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District de Nyon: Les opposants d'Asse et Boiron sortent du silence

Retrouvez ce jour les arguments de Pierre Schaller, ancien syndic de Gingins et aujourd'hui conseiller communal. Demain, Serge Melly défendra la fusion.

14 juil. 2014, 11:00
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rhaener@lacote.ch

Ancien syndic et municipal de Gingins, aujourd'hui conseiller communal et patron de la menuiserie du village, Pierre Schaller fait partie de ceux à qui la fusion à 9 déplaît. Il s'en explique.

Quand a commencé votre rejet de la fusion des communes d'Asse et Boiron?

Tout d'abord, je tiens à préciser que je n'attaque aucunement les Exécutifs, qui font du bon travail. Je suis d'ailleurs copain avec beaucoup de ceux qui les composent dans les neuf communes. Il s'agit juste pour ma part de faire entendre un point de vue divergent. Venons-en aux faits. Tout a commencé à Gingins, par la motion d'un conseiller, que j'ai soutenue, demandant à la Municipalité d'étudier la faisabilité d'une fusion à deux, avec Chéserex. Pourquoi Chéserex? Parce que nos deux villages s'entendent à merveille, et depuis longtemps. Seulement, la Municipalité de Chéserex, qui avait reçu une pareille motion de la part de l'un de ses conseillers, a préféré transformer celle-ci en postulat, moins contraignant, afin de ne pas répondre immédiatement. C'est là qu'ils ont émis l'idée d'une fusion à neuf.

Et pourquoi cette fusion à 9 vous déplaît-elle?

Prenons la métaphore amoureuse: quand on veut se marier, il faut que les coeurs battent à la même vitesse. Or je pense que, si c'est le cas entre Gingins, Chéserex, Grens et Signy, ça ne l'est pas tout à fait avec les autres communes. Mon souci principal, c'est de conserver la proximité et le dynamisme des sociétés locales, qui font l'âme de ces villages.

Pourtant, Asse et Boiron est un arrondissement scolaire qui fonctionne depuis longtemps?

Je le sais bien, j'ai moi-même été dans les écoles des villages voisins. Mais la vie scolaire ne justifie pas à elle seule une fusion. D'ailleurs, il faut bien admettre que la gestion est plutôt bonne aujourd'hui avec la société intercommunale qui s'occupe des bâtiments (AIAB). On doit, et on sait, collaborer ensemble. La piscine de Chéserex est également une réussite qui montre que la fusion n'est pas impérative.

Même si cela pourrait rationaliser les coûts?

Mais je ne vois pas en quoi la modification d'un organigramme abaissera les coûts de fonctionnement.

Vous dites également que les économies promises en cas de fusion sont intenables.

Il ne faut pas rêver, les charges vont exploser: un municipal coûtera à lui seul ce que coûte aujourd'hui une Municipalité entière. Sauf qu'il faudra rajouter derrière cela le salaire de chefs de service. Et puis surtout, je le dis, je pense que ces villages ont besoin de proximité et de bon sens dans la gestion des affaires. La peur du gendarme, que représentent d'une certaine manière les municipaux d'un village, fonctionne toujours, et c'est important. Or, l'arrivée de fonctionnaires ne connaissant pas ou peu la vie locale va briser tout cela. Je pense toujours qu'il vaut mieux régler des problèmes entre quatre yeux que de passer par des avocats. Une administration distante et anonyme va produire des actions en justice, alors qu'on aurait pu gérer cela bien plus simplement.

Vous rejetez également l'argument voulant qu'une commune fusionnée ait plus de poids politique vis-à-vis du Canton.

Il ne faut pas se leurrer! Il vaut mieux 9 syndics en colère qu'un seul représentant d'une commune en position de faiblesse. Vous croyez que le syndic d'une commune de 6000 habitants aura véritablement du poids? Ne nous trompons pas: si le Canton incite à la fusion, c'est aussi pour créer des entités administratives plus dociles.

Pourtant, vous demeurez pour une fusion, mais à plus petite échelle...

Oui, c'est exact. Entre communes très proches. Dans la nouvelle entité à 9, comment, par exemple, va-t-on régler un problème à La Rippe, qui ne sera, comme Gingins, plus qu'un quartier comme un autre?

Vous attaquez un autre argument: les économies d'une commune de grande taille sur la péréquation...

Aujourd'hui, effectivement, cette clé de répartition est favorable à des communes d'une certaine dimension. Mais il n'y a aucune raison pour que, à terme, le Canton ne change pas son fusil d'épaule.

N'avez-vous pas peur de la complexification des affaires et de la perte de force des petites communes face à des avocats lançant quantité de procédures pour le bien de certains habitants?

Une autorité reste une autorité, même villageoise! Dans la plupart des cas, les privés ont besoin d'un permis de construire pour leurs intérêts. Or c'est bien le village qui le fournit! C'est toujours une Municipalité qui tient le couteau par le manche, pas le contraire.

Et le manque de relève dans la politique?

Je pense au contraire qu'on pourra toujours trouver des gens prêts à s'investir. Surtout si un lien de proximité existe. Il sera par contre plus compliqué de trouver des volontaires prêts à gérer une entité politico-administrative centralisée et supra-villageoise.

Concrètement, en tant que conseiller et membre démissionnaire de la délégation de Gingins pour le processus de fusion, comment allez-vous agir en octobre, lorsque les 9 Conseils villageois devront soutenir la Convention de fusion?

Je vais naturellement la rejeter.

Ne voulez-vous pas confier au peuple le droit de voter?

Nous sommes des représentants du peuple, élus par lui, qui devons avoir le courage de nous exprimer. Nous sommes au courant des affaires et du dossier en particulier, je ne vois donc pas pourquoi je devrais ne pas prendre mes responsabilités.

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