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Brésil: les députés ont voté la destitution de la présidente Dilma Rousseff dimanche

À une écrasante majorité, les députés brésiliens ont initié la voie de la destitution de la présidente Dilma Rousseff dimanche. Accusée d'avoir falsifié les comptes public en 2014 et en 2015, Dilma Rousseff dénonce une tentative de "coup d'Etat".

18 avr. 2016, 07:01
La destitution de Dilma Rousseff a été entamée dimanche par les députés brésiliens.

Les députés brésiliens ont ouvert dimanche la voie d'une destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff par le Sénat à une écrasante majorité. Ce vote historique s'est déroulé dans une ambiance survoltée.

 

 

Le camp de la destitution l'a emporté par 367 voix, 25 de plus que les 342 requises (2/3) pour autoriser le Sénat à mettre en accusation Mme Rousseff. Seuls 137 députés, de gauche et d'extrême gauche pour l'essentiel, ont voté contre la destitution. Sept députés uniquement se sont abstenus et trois étaient absents.

Les députés de l'opposition de droite ont exulté, chantant l'hymne des supporters de l'équipe de foot au Mondial-2014: "Je suis brésilien, avec beaucoup de fierté et beaucoup d'amour".

Un peu plus tôt, le leader du Parti des Travailleurs (PT, gauche) au Congrès des députés José Guimaraes avait reconnu par avance cette "défaite". "Les putschistes ont gagné ici à la chambre" mais "cette défaite provisoire ne signifie pas que la guerre est perdue", a déclaré M. Guimaraes. "Nous allons maintenant dialoguer avec le Sénat pour qu'il corrige l'action des putschistes dirigés par des gens sans autorité morale".

A un fil

Accusée de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015 pour masquer l'ampleur de la crise économique, Mme Rousseff nie avoir commis un crime dit "de responsabilité" et dénonce une tentative de "coup d'Etat" institutionnel. Elle avait annoncé qu'elle "lutterait jusqu'à la dernière minute de la seconde mi-temps".

Mais son mandat ne tient désormais plus qu'à un fil: D'ici le 11 mai, il suffira d'un vote à la majorité simple des sénateurs pour qu'elle soit formellement mise en accusation pour "crime de responsabilité" et écartée du pouvoir pendant 180 jours au maximum, en attendant un verdict final.

Le vice-président Michel Temer, son ex-allié centriste et désormais rival, assumerait alors ses fonctions et formerait un gouvernement de transition.

Lourd climat

Héritière politique de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, Mme Rousseff, ex-guérillera emprisonnée et torturée sous la dictature, est entrée dans l'histoire en 2011, en devenant la première femme présidente du Brésil en 2011.

Elle risque à présent d'y rejoindre Fernando Collor de Mello, seul président brésilien à avoir été à ce jour destitué, pour corruption, en 1992.

Empoignades, insultes: cette session extraordinaire s'est déroulée dans un lourd climat d'affrontement dès son ouverture par le président du Congrès Eduardo Cunha, ennemi juré de la présidente, sous les huées des élus de gauche. Lui est inculpé pour corruption dans le scandale des détournements de fonds du géant pétrolier étatique Petrobras.

Dix secondes

Après de longues minutes de confusion où les députés ont failli en venir aux mains, le calme est ensuite à peu près revenu. Après les interventions des chefs des groupes parlementaires, chaque élu a eu dix secondes pour annoncer son vote au micro.

Le privilège de monter le premier à la tribune est revenu au député centriste souffrant Washington Reis, qui a voté pour. Pendant ces longues heures de suspense, l'opposition creusait l'écart irrémédiablement sur le camp présidentiel de la gauche.

Les élus conservateurs ceints d'écharpes jaune et vert parlaient de "nettoyer le pays de la corruption". "Ciao Dilma!", lançaient certains députés.

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