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Tunisie: une femme violée devant un juge pour "atteinte à la pudeur"

Une jeune femme violée par des policiers a été interrogée mardi par un juge d'instruction de Tunis qui doit décider de l'inculper ou non "d'atteinte à la pudeur".

02 oct. 2012, 19:20
Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a dénoncé "avec force" le viol de la jeune femme, dans un entretien mardi.

La jeune femme tunisienne de 27 ans, violée par des policiers début septembre, était interrogée par un juge d'instruction dans le cadre d'une information judiciaire pour "atteinte à la pudeur" la visant, ainsi que son fiancé. 

Ce délit est passible de six mois de prison ferme. Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a dénoncé ce viol "avec force".
 
Après un interrogatoire de plus de deux heures par le juge d'instruction Mohamed Ben Meftah, les avocats de la victime se voulaient "optimistes" quant à l'abandon des poursuites.
 
"Ce serait déraisonnable de maintenir un telle accusation. J'ai confiance en l'équité de la justice", a indiqué Me Emna Zahrouni sans plus de précisions.
 
Selon une source au tribunal, le juge doit décider dans les heures ou les jours à venir s'il "classe l'affaire ou la transfère devant le tribunal compétent".
 
La jeune femme, qui tient à garder son anonymat, est arrivée au tribunal le visage caché par des lunettes de soleil et un foulard noir. Son fiancé avait lui une serviette sur la tête.
 
"Le monde entier me soutient. Je demande votre soutien", a déclaré la victime du viol, des sanglots dans la voix, tout juste avant d'entrer avec ses avocats dans le bureau du juge Mohamed Ben Meftah.
 
Dans une "position immorale"
 
Les violeurs présumés ont affirmé que le couple était dans une "position immorale" au moment de leur interpellation, tout juste avant le viol.
 
Le couple aurait été surpris en plein ébats dans une voiture par les policiers. Deux agents ont alors conduit la jeune femme dans un véhicule de police où ils l'ont violée pendant qu'un troisième tentait d'extorquer de l'argent au jeune homme.
 
Peine capitale possible
 
Les trois policiers, incarcérés dès début septembre, risquent de très lourdes sanctions, le viol avec violence étant théoriquement passible de la peine capitale en Tunisie. Mais aucune exécution n'y a eut lieu depuis plus de vingt ans.
 
Plusieurs centaines de personnes manifestaient dans la matinée leur soutien à la victime devant le tribunal de première instance de Tunis.
 
Elles brandissaient des pancartes et banderoles proclamant notamment "Révolution volée, femme voilée, petite fille violée" ou encore "Violée ou voilée, faut-il choisir?".
 
Cette affaire a suscité un vaste scandale. Des opposants, des ONG et des médias tunisiens considèrent que ces poursuites, qui transforment la "victime en accusée", illustrent la politique à l'égard des femmes menée par les islamistes qui dominent le gouvernement.
 
Réaction du Premier ministre
 
Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a dénoncé "avec force" le viol de la jeune femme, dans un entretien mardi au quotidien belge "Le Soir" en marge d'une visite à Bruxelles. Il a promis que les policiers "seront jugés sévèrement".
 
"Il y a peut-être, selon l'autorité judiciaire, un cas d'attentat à la pudeur, mais l'essentiel dans cette affaire est l'atteinte inacceptable à la dignité d'une femme", a-t-il ajouté.
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