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Allemagne: le vocabulaire issu de la période nazie refait surface

Encore tabou, le vocabulaire issu de la période nazi refait surface en Allemagne lors de manifestations de rue. Parmi les pancartes brandies, l'une portait des citations de Joseph Goebbels, le chef de la propagande du IIIe Reich.

17 oct. 2016, 07:09
Des bribes du vocabulaire nazi semblent avoir refait surface, notamment lors de la fête nationale à Dresden.

Longtemps tabous, des invectives et des termes tout droit tirés de la période nazie refont surface en Allemagne lors de manifestations de rue. Si ces paroles ne tombent pas sous le coup de la loi car elles n'incitent pas à la haine raciale, elles suscitent l'émoi.

"Nous avons un vrai problème de démocratie dans ce pays, nous payons le prix pour avoir refusé pendant des années d'ouvrir les yeux", s'est emportée récemment la vice-présidente de la chambre des députés, Claudia Roth, membre des Verts, dans une interview au Spiegel.

 

La controverse a atteint son paroxysme depuis qu'Angela Merkel a été conspuée le jour de la fête nationale, le 3 octobre dernier à Dresde, aux cris de "traître à la patrie" par une petite foule de manifestants proches de l'extrême droite venue dénoncer la chancelière pour sa politique d'ouverture aux réfugiés.

Parmi les pancartes brandies, l'une portait des citations de Joseph Goebbels, le chef de la propagande du IIIe Reich. Certains observateurs ont commencé à faire des parallèles avec les années 1920 et 1930 de la République de Weimar en Allemagne, qui se délita sous la pression de la rue et du parti nazi.

Paroles d'un sombre passé 

"Il y a déjà eu une République de Weimar, il ne faut pas qu'il y ait celle de Dresde", s'inquiète le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung. La capitale de Saxe, dans l'est du pays, est également le fief du mouvement islamophobe Pegida qui a fêté dimanche son deuxième anniversaire. 

 

"La foule désinhibée de Dresde a hurlé comme durant le Troisième Reich, cette mentalité ethnique n'est pas conciliable avec l'Etat de droit", lui a fait écho le journal conservateur Die Welt, en s'émouvant de "paroles venant d'un sombre passé".

Depuis des mois déjà, les sympathisants de Pegida ou du parti de la droite populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui enchaîne les succès électoraux, dénoncent à chaque manifestation les "traîtres à la patrie" (Volksverräter) du gouvernement ou des partis établis sur l'échiquier politique. Ce terme fut répandu par Adolf Hitler lui-même lors de ses harangues de l'entre-deux-guerres.

Nouveau codage 

Le slogan contre la "presse mensongère", né au début du 20e siècle mais popularisé par les nazis, est scandé à chaque rassemblement anti-migrants.

 

La responsable de l'AfD, Frauke Petry, veut réhabiliter le qualificatif "ethnique" dans le discours politique ("völkisch" en allemand), refusant "que cela soit utilisé seulement de manière péjorative". L'adjectif reste pourtant très marqué par le nazisme, qui s'en servait pour célébrer la "supériorité" de la race aryenne.

L'historien Hans Vorländer, spécialiste de l'extrême droite, parle "d'un nouveau codage du discours politique" en Allemagne. "Il y a une levée des tabous sur des concepts prônant l'homogénéité ethnique", selon lui.

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