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L'Egypte à feu et à sang pour la "journée de la colère"

La "journée de la colère" décrétée vendredi par les Frères musulmans a dégénéré en de nouveaux affrontements meurtriers au Caire et dans d'autres villes du pays. Au moins 70 personnes, majoritairement des pro-Morsi, ont été tuées.

17 août 2013, 08:32
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 La "journée de la colère" décrétée vendredi par les Frères musulmans en Egypte a dégénéré en de nouveaux affrontements meurtriers au Caire et dans d'autres villes du pays. On comptait au moins 83 morts en soirée. Un appel des islamistes à manifester samedi fait craindre une nouvelle escalade.

Alors que des quartiers entiers du Caire ont été transformés en champs de bataille tout au long de la journée durant laquelle les pro-Morsi se sont mobilisés en masse à travers le pays, les manifestations ont quasiment cessé une heure après l'entrée en vigueur du couvre-feu nocturne, à l'appel de "l'Alliance contre le coup d'Etat".

Celle-ci a néanmoins appelé à des manifestations quotidiennes à compter de samedi pour dénoncer le "massacre" de mercredi, journée la plus sanglante depuis la chute du régime Moubarak en février 2011 avec 578 morts.

Le pouvoir mis en place par l'armée après la destitution de M. Morsi le 3 juillet affirme désormais se battre contre un "complot terroriste malveillant des Frères musulmans", la confrérie du président déchu. Elle a autorisé ses hommes à ouvrir le feu sur les manifestants.

Mises en garde ignorées

Deux jours après l'intervention sanglante des forces de l'ordre contre les campements qu'ils occupaient au Caire, des milliers de partisans de l'ancien président ont répondu à l'appel de la confrérie.

Bravant les mises en garde du gouvernement, ils ont de nouveau exigé le rétablissement de Mohamed Morsi dans ses fonctions et la démission du chef de l'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah al Sissi, qu'ils tiennent responsable des troubles meurtriers de mercredi.

Des milliers d'islamistes ont convergé à la sortie des grandes prières du vendredi vers la place Ramsès, dans le centre de la capitale, où des affrontements ont éclaté.

Morgues improvisées

Dans deux morgues improvisées dans des mosquées du quartier, un correspondant de l'AFP et des témoins ont compté au moins 39 corps. En outre, des sources médicales et de sécurité ont fait état de 44 morts dans différentes autres provinces. Dont 10 tués dans la soirée par les forces de l'ordre à Suez parce qu'une manifestation bravait le couvre-feu, selon des sources de sécurité.

Le parti de la Liberté et de la Justice, le bras politique des Frères musulmans, a fait état de 130 morts dans la capitale seule.

Des tirs ont également été entendus dans d'autres grandes villes du pays. Le ministère de l'Intérieur a fait état de plusieurs attaques de pro-Morsi contre des postes de police.

Inquiétude à l'étranger

De nombreux pays occidentaux ont condamné les violences. Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé à un "maximum de retenue".

La cheffe de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a invité les Etats membres de l'UE à prendre "des mesures appropriées", alors qu'une réunion des représentants des 28 États membres est prévue lundi à Bruxelles.

Les Etats-Unis ont de leur côté annulé des exercices militaires communs, sans aller jusqu'à interrompre l'aide annuelle (1,5 milliard de dollars) versée en grande partie à la toute-puissante armée de leur allié. Ils ont exhorté cette dernière à ne pas recourir à "la force létale" contre des manifestants non violents.

Pays arabes

La majorité des dirigeants arabes ont eux appuyé tacitement le coup de force sanglant contre les Frères musulmans. Selon des experts, ils y voient un coup d'arrêt à la menace que représente la confrérie pour leur pouvoir.

Seuls le Qatar, parrain des Frères musulmans, et la Tunisie, où le parti au pouvoir appartient à la même mouvance, ont condamné de manière virulente le bain de sang.

"Toutes les monarchies du Golfe, sauf le Qatar, ainsi que la Jordanie et d'autres pays arabes craignaient l'exportation de la révolution des Frères musulmans chez eux. C'est pour cela qu'elles ont misé sur un retour au schéma classique d'un pouvoir fort en Egypte, pays pivot du monde arabe", estime Khattar Abou Diab, professeur à Paris-Sud.

Pour Abou Diab, spécialiste du monde arabe,"l'option démocratique dans le monde arabe est plus ou moins stoppée. Ce qui s'est passé en Egypte peut donner des idées à d'autres en Libye et en Tunisie. Cette mainmise de l'armée en Egypte pourrait faire tache d'huile".

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