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Naufrage du ferry en Corée du Sud: le capitaine écope de 36 ans de prison

Lee Joon-Seok, le capitaine sud-coréen du ferry naufragé en avril, a été condamné mardi à une peine de 36 ans de prison. Le drame avait fait 304 morts, dont 250 lycéens.

11 nov. 2014, 08:16
Lee Joon-seok, 69 ans, avait quitté précipitamment le navire après le naufrage.

Accusé d'avoir abandonné plus de 300 passagers à leur sort funeste, le capitaine du ferry sud-coréen qui avait sombré en avril au sud de la péninsule a été condamné mardi à 36 ans de réclusion. Sur les 476 passagers du Sewol, 304 avaient trouvé la mort, dont 250 lycéens d'un même établissement.

A l'issue d'un procès marathon de cinq mois qui aura vu défiler à la barre des rescapés aux témoignages accablants, Lee Joon-Seok, 69 ans, a été reconnu coupable de plusieurs manquements graves à ses devoirs d'officier. Les trois juges du tribunal de Gwangju n'ont cependant pas suivi le réquisitoire du parquet, qui avait demandé la peine capitale pour "homicide par négligence aggravée".

"Il ne nous a pas été possible de conclure que les accusés (...) savaient que les victimes allaient mourir à cause de leurs agissements, ni qu'ils avaient l'intention de les tuer", ont déclaré les magistrats. "En conséquence, les chefs (d'accusation) de meurtre sont rejetés".

Colère des familles

Certaines familles présentes à cette ultime audience ont laissé éclaté leur colère en comprenant que le capitaine échappait à la peine de mort, même si celle-ci n'a plus été appliquée depuis 1997. "Où est la justice?", a lancé une femme aux juges. "C'est injuste. Qui pense à la vie de nos enfants? Ils (les accusés) méritent plus que la mort", s'est écriée une autre.

Le capitaine du ferry avait quitté précipitamment le navire après le naufrage survenu le 16 avril au large de la pointe sud de la péninsule coréenne alors que des centaines de personnes étaient prises au piège.

"J'étais trop paniqué"

Pendant les débats, le capitaine Lee, dont la fuite sur un navire des secours a été filmée, a estimé qu'il "méritait" la peine capitale. Mais il a souligné qu'il n'avait pas eu l'intention de sacrifier la vie des passagers.

"J'étais trop paniqué, j'étais incapable de faire quoi que ce soit, a-t-il plaidé. Je n'ai pas pris les mesures appropriées, ce qui a conduit à la perte de nombreuses vies précieuses."

Contre trois autres gradés appartenant à l'équipage, et pour lesquels le ministère public avait requis la réclusion criminelle à perpétuité, le tribunal s'est également montré plus clément. Il a prononcé des peines comprises entre 15 et 30 ans.

Fin des recherches

L'épilogue judiciaire de cette catastrophe, parmi les plus meurtrières qu'ait connues la Corée du Sud en temps de paix, coïncide avec la fin des recherches sous-marines officiellement déclarée quelques heures avant le prononcé du verdict alors que les corps de neuf disparus n'ont pas été retrouvés.

"La situation dans le bateau est devenue trop difficile pour poursuivre les opérations de recherches", a justifié le ministre des Affaires maritimes Lee Ju-Young.

Combinaison de facteurs

L'instruction a mis en évidence une combinaison de facteurs expliquant la catastrophe, de la surcharge du navire de 6825 tonnes à l'incompétence de l'équipage, en passant par des travaux d'agrandissement illégaux qui ont affaibli sa flottabilité.

Mais la colère des familles s'est centrée sur les membres de l'équipage, parmi les premiers à grimper à bord des canots de sauvetage, abandonnant à leur sort des centaines de passagers toujours coincés à bord du navire en perdition.

L'angoisse des familles s'est trouvée décuplée lorsqu'il est apparu que l'équipage avait donné l'ordre aux passagers de ne pas bouger, ce qui a coûté de nombreuses vies, d'après l'accusation.

Des vidéos tournées par des lycéens sur leurs téléphones portables, et retrouvées lors de la récupération des corps dans l'épave, faisaient entendre un message par haut-parleurs leur intimant de ne pas bouger alors que le ferry prenait de plus en plus de gîte. Les passagers ne sont plus parvenus ensuite à remonter des couloirs à l'oblique, rendus glissants par l'eau qui s'engouffrait.

Avocats difficiles à trouver

L'émotion suscitée par cette affaire était si vive en Corée du Sud que certains s'étaient demandés si les accusés allaient bénéficier d'un procès équitable. La présidente Park Geun-Hye avait assimilé leurs agissements à ceux de meurtriers quelques semaines après le désastre. Les accusés ont eu du mal à trouver des avocats qui acceptent de les défendre.

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