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Balkans: le Premier ministre albanais demande à la Serbie de reconnaître le Kosovo

Edi Rama, le Premier ministre albanais, a provoqué un incident diplomatique lundi en Serbie. Il a demandé à son homologue Vucic de reconnaître l'indépendance du Kosovo. Ce dernier a assuré que cela n'arriverait jamais et qu'il s'agissait d'une provocation.

10 nov. 2014, 14:06
Aleksandar Vucic (gauche) n'a pas du tout apprécié la demande de son homologue albanais Edi Rama.

La visite historique du Premier ministre albanais en Serbie a été gâchée lundi par un accrochage verbal avec son homologue serbe sur le Kosovo. L'incident a une nouvelle fois illustré les profondes divergences entre Serbes et Albanais dans les Balkans.

Toutes les belles paroles prononcées lundi par le chef du gouvernement serbe Aleksandar Vucic et son homologue albanais Edi Rama en ouverture d'une conférence de presse, portant sur la coopération et la bonne entente régionale ainsi que sur l'adhésion à l'Union européenne, ont volé en éclats lorsque M. Rama a prononcé le mot Kosovo.

Déjà, cette visite, la première d'un chef de gouvernement albanais en 68 ans, intervenait dans un climat de regain de tension entre les deux nations.

Cette visite aurait dû permettre d'apaiser les tensions qui pèsent sur les relations bilatérales en raison du vieux contentieux de l'indépendance du Kosovo mais aussi des revendications de la minorité albanaise de Serbie. Cette dernière réclame davantage d'autonomie, voire même un rattachement au Kosovo majoritairement albanais.

Le ministre serbe en colère

M. Vucic s'est offusqué et a dénoncé une "provocation" lorsque M. Rama a abordé le sujet du Kosovo en appelant la Serbie à reconnaître la "réalité irréversible" de cette ex-province serbe.

"Je ne m'attendais pas à cette provocation de la part de M. Rama, de parler du Kosovo, car je ne vois pas ce qu'il a à voir avec le Kosovo. Je dois lui répondre car je ne permettrai à personne d'humilier la Serbie à Belgrade", a dit M. Vucic contenant difficilement sa colère.

"Selon la Constitution, le Kosovo fait partie de la Serbie et n'a rien à voir avec l'Albanie et n'aura jamais rien à voir", a-t-il poursuivi.

Le Kosovo est une "réalité irréversible"

Auparavant, M. Rama avait rappelé que "le Kosovo indépendant" était reconnu par plus d'une centaine de pays. "C'est une réalité irréversible et cette réalité doit être respectée", a-t-il affirmé devant son homologue serbe qui écoutait, choqué, la traduction.

La visite de M. Rama avait été mise en cause à la suite des graves incidents le 14 octobre à Belgrade, qui avaient entraîné l'arrêt du match de football Serbie-Albanie.

Ces incidents, engendrés par le survol du stade belgradois par un drone portant le drapeau de la "Grande Albanie", ont dégénéré en une crise politique sans précédent illustrant la fragilité des relations entre les deux nations. La "Grande Albanie" est un projet nationaliste visant à réunir tous les Albanais en un seul État, dont le Kosovo.

M. Vucic invité à Tirana

Pourtant, même si Belgrade refuse de reconnaître l'indépendance du Kosovo, des progrès significatifs ont été réalisés, notamment la conclusion, sous la houlette de Bruxelles, d'un accord considéré comme "historique" portant sur la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.

M. Rama a aussi appelé au respect des droits de la minorité albanaise du sud de la Serbie, environ 60'000 personnes, qui vivent dans la Vallée de Presevo.

Suite à ces échanges âpres sur le Kosovo, Edi Rama a néanmoins déclaré après avoir invité M. Vucic à visiter Tirana: "Nous devons travailler ensemble et je souhaite exprimer le souhait et la détermination d'aller de l'avant et de poursuivre nos contacts afin d'aller ensemble vers l'Europe".

Avant cette visite, Tirana assurait que M. Rama se rendrait mardi à Presevo mais Belgrade ne l'a toujours pas confirmé et cela restait incertain après l'incident entre les deux Premiers ministres.

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