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Egypte: 500 partisans de Morsi condamnés à mort

Plus de 500 partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l'armée ont été condamnés à mort lundi en première instance pour des violences commises durant l'été.

24 mars 2014, 13:12
Des milliers de personnes, en majorité des islamistes, ont été emprisonnées.

Le procès, expéditif, s'est déroulé à al-Minya (250 kilomètres au sud du Caire) sur fond de sanglante répression des islamistes en Egypte. Sur les 529 personnes condamnées à la peine capitale dès la seconde audience de ce procès ouvert samedi, seuls 153 sont en détention, les autres étant en fuite.

Dix-sept des accusés ont été acquittés alors que près de 700 autres personnes, dont des cadres des Frères musulmans de M. Morsi, doivent comparaître mardi pour répondre de violences également survenues le 14 août dans ce même gouvernorat.

"Scandale" et "mascarade"

En l'état, ce verdict, sans précédent dans l'histoire égyptienne, est "une catastrophe, une mascarade et un scandale qui aura des conséquences pour l'Egypte pendant des années", a déploré Gamal Eid, expert juridique à la tête du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme.

Toutefois, la loi égyptienne prévoit un nouveau procès pour tout accusé en fuite qui se rend à la justice et un appel devant la Cour de cassation devrait selon toute vraisemblance permettre aux condamnés actuellement en détention d'obtenir également un nouveau procès ou de voir leur peine commuée.

En outre, la peine de mort doit encore être validée par le mufti, représentant de l'islam auprès de l'Etat.

Centaines de morts en août

Le 14 août, lors de la journée la plus sanglante de l'histoire récente de l'Egypte, policiers et soldats avaient lancé l'assaut sur deux rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant des centaines de morts et embrasant le pays déjà secoué par des violences quotidiennes depuis la destitution par l'armée le 3 juillet de son seul président jamais élu démocratiquement.

Depuis cette date, plus de 1400 partisans de M. Morsi ont été tués dans une répression qui s'est désormais élargie à l'opposition laïque au nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée, selon Amnesty International. Des milliers de personnes, en majorité des islamistes, ont été emprisonnées.

Plus de 1200 accusés

La quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans sont actuellement jugés et encourent la peine de mort, à l'image de M. Morsi lui-même. Ainsi, le Guide suprême de l'influente confrérie qui avait remporté toutes les élections depuis la révolte de 2011, Mohammed Badie, figure parmi les accusés du procès d'al-Minya.

Au total, plus de 1200 accusés sont impliqués, un chiffre jamais atteint depuis le début de la répression des pro-Morsi. Tous doivent répondre de violences ayant causé la mort de deux policiers et d'attaques contre des biens publics et privés.

Confrérie déclarée "terroriste"

Les Frères musulmans appellent régulièrement à manifester pour réclamer le retour au pouvoir de M. Morsi. Leurs rassemblements ont souvent dégénéré en violences.

Fin décembre, la confrérie vieille de 85 ans a été déclarée "terroriste" . Depuis, lui appartenir, posséder sa littérature ou participer à ses manifestations est passible de prison.

Au rythme des procès

Alors que les nouvelles autorités répriment tous azimuts, le plus peuplé des pays arabes vit désormais au rythme de multiples procès.

Outre les quatre affaires dans lesquelles M. Morsi est poursuivi, les procès emblématiques de figures de la révolte de 2011 qui renversa Hosni Moubarak et la pléthore de procès qui visent des pro-Morsi dans la quasi-totalité des provinces du pays, un tribunal du Caire juge actuellement des journalistes d'Al-Jazeera, la chaîne satellitaire du Qatar devenue la bête noire du Caire.

Campagne de censure

L'ONU et des organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé une campagne de répression contre les médias. Une nouvelle Constitution a été adoptée avec plus de 98% de oui lors d'un référendum en forme de plébiscite autour de la personne du chef de l'armée, le très populaire maréchal Abdel Fattah al-Sissi, déjà donné favori de la présidentielle prévue au printemps.

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