Votre publicité ici avec IMPACT_medias

France: Béziers honore un partisan de l'Algérie française

Le subversif maire de Béziers Robert Ménard a renommé une rue de sa ville en honneur à un partisan de l'Algérie française. Une initiative vivement critiquée par le premier ministre français Manuel Valls.

14 mars 2015, 17:57
Robert Ménard est connu pour être l'ancien président de Reporters Sans Frontières.

M. Ménard, élu avec le soutien du Front National (FN), a "débaptisé" la "Rue du 19 mars 1962", date des accords d'Evian qui avaient mis fin à huit ans de conflit. Il l'a renommée en "Rue du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc", un militaire partisan à l'époque de l'Algérie française.

"L'Algérie, c'est notre paradis", a lancé M. Ménard devant 2000 à 2500 personnes, dont 500 opposants, qui l'ont hué aux cris de "Ménard facho, Ménard assassin!". Le maire, élu en mars 2014, a achevé son discours sous les acclamations de ses partisans scandant "Algérie française".

Condamné après le putsch de 1961

"Pour nos frères musulmans, il ne faut pas occulter la réalité de notre histoire. Hélie de Saint-Marc était de ceux qui pouvaient mourir pour des idées, pour eux", a ajouté l'ancien président de Reporters sans frontières (RSF).

Hélie Denoix de Saint-Marc (1922-2013) a été résistant et déporté à Buchenwald pendant la Deuxième guerre mondiale. En avril 1961, il avait fait le choix de l'Algérie française et avait participé au putsch des généraux. Condamné après l'échec de l'opération, il avait été réhabilité en 1978 et fait grand croix de la Légion d'honneur en 2011 par Nicolas Sarkozy.

"Le FN n'aime pas la France"

La décision de M. Ménard a suscité samedi la réprobation du Premier ministre Manuel Valls, qui ne cesse de mettre en garde contre la montée du Front national à l'approche des élections départementales des 22 et 29 mars.

"La nostalgie, et notamment la nostalgie de l'Algérie française, n'apportera rien de bon", a-t-il déclaré. "Le Front national n'aime pas la France, le Front national n'est pas un parti républicain, c'est rance, c'est triste".

Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a aussi dénoncé cette initiative. "Avec Denoix de Saint Marc, (Robert) Ménard et (le) FN montrent leur visage: réécrire l'Histoire, mépriser la mémoire et s'en prendre à la République", écrit-il sur Twitter. "Face à ceux qui cherchent à raviver les plaies du passé pour nous diviser, plus que jamais, le devoir de rassemblement s'impose".

Soutien du FN à Ménard

Le FN a de son côté défendu le maire de Béziers. "Total soutien à Robert Ménard pour l'hommage qu'il rendra ce jour au commandant Hélie Denoix de Saint-Marc contre la révision de l'histoire", a ainsi écrit sur Twitter le vice-président du parti, Louis Aliot.

Dans un entretien au "Parisien" à paraître dimanche, la présidente du parti, Marine Le Pen, fustige de son côté "Valls la fureur, qui en toute circonstance éructe sa haine contre nous".

"C'est lui qui jette les Français les uns contre les autres, alors qu'il est censé être le Premier ministre de tous", dit-elle. "Donc, si le PS prend une déculottée aux élections, il faut que Valls... valse", ajoute-t-elle, à une semaine du premier tour des élections départementales.

Dimanche dernier, le Premier ministre a dit sa "peur que la France se fracasse sur le FN" puis il a revendiqué la "stigmatisation" de la formation d'extrême-droite. Pour des analystes, la violence de la charge répond à un objectif de court terme avec les départementales, mais vise aussi à préparer les échéances de 2017, voire au-delà.

Polémiques

Depuis son élection en mars 2014, Robert Ménard a créé de nombreuses polémiques. En février, une campagne annonçant l'armement de la police municipale avait suscité l'indignation d'élus de gauche et du ministre de l'Intérieur qui avait regretté une "tonalité délibérément provocatrice". "Désormais la police municipale a un nouvel ami", disaient les affiches en question.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias