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Egypte: Morsi défie les juges à son procès

Le procès du président égyptien déchu Mohamed Morsi a été ajourné alors qu'il venait de s'ouvrir. L'attitude de l'ancien chef d'Etat serait la cause de la suspension de séance.

04 nov. 2013, 11:25
L'Egypte s'apprête à juger lundi le président islamiste Mohamed Morsi pour "incitation au meurtre". L'accusé encourt la peine de mort.

Le président déchu Mohamed Morsi a défié les juges au premier jour de son procès pour incitation à la violence lundi au Caire. Scandant "A bas le régime militaire", il s'est présenté comme le seul chef "légitime" de l'Etat égyptien. Son procès a été ajourné jusqu'au 8 janvier.

Le dirigeant islamiste, écarté par l'armée le 3 juillet après de grandes manifestations de rue, a manifesté sa colère et interrompu l'audience à plusieurs reprises, conduisant le tribunal à suspendre les débats avant d'ajourner le procès.

Mohamed Morsi, qui était détenu au secret depuis son renversement, risque, comme quatorze autres dirigeants des Frères musulmans qui comparaissent avec lui, la peine de mort ou la réclusion à perpétuité s'il est reconnu coupable.

Dizaines de morts

Tous sont poursuivis pour incitation au meurtre et à la torture de manifestants devant le palais présidentiel en décembre 2012. L'acte d'accusation se réfère à la mort de dizaines de personnes lors d'affrontements entre Frères musulmans et opposants qui protestaient contre un décret étendant les pouvoirs de Mohamed Morsi, élu six mois plus tôt.

Les partisans des Frères musulmans dénoncent un simulacre de procès destiné à effacer du paysage politique la confrérie, déjà décimée par une violente répression depuis juillet, et à renforcer la mainmise d'un Etat policier.

"Ce procès est illégitime"

Caméras et téléphones étaient bannis de la salle d'audience, installée dans une école de police. Mais la télévision publique a diffusé de brèves images de sa comparution, les premières depuis sa destitution.

Vêtu d'un costume bleu sombre, Mohamed Morsi est notamment filmé derrière les barreaux d'une cage où il a comparu aux côtés des autres prévenus. Ceux-ci applaudissent à l'arrivée de Morsi, font de la main le geste de ralliement de la confrérie - quatre doigts levés et le pouce replié - et tournent parfois le dos à la cour.

"Ce procès est illégitime", lance le président déchu, qui a appelé à "juger les responsables du coup d'Etat militaire". Ses avocats ont eux annoncé qu'ils n'assisteraient au procès que "pour surveiller la procédure judiciaire".

L'audience a eu lieu là même où Hosni Moubarak, renversé en février 2011, est jugé pour complicité dans le meurtre de manifestants lors de la "Révolution du Nil". Mohamed Morsi a ensuite été transféré dans la prison de Borg al-Arab, à Alexandrie.

Centaines de partisans

Des centaines de partisans de Mohamed Morsi s'étaient réunis devant l'école de police afin de lui exprimer leur soutien et dénoncer une nouvelle fois son éviction par le chef d'état-major des forces armées, le général Abdel Fattah al Sissi.

En milieu de journée, des accrochages limités ont eu lieu devant la Cour de cassation dans le centre du Caire, partisans et opposants de Morsi s'échangeant des jets de pierres. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser,

Dans le centre de la ville, la place Tahrir, épicentre des manifestations de l'hiver 2011 et des mouvements de contestation qui ont suivi, a été bouclée. Le trafic était fluide, signe que de nombreux pro-Morsi ont préféré rester chez eux par peur de la répression.

Depuis la chute du premier président démocratiquement élu de l'histoire de l'Egypte, le gouvernement intérimaire appuyé par les militaires a en effet lancé une implacable répression contre la confrérie islamiste, tuant des centaines de ses partisans et arrêtant presque tous ses dirigeants.

Parallèlement s'est déclenchée une vague de violences sans précédent depuis l'insurrection islamiste des années 1990, qui a fait une centaine de morts dans les rangs des forces de sécurité.

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