Les dirigeants des grandes puissances mondiales ont accordé samedi à Donald Trump des concessions sur les sujets très sensibles du commerce et du climat. Cela dans l'espoir de le maintenir dans le giron du G20.
La déclaration finale, adoptée après deux jours de sommet sous haute tension à Hambourg, porte la marque des controverses entre la nouvelle administration étasunienne et le reste du monde.
Concernant le climat, le G20 a pris acte de la sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris et de l'isolement du pays sur la question: tous les autres Etats considèrent dans le texte que cet accord est "irréversible".
La Turquie a toutefois dans la foulée lézardé ce front uni, menaçant de ne pas ratifier l'accord sur le climat après la décision des Etats-Unis. Ankara affirme que la France, au moment de la signature de l'accord, a promis à la Turquie des compensations financières qui ne se sont pas encore concrétisées.
Politique divergente
Dans le même temps, les Etats-Unis obtiennent le blanc-seing du G20 pour mener une politique divergente. Le texte dit qu'ils vont aider d'autres pays dans le monde à "avoir accès et utiliser des énergies fossiles".
Une politique à contre-courant de l'objectif de l'ONU d'une économie moins gourmande en carbone, même s'il est précisé par le G20 que ces énergies fossiles seront utilisées de manière "plus propre".
Gaz de schiste
Concrètement, il s'agit surtout pour les Etats-Unis de vendre leur gaz de schiste. Ce point du compromis a fait l'objet d'âpres débat, plusieurs pays redoutant "un effet de contagion".
Le président français Emmanuel Macron, qui dit ne pas avoir perdu espoir de faire changer d'avis Donald Trump, a lui annoncé la tenue le 12 décembre d'un sommet pour prendre de nouvelles actions en matière de financement de la lutte contre le réchauffement.
Protectionnisme condamné
En matière commerciale, le président étasunien inquiète depuis des mois ses principaux partenaires par ses velléités protectionnistes, illustrées par son slogan "l'Amérique d'abord".
Au G20, les Etats-Unis ont finalement accepté de se rallier dans la déclaration finale à une condamnation du "protectionnisme". Mais en échange, le forum des vingt plus grandes économies mondiales reconnaît pour la première fois le droit des pays victimes de pratiques de sous-enchère de recourir à "des instruments légitimes de défense commerciale".
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à se féliciter de cette évolution. Emmanuel Macron, en particulier, mène une bataille en plaidant pour une "Europe qui protège", notamment en matière commerciale à l'égard de la Chine.
Rencontre Trump-Poutine
Ce G20 a aussi été marqué par la toute première rencontre entre Donald Trump et son homologue russe, qui tous deux espèrent désormais une amélioration de leurs relations.
L'un des sujets principaux a été la question de l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle étasunienne. Vladimir Poutine a indiqué avoir nié qu'il y ait eu d'ingérence et dit croire que son homologue avait été convaincu par ses explications. Une entente aurait été trouvée pour que les deux pays travaillent ensemble en faveur de la cybersécurité.
Manifestations
Electrique dans les salles de réunion, le sommet a été encore plus mouvementé à l'extérieur avec de violents affrontements pendant plusieurs jours, qui ont fait des dizaines de blessés.
De nouveaux heurts ont même éclaté dimanche à l'aube, au lendemain donc de la fin du G20. Les manifestants se sont regroupés dans le quartier de Schanzen, bastion local de la gauche radicale et haut lieu des échauffourées depuis jeudi.
Armés de bouteilles, ils ont mis le feu à des véhicules. Ils ont été repoussés par la police à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau, a annoncé celle-ci sur Twitter.
Au total, 476 policiers ont été blessés depuis jeudi, parmi les plus de 20'000 déployés, et 186 personnes ont été arrêtées. Le nombre des manifestants blessés n'était pas encore connu avec précision.