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France: les électeurs ont exprimé leur ras-le-bol de devoir choisir entre la gauche et la droite traditionnelles

Les Français en ont marre du clivage traditionnel. Choisir entre Marine Le Pen, retranchée dans ses frontières et Emmanuel Macron, ouvert au monde et à ses enjeux montre la désillusion des électeurs.

24 avr. 2017, 07:22
Les résultats démontrent que les Français veulent du changement.

La qualification d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle française est un "boulversement", estime lundi la presse suisse. Cette "claque historique" sera lourde de conséquences pour la gauche et la droite traditionnelles.

Le premier tour de la présidentielle, qui a vu le candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron, s'imposer avec 23,75% des suffrages devant la chef du Front national, Marine Le Pen (21,53%), est "un changement en profondeur", écrit Le Temps. La vague de mécontentement va "transformer durablement les contours du pays", car "le logiciel politique de la Ve République est cassé".

"La rage contre les partis traditionnels, la désillusion vis-à-vis de politiciens corrompus et la volonté de tenter 'autre chose' ont mené à la désignation de deux personnalités" aux visions radicalement opposées pour s'affronter au second tour, poursuit le journal lémanique. "L'une (est) inclusive et ouverte au monde ainsi qu'à ses enjeux, l'autre retranchée derrière ses frontières et ses vieux mythes".

Allant dans le même sens, L'Impartial et L'Express affirment que la grande perdante de "cette claque historique", "c'est la politique à la 'papa', celle du clivage traditionnel entre la gauche et la droite. "Même s'il semble plus souvent dicté par la raison que par le cœur, c'est un message clair que les Français envoient à leur classe politique: 'Changez tout!'".

 

 

"Tout est à reconstruire"

"Le 'dégagisme', le renvoi des partis politiques traditionnels à leurs chères études, est finalement le grand vainqueur de ce premier tour de la présidentielle française", surrenchérit le Quotidien Jurassien. "Tout reste à faire en France, tout est à reconstruire". C'est assurément un profond bouleversement, dont on n'a pas fini de prendre la mesure, ajoute-t-il.

Pour le Journal du Jura, le résultat de dimanche est "un véritable séisme dont les conséquences risquent d'être lourdes" pour la droite et la gauche, qui dominent la vie politique en France depuis le début de la Ve République en 1958.

"Si Les Républicains boivent la tasse avec la terrible désillusion qu'a vécue François Fillon, arrivé 3e, le PS, lui, subit une véritable débâcle, son candidat Benoît Hamon ne récoltant que 6,2% des voix", analyse le journal.

M. Macron a, quant à lui, "pris une sérieuse option pour être le prochain président des Français", relève Le Courrier, les ténors de la droite ayant appelé à le soutenir afin de faire barrage à l'extrême droite.

Mais "la gueule de bois des Français risque d'être carabinée quand ils seront passés à l'essoreuse des visées antisociales du champion d'En Marche!", avertit le quotidien genevois, soulignant que l'ex-ministre de l'économie avait "accompagné et même mené la loi El Khomri", réformant le marché du travail.

Des législatives déterminantes

Emmanuel Macron, qui représente "la France qui gagne, qui croit en ses chances et veut se projeter dans le monde (...) gagnera sans doute la présidentielle", relèvent pour leur part la Tribune de Genève et 24 Heures. Mais l'ex-ministre de l'économie doit "réussir le plus difficile: un projet pour tous. Sinon, le FN arrivera au pouvoir tôt ou tard".

Le Matin voit également mal comment "cette belle gueule de 39 ans encore inconnue du grand public" pourrait perdre au second tour. Mais pour le journal lémanique, "ce qu’il doit surtout gagner, c’est une majorité pour gouverner, soit sous ses propres couleurs, soit avec une coalition".

Car il y a un risque "d'une instabilité chronique, si d'aventure aucune majorité parlementaire n'était trouvée" lors des élections législatives de juin, pointent La Liberté et Le Nouvelliste. "Avec les deux grands partis de gouvernement exclu du pouvoir, tous les scénarios s'écrivent désormais au jour le jour".

Outre-Sarine, la NZZ voit dans le résultat du scrutin un "plébiscite pour l'Union Européenne". Le grand journal libéral alémanique remarque qu'il montre que "non seulement les candidats de la droite et la gauche traditionnelles n'ont pas convaincu, mais il est aussi une punition pour les dix ans de marasme sous les présidences Sarkozy et Hollande".

 

 

Un miracle pour l'UE

Pour le Blick, c'est une "sensation", "un miracle pour les libéraux et les Européens", six mois après l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. "Le nationalisme, la xénophobie, le repli sur soi ne sont pas inéluctables. Et pour nous les Suisses pas sans importance: l'UE n'est de loin pas morte".

Le Tages-Anzeiger et le Bund estiment de leur côté que "le résultat du premier tour montre un mécontentement de l'électorat français" contre la politique pratiquée ces dernières années, qui a provoqué l'insatisfaction tant au plan économique que social.

La Basler Zeitung pointe elle la "crise du système", illustrée par la qualification pour le second tour de deux candidats, qui "appartiennent à des partis non traditionnels". "Le choix des Français sera ainsi plus simple, mais absolument pas plus facile, car beaucoup aurait espéré un autre choix pour le second tour".

"Le fait que la candidate du Front national devance des adversaires expérimentés comme François Fillon et Jean-Luc Mélenchon (...) doit faire réfléchir l'Europe entière", jugent en choeur la Berner Zeitung, la Nordwestschweiz, la Südostschweiz, le St. Galler Tagblatt et la Luzerner Zeitung.

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