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La diplomatie se joue sur les réseaux sociaux

Les ambassadeurs et chefs d'État ont saisi l'attractivité des réseaux sociaux. Aussi, ils sont de plus en plus nombreux à utiliser ces biais pour déclencher des débats, jouer de leur influence ou tout simplement promouvoir leur pays.

23 oct. 2012, 07:46
Deux heures de panne jeudi pour le réseau social Twitter.

Des photos de la voiture d'un ambassadeur prétextes à un débat sur la corruption, les tweets de la reine de Jordanie pour attirer investisseurs et touristes. Les gouvernements et diplomates se saisissent des réseaux sociaux pour établir des dialogues à travers le monde, malgré certains risques.

"Les outils numériques - y compris les réseaux sociaux - sont utilisés par un nombre croissant de pays", explique Antonio Deruda, auteur du livre "Diplomatie numérique". "C'est un procédé important qui peut être très utile pour les gouvernements pour établir un dialogue avec le public à l'étranger".

En un seul clic, Ottawa est ainsi récemment parvenu à impliquer des centaines d'internautes chinois dans un débat sur la corruption et la transparence sur l'un des réseaux sociaux les plus populaires de Chine.

Des photos de la voiture de l'ambassadeur canadien David Mulroney en Chine, postées sur sa page sur le réseau Weibo, ont généré une réponse massive et instantanée de centaines d'internautes chinois s'extasiant sur ce véhicule relativement moins cher que ceux des ambassadeurs chinois.

Dans une guerre de propagande avec Damas, l'ambassadeur américain en Syrie Robert Ford a utilisé la page Facebook de l'ambassade pour publier des images satellite déclassifiées montrant des mouvements de troupes dans des lieux civils.

Présent partout

Aujourd'hui, près de 300 comptes Twitter sont affiliés au Département d'Etat, dont ceux des ambassadeurs ou des ambassades, plus de 400 pages Facebook et 180 documents YouTube.

"Un des avantages de l'utilisation de ces technologies, c'est que nous sommes présents dans des endroits où nous n'avons pas de présence diplomatique", souligne Victoria Esser, en charge de la stratégie technologique au Département d'Etat.

A l'inverse, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a fait l'expérience de la puissance des réseaux sociaux à ses dépens lorsqu'un Barack Obama féru de technologies a remporté les primaires démocrates de 2008.

D'autres pays se sont lancés pour tenter d'accroître leur poids politique, attirer les investissements étrangers, ou les touristes, comme la Jordanie: chaque tweet de la reine Rania, considérée comme un symbole de la femme arabe moderne, est suivi par plus de 2,3 millions d'internautes à travers le monde.

Audience plus large

"C'est un point clé pour la diplomatie numérique: l'importance d'atteindre une audience plus large, et pas seulement les personnes qui suivent la politique étrangère depuis des années", explique M. Deruda.

Ainsi les diplomates organisent de plus en plus de chats en direct sur les réseaux sociaux avec des personnes qu'ils ne rencontreraient pas autrement. Le chef de la diplomatie britannique William Hague est allé plus loin ce mois-ci en rencontrant cinq de ses 109'000 abonnés sur Twitter pour discuter de l'Europe et de la Somalie.

Champ de mines

Mais l'immédiateté et l'accessibilité du réseau social font de lui un champ de mines où un commentaire mal placé peut déclencher une tornade en aussi peu de temps qu'il n'en faut pour taper 140 caractères - la longueur maximale d'un tweet.

Linda Sobeh Ali, représentante palestinienne au Canada, a été rappelé en octobre 2011 après avoir "retweeté" une vidéo d'une jeune Palestinienne récitant un poème commençant plutôt innocemment, mais qui évoque ensuite la "destruction du sionisme".

Giuseppe Manzo, porte-parole du ministre italien des Affaires étrangères, est bien conscient de ces risques, démultipliés par l'ampleur des réseaux sociaux. "Il est indispensable" d'y avoir recours, estime-t-il, mais "la diplomatie traditionnelle reste clé".

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