa a requis vendredi devant le tribunal criminel de Genève la prison à vie à l'encontre de l'ex-chef de la police du Guatemala Erwin Sperisen. Ce binational suisse-guatémaltèque est accusé d'avoir ordonné l'assassinat de neuf détenus et d'avoir lui-même abattu un prisonnier.

Yves Bertossa a dénoncé un "nettoyage social" commis sur ordre d'Erwin Sperisen par un escadron de la mort lors de l'assaut de la prison de Pavon en 2006 et lors de la traque de trois fugitifs du pénitencier "El Infiernito" en 2005. "C'est le crime dans ses plus bas aspects", a-t-il relevé.

Erwin Sperisen s'est érigé en Dieu en éliminant les gens jugés inutiles, a martelé le premier procureur. Ce dernier a dénoncé la lâcheté et la froideur de ces assassinats ordonnés par Erwin Sperisen.

Crimes d'Etat

Il a dans son réquisitoire de trois heures voulu rendre "un peu de dignité" aux dix victimes tuées "comme des bêtes à l'abattoir". Ces assassinats sont des crimes d'Etat organisés par les plus hautes instances sécuritaires du pays, a relevé le premier procureur. En tuant de la sorte, l'Etat assassine également ses propres lois et sa démocratie, selon M. Bertossa.

Pavon était considéré comme une plate-forme du crime organisé et les victimes étaient des criminels. "Et alors?", s'interroge M. Bertossa. Des millions de Guatémaltèques se battent contre ce système étatique qui tue, a-t-il relevé en rappelant les 200'000 morts suite au coup d'Etat dans les années 80.

Super-flic ou chef incompétent

Le premier procureur a démonté la défense d'Erwin Sperisen qui affirme que "les détenus sont morts dans le cadre d'un affrontement et que s'il devait en être différemment, il n'y pouvait rien". "Comment peut-on d'un côté se présenter comme un super-flic anti-corruption et de l'autre devenir le chef le plus incompétent dans deux opérations importantes", demande M. Bertossa.

"A un moment il faut choisir, on ne peut pas dire tout et son contraire". Qui peut croire qu'un commando non identifié puisse tranquillement sélectionner puis assassiner des détenus et maquiller des scènes de crimes sans l'ordre du chef de la police, a-t-il poursuivi.

Un plan à l'avance

Et de démontrer qu'il existait bel et bien un plan pour éliminer 25 détenus lors de l'assaut de Pavon. Sur 1600 prisonniers incarcérés au pénitencier, comme par hasard les trois plus influents ont été abattus, s'étonne le premier procureur.

Des marques de liens sur leurs poignets et des blessures défensives ont été constatées. Trois d'entre eux se sont vidés de leur sang, conclut le rapport de la légiste. Autant d'éléments qui selon M. Bertossa permettent d'écarter la thèse de l'affrontement au bénéfice de celle des exécutions extrajudiciaires.

Les chefs, pas les exécutants

Il a exhorté les juges à se fonder sur leur intime conviction et leur bon sens pour reconnaître coupable Erwin Sperisen. Fait rarissime selon lui, le dossier contient tous les éléments - vidéos, photos, témoignages - qui montrent que l'accusé se trouvait sur les lieux tout le temps.

Dans des affaires de ce type, "il y en a marre que seuls les exécutants trinquent", a lancé M.Bertossa. De tout temps, "les chefs décident, les exécutants exécutent", a insisté le premier procureur. A Pavon, Erwin Sperisen a agi "en se sentant en toute impunité".

Verdict la semaine prochaine

Erwin Sperisen qui a été arrêté en août 2012 à Genève a toujours nié toute responsabilité. Son ancien bras droit a été acquitté en 2013 par un jury populaire en Autriche, pour l'opération de Pavon. Carlos Vielmann, le Ministre de l'Intérieur de l'époque, à de son côté maille à partir avec la justice espagnole.

Le procès se poursuit lundi avec la plaidoirie des parties plaignantes. Le verdict est attendu vendredi 6 juin.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias