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Typhon Haiyan: la colère monte chez les survivants face à la lenteur de l'aide

Les survivants du typhon Haiyan aux Philippines sont en colère. L'aide parvient au compte-goutte et les vols arrivant et repartant de Tacloban sont encore très "limités" et les ferries surchargés.

13 nov. 2013, 12:50
epa03947688 Passengers wait for a rescue airplane at a damaged aiport in the super typhoon devastated city of Tacloban, Leyte province, Philippines, 13 November 2013. Aid workers and relief supplies were being poured into eastern provinces hit by Typhoon Haiyan, which aid agencies and officials estimated has left thousands dead and staggering destruction in its wake. The official death toll in the Philippines from one of the world?s strongest typhoons rose to 1,833, the national disaster relief agency said with many towns still unaccounted for.  EPA/RITCHIE B. TONGO

Des milliers de personnes tentaient désespérément mercredi d'obtenir une place sur un des rares vols quittant une des zones les plus touchées par le typhon Haiyan aux Philippines. La colère des survivants privés de tout montait face à l'arrivée atrocement lente de l'aide.

Ajoutant à un bilan qui devrait se chiffrer en milliers de tués - même si les estimations sont pour l'instant difficiles -, les autorités ont annoncé mercredi que huit personnes avaient été tuées la veille dans l'effondrement d'un mur d'un entrepôt de riz en train d'être pillé par la foule à Alangalang, à 17 kilomètres de Tacloban, l'une des villes les plus touchées.

Les pillards sont repartis avec plus de 100 000 sacs de 50 kilos de riz chacun, a précisé le porte-parole de l'Autorité nationale de l'Alimentation, Rex Estoperez, notant que les policiers et soldats qui gardaient les lieux avaient été totalement dépassés.

L'enterrement collectif de victimes a été reporté mercredi, le convoi transportant les dépouilles ayant dû faire demi-tour après des coups de feu, a indiqué le maire de Tacloban, Alfred Romualdez.

Ferries chargés à Tacloban

Cinq jours après le passage du typhon Haiyan, l'un des plus puissants à avoir jamais touché terre, accompagné de vents à plus de 300 km/h et de vagues de plus de 5 mètres, de nombreux sinistrés de Tacloban ont perdu tout espoir et cherchent à tout prix à fuir.

Certains d'entre eux, épuisés, traumatisés et affamés, ont provoqué une bousculade mercredi matin à l'aéroport de la ville, en ruines, suppliant de pouvoir embarquer dans un des avions militaires qui apportent aide humanitaire et équipement.

"Tout le monde panique. Ils disent qu'il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, ils veulent partir d'ici", a dit le capitaine Emily Chang, médecin militaire qui traite les blessés tant bien que mal dans le complexe de l'aéroport.

Les vols arrivant et repartant de Tacloban sont encore très "limités" et les ferries surchargés, a renchéri le porte-parole de la Croix-Rouge internationale en Asie-Pacifique (CICR), Patrick Fuller. "Vous pouvez comprendre le désespoir des gens", a-t-il ajouté.

Plus de 2000 tués

Malgré les promesses de dons de la communauté internationale et l'envoi de navires de guerre occidentaux dont la plupart mettront plusieurs jours à arriver, l'aide parvient encore au compte-goutte, même si les autorités ont assuré mercredi que toutes les routes avaient désormais été dégagées sur les deux îles les plus touchées.

"Tous les produits d'aide nécessaires peuvent arriver à Tacloban", a assuré le chef du Conseil national de réduction et de gestion des risques de catastrophes. Mais l'établissement d'un bilan des victimes reste difficile.

Le dernier bilan provisoire du gouvernement fait de son côté état de 2275 tués et 80 disparus, alors que des corps qui jonchent encore les rues de certaines villes détruites, où flotte dans l'air une odeur de décomposition.

Le secrétaire du gouvernement Rene Almendras a reconnu que les autorités avaient été dépassées par le nombre de tués.

Bateaux américains attendus

Au total, l'ONU estime que plus de 11 millions d'habitants, soit plus de 10 % de la population du pays, ont été affectés par cette catastrophe, dont 673 000 ont été déplacés. Et selon l'Organisation internationale du Travail (OIT), quelque trois millions de personnes ont perdu temporairement ou définitivement leur moyen de subsistance.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que des équipes en provenance de Belgique, du Japon, d'Israël et de Norvège étaient arrivées sur place pour installer des hôpitaux de campagne.

Et mercredi, les Etats-Unis ont annoncé l'envoi supplémentaire de deux navires qui disposent notamment de capacité de désalinisation d'eau de mer.

Policiers et militaires sur place

Alors que les autorités n'ont pas été capables pour l'instant de donner eau, nourriture, médicaments et abris, des survivants ont pris les armes dans certaines zones pour piller les bâtiments encore debout.

Pour décourager les pillards, un couvre-feu a été établi à Tacloban et des centaines de soldats et de policiers ont été déployés à travers la ville.

Si la situation dans cette ville est "affligeante", l'inquiétude est également grande pour certaines îles à l'écart, a commenté Patrick Fuller. "Je pense qu'il faudra des jours, si ce n'est des semaines, avant d'avoir un tableau précis de la situation", a-t-il ajouté.

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