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Chine: le procureur charge lourdement Bo Xilai

Au cinquième jour du procès de Bo Xilai, le procureur a qualifié les infractions du dirigeant chinois déchu d'"extrêmement graves".

26 août 2013, 12:09
Les infractions reprochées au dirigeant déchu chinois Bo Xilai sont "extrêmement graves", a affirmé lundi le procureur.

Le procès de Bo Xilai, qui a tenu en haleine la Chine depuis cinq jours, s'est achevé lundi sur un réquisitoire demandant une peine sévère. Le procureur a qualifié d'"extrêmement graves" les faits reprochés à l'accusé, qui les a farouchement réfutés.

Les infractions imputées à l'ex-haut responsable - corruption, détournement de fonds publics et abus de pouvoir pour entraver une enquête criminelle visant son épouse -, sont "constituées" et "extrêmement graves", a déclaré le procureur.

Le jugement a été mis en délibéré à une date non précisée, a indiqué le tribunal de Jinan, à l'est de la Chine, où était jugé l'ancien membre du puissant Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois. M. Bo avait remis à l'honneur une "culture rouge" néo-maoïste dans son fief de Chongqing, immense métropole du sud-ouest du pays.

"Il plaide non coupable (...) et aucune circonstance atténuante ne permet d'envisager pour lui une peine allégée", a poursuivi le procureur, selon une retranscription des débats diffusée par la cour. De l'avis des experts, Bo Xilai, 64 ans, qui encourt la peine capitale, devrait être condamné à une longue réclusion déjà décidée par la direction communiste.

Communication soigneusement contrôlée

La brutale disgrâce l'an dernier du charismatique leader, un personnage flamboyant promis aux plus hautes fonctions dans la deuxième puissance mondiale, avait créé une onde de choc dans l'appareil communiste et le pays.

Malgré l'apparente et inhabituelle transparence des débats contradictoires, les autorités ont soigneusement contrôlé les informations communiquées à l'extérieur du tribunal.

Durant cinq jours d'audience, le procès a jeté une lumière crue sur les moeurs d'une nomenklatura communiste jouissant de luxueuses résidences, de voyages en jets privés ou de safaris en Afrique.

La journée de lundi a livré un nouveau lot de révélations croustillantes, Bo relatant par le menu la passion dévorante et secrète pour son épouse Gu Kailai de son ex-chef policier Wang Lijun.

Liaisons extraconjugales

Ce serait même cet amour impossible qui aurait poussé Wang à se réfugier en février 2012 dans un consulat américain, d'où il a déclenché le plus retentissant scandale en Chine depuis des décennies, a affirmé Bo Xilai.

Depuis son début jeudi, le procès de Bo a pris nombre de virages inattendus, mais ce dernier est sans doute l'un des plus spectaculaires. La relation entre Gu Kalai et Wang Lijun tenait du "psychodrame", a également commenté Bo Xilai.

Vendredi, Bo Xilai avait taxé Gu Kailai de "folle" et de "menteuse", avant d'admettre samedi des liaisons extraconjugales. Bo a enfin réaffirmé n'avoir jamais accepté que le magnat des affaires Xu Ming prenne en charge nombre des dépenses personnelles de sa famille.

"Au cours des trente dernières années, je n'étais rien d'autre qu'une machine à travailler. Si j'avais dû m'occuper de billets d'avions, de notes d'hôtel ou de remboursements de voyages, comment aurais-je trouvé le temps (de remplir mes fonctions)?", a-t-il plaidé.

Des caleçons longs des années 60

Désireux de contrer ceux qui l'accusent d'avoir profité de pots-de-vin pour mener une vie dorée, le dirigeant a tenté de convaincre de ses goûts simples en matière de garde-robe: "Je n'attache aucune importance à mon apparence vestimentaire. Les caleçons longs que je porte actuellement m'ont été offerts par ma mère dans les années 1960".

Bo Xilai a démenti de bout en bout avoir reçu l'équivalent de trois millions de francs en pots-de-vin, incluant une villa à Cannes au sud de la France.

Il a en revanche admis des "erreurs" dans un détournement de cinq millions de yuans (746'000 francs) de fonds publics au profit de Gu Kailai ainsi que dans la gestion des suites de l'assassinat par son épouse de l'homme d'affaires britannique Neil Heywood, qui avait précipité sa chute début 2012.

En Chine, "la plupart des accusés plaident coupables (...) en partie en raison de la tradition judiciaire chinoise consistant à 'traiter avec indulgence ceux qui confessent leurs fautes, et avec sévérité ceux qui s'obstinent à nier'", a commenté Margaret Lewis, professeur à la faculté de droit de Seton Hall (Etats-Unis).

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