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Le pape repart de Lesbos avec trois familles de réfugiés syriens

Le pape François a quitté samedi après-midi l'île de Lesbos avec trois familles de réfugiés syriens qui seront hébergées au Vatican.

16 avr. 2016, 10:15
/ Màj. le 16 avr. 2016 à 20:57
Le pape François a appelé les quelque 3000 migrants enfermés dans le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, à ne pas perdre "espoir". Il leur a assuré qu'ils ne sont "pas seuls", tout en exhortant le monde à répondre à cette crise "de manière digne".

Les migrants ne sont pas "des numéros", "nous sommes tous des migrants": à Lesbos, symbole du verrouillage croissant de l'Europe, le pape a appelé samedi le monde à répondre de manière "digne" à l'exode enclenché en 2015. Le souverain pontife a montré l'exemple en ramenant au Vatican 12 réfugiés syriens.

Il s'agit de trois familles musulmanes, dont les "maisons ont été bombardées", l'une venant d'une zone occupée par l'Etat islamique (EI), a précisé le Vatican.

Les familles habilitées à accompagner l'évêque de Rome ont été choisies par tirage au sort, ont rapporté des médias. La communauté chrétienne de Sant'Egidio, dont le siège se trouve dans la capitale italienne, s'occupera des trois familles de réfugiés.

Ce "geste d'accueil", selon le Vatican, a été annoncé au terme d'une journée où, en compagnie du patriarche de Constantinople Bartholomée et de Ieronymos, l'archevêque orthodoxe d'Athènes, et de toute la Grèce, le pape a fait braquer une nouvelle fois les projecteurs sur cette crise. "Vous n'êtes pas seuls (...). Ne perdez pas espoir", a-t-il lancé aux migrants.

Bain de foule

La visite de cinq heures a été marquée par un bain de foule dans le camp de Moria. A l'intérieur vivent des réfugiés et des migrants arrivés depuis l'entrée en vigueur de l'accord UE-Turquie qui prévoit le renvoi de tous les arrivants irréguliers à partir du 20 mars vers la Turquie, y compris les demandeurs d'asile syriens.

A Lesbos, le pape a critiqué implicitement les dirigeants européens et leur frilosité à accueillir les exilés, malgré leurs engagements. "Puissent tous nos frères et soeurs de ce continent, comme le Bon Samaritain, vous venir en aide dans cet esprit de fraternité, de solidarité et de respect pour la dignité humaine qui a marqué sa longue histoire", a-t-il déclaré. Il a appelé le monde à répondre à cette crise de manière "digne de notre humanité commune".

Déclaration commune

A Moria, les trois dignitaires ont serré des centaines de mains, béni des enfants, reçu des dessins de leur part. Ils ont aussi partagé un repas frugal avec quelques réfugiés. "Freedom" (liberté), a scandé la foule sur leur passage. Alors que les conditions de vie dans le camp surchargé sont dénoncées comme indignes par les ONG, certains portaient une pancarte "help" (à l'aide).

Les dignitaires orthodoxes ont partagé l'appel du pape. "Ceux qui ont peur de vous ne vous ont pas regardés dans les yeux (...) n'ont pas vu vos enfants", a lancé Mgr Bartholomée. "Le monde sera jugé sur la manière dont il vous aura traité", a-t-il ajouté.

Les trois prélats ont signé une déclaration commune appelant le monde à répondre avec "courage" à cette "crise humanitaire colossale", dans une rare manifestation d'unité entre catholiques et orthodoxes.

Minute de silence

Changement de décor et de public l'après-midi: devant une foule nombreuse d'habitants et de touristes, les trois religieux se sont rendus sur le Port de Mytilène. Ils ont rendu hommage aux centaines de migrants noyés depuis l'an dernier en traversant le bras de mer Egée qui sépare la Turquie de Lesbos et à la population de l'île pour son aide aux arrivants.

Il ne faut "jamais oublier que les migrants, avant d'être des numéros, sont des personnes, des visages, des noms, des histoires", a insisté le pontife, avant d'évoquer ceux, dont beaucoup d'enfants, "qui ont perdu la vie en mer, victimes de voyages inhumains et soumis aux brimades de lâches bourreaux".

Après une minute de silence, les dignitaires ont chacun jeté à la mer une couronne de fleurs en mémoire des victimes.

Ces tragédies se sont toutefois raréfiées, car depuis l'entrée en vigueur de l'accord UE-Turquie, les arrivées sur les îles grecques sont passées à plusieurs dizaines par jour contre plusieurs milliers cet été.

 

 

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