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Yémen: l'Arabie Saoudite dénoncée pour le carnage de Sanaa

Un carnage ayant fait plus de 140 morts à Sanaa met l'Arabie Saoudite dans l'embarras. Ses bombardements incessants sur le Yémen sont plus que jamais dénoncés par la communauté internationale. Les États-Unis tentent de se distancer de leur allié.

09 oct. 2016, 17:57
La population est descendue dans les rues pour dénoncer le massacre perpétré par l'Arabie Saoudite.

L'Arabie saoudite était de nouveau dimanche sur la sellette au lendemain d'un carnage ayant fait plus de 140 morts et 525 blessés dans la capitale yéménite Sanaa. Ces frappes aériennes mettent aussi dans l'embarras Washington. L'allié de Ryad va réexaminer son soutien à la coalition arabe.

Selon l'ONU, des frappes aériennes ont touché de plein fouet une grande cérémonie funéraire samedi dans la ville contrôlée par les rebelles chiites. Parmi les victimes figurent des personnalités politiques, des responsables militaires, sans parler de très nombreux civils. Des experts ont estimé que cette attaque tuait les perspectives de cessez-le-feu et de règlement politique.

La coalition conduite par l'Arabie saoudite a nié dans un premier temps toute implication, avant de publier un communiqué dans la nuit annonçant une enquête "immédiate". "Profondément troublés", les Etats-Unis, alliés de Ryad, ont annoncé le réexamen de leur soutien à la coalition arabe, qui avait déjà été réduit ces derniers mois.

Les relations entre Washington et Ryad n'ont cessé de se détériorer ces deux dernières années, en particulier après une amorce de rapprochement américano-iranien.

L'objectif de la coalition arabe est de rétablir l'autorité du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale sur l'ensemble du pays. Le Yémen est en partie contrôlé par les rebelles chiites Houthis, qui se sont emparés de Sanaa il y a deux ans.

Condamnations tous azimuts

Le bain de sang a été dénoncé par Washington, Téhéran, la Syrie, la Croix-Rouge et les Nations unies. L'Iran, qui soutient les Houthis, a vivement réagi. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, "a condamné fermement les frappes" saoudiennes, les qualifiant de "crime épouvantable contre l'humanité".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "condamné" l'attaque "absolument inacceptable", qui "serait" le résultat de "frappes aériennes par la coalition". Il a exigé "une enquête rapide et impartiale", estimant que "les responsables doivent être traduits en justice". La France a également condamné l'attaque et demandé une enquête indépendante sur ces frappes.

Le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, n'a pas mâché ses mots. "La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire". Dans un communiqué, le CICR s'est dit "horrifié" par ces nouvelles pertes "monstrueuses" de vies civiles.

Un cessez-le-feu qui s'éloigne

Ces personnes étaient venues présenter leurs condoléances pour la mort du père du "ministre de l'Intérieur" des rebelles, Jalal al-Rouichène. Le maire de la capitale Sanaa, Abdel Qader Hilal, figure parmi les morts.

Cependant, a précisé à l'AFP l'experte April Alley de l'International Crisis Group, "l'attaque semble avoir tué un certain nombre de personnalités politiques et d'officiers militaires du nord qui oeuvraient à un règlement politique".

Cette spécialiste a évoqué un "tournant" car l'attaque "a presque certainement tué tout espoir de cessez-le-feu", évoqué vendredi par le médiateur de l'ONU pour le Yémen Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. Le carnage "aura des conséquences à plus long terme" sur les possibilités d'un "plan de paix viable".

Vengeance

L'attaque "ne restera pas impunie", a prévenu le Conseil politique suprême, mis en place récemment par les Houthis et leurs alliés. Il a appelé ses partisans à "user de tous les moyens pour répondre à ce crime".

Le ton est d'ailleurs monté avec une manifestation dimanche à Sanaa de milliers de partisans des Houthis qui ont crié "Mort aux Al-Saoud", la famille régnante à Ryad, et des déclarations belliqueuses de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, allié des rebelles, qui a appelé à une mobilisation militaire à la frontière saoudienne

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