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Colombie: une majorité de la population oppose un "Non" inattendu à la paix avec les Farc

L'accord de paix avec la guérilla des Farc a été rejeté par une majorité de Colombiens dimanche lors du référendum. Ce vote visait à mettre un terme à la plus ancienne confrontation armée des Amériques mais aussi, à ce que les Farc se convertissent en parti politique après avoir remis leurs armes à l'ONU.

03 oct. 2016, 06:43
La majorité des votants colombiens ont dit non à l'accord de paix avec les Farc.

Causant la surprise, une majorité de Colombiens a rejeté dimanche l'accord de paix avec la guérilla des Farc lors d'un référendum au résultat serré. Les résultats quasi-définitifs mettent toutefois en cause ce texte visant à terminer 52 ans de conflit.

Parmi les 99,69% bulletins de vote dépouillés, le "Non" s'imposait à 50,23% devant le "Oui" à 49,76%, à peine une heure après la clôture des bureaux de vote de ce scrutin crucial. La participation a été de 37,28%.

 

Le "Oui" a recueilli quelque 6,3 millions de voix (6'346'055), soit bien au-delà du minimum de 4,4 millions de voix requis (13% de l'électorat). Mais pour l'emporter, il devait dépasser le "Non" qui a en fait atteint les 6,4 millions (6'408'350).

Le référendum, non obligatoire, avait été voulu par le président Juan Manuel Santos. Il voulait donner la "plus large légitimité" possible à l'accord qu'il a signé le 26 septembre avec le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko.

Pas de plan B

Les deux protagonistes entendaient ainsi mettre fin à la plus ancienne confrontation armée des Amériques. Au fil des décennies, le conflit a impliqué diverses guérillas d'extrême gauche, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces de l'ordre, faisant plus de 260'000 morts, 45'000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Le gouvernement a plusieurs fois déclaré ne pas avoir de plan B en cas d'échec du "Oui" et il a, comme les Farc, écarté toute éventualité de renégociation de l'accord. Lors d'un entretien à l'AFP en septembre, M. Santos avait même averti que si le "Non" l'emportait, les guérilleros "retournent dans la jungle".

 

Ce rejet était inattendu, plusieurs sondages donnant depuis des semaines le "Oui" largement en tête. Il enregistrait ainsi 55% des intentions de vote selon l'institut Datexco et 66% selon Ipsos Napoleon Franco, dans les derniers sondages autorisés, effectués avant la signature de l'accord.

L'accord visait à ce que les Farc, nées en 1964 d'une insurrection paysanne et qui comptent encore 5765 combattants, se convertissent en parti politique après avoir remis leurs armes à l'ONU. L'Organisation a déjà vérifié la destruction samedi de 620 kg d'explosifs.

"Laxisme"

Opposant féroce à l'accord, l'ex-président de droite et actuel sénateur Alvaro Uribe (2002-2010) l'a à nouveau fustigé dimanche. "La paix est enthousiasmante, les textes de La Havane décevants", a-t-il lancé, en exprimant sa "gratitude" aux Colombiens "qui ont dit 'Non'".

Les opposants dénoncent notamment un "laxisme" des sanctions prévues contre les auteurs des crimes les plus graves, et la participation des guérilleros démobilisés à la vie politique. Ils craignent un "castro-chavisme" inspiré des régimes cubain et vénézuélien.

 

José Gomez, un retraité de 70 ans, se disait ainsi "pour le 'Non' car c'est absurde de récompenser des criminels narco-assassins, qui ont fait de ce pays un désastre".

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