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Paléo 2016: Polnareff a bouclé une 41e édition de très haut niveau

Paléo 2016 a refermé sa 41e édition sur un magnifique feu d'artifice et un récital de haute tenue du rare Michel Polnareff. Le "Dieu vivant" de la musique celtique Alan Stivell a eu du mal à emporter son public sur le navire des Tri Martelod mais dans l'ensemble Thomas Dutronc comme l'humoriste D'jal et la sensation world-pop A-wa ont rempli le contrat au delà des espérances.

25 juil. 2016, 12:17
/ Màj. le 25 juil. 2016 à 13:15
Michel Polnareff et sa bien jolie poupée qui fait non, non, non... Son concert, ce fut plutôt oui, oui, oui... Magnifique "finish" de ce Paléo 40+1.

A-wa, Ibrahim Maalouf, Louane, Thomas Dutronc ou Stéphanie Blanchoud... le feu d'artifice n'a pas commencé à 23 heures mais bien avant sur une plaine de l'Asse en fusion. D'abord les Israéliennes d'origine yéménite ont peut-être convoqué la "Déesse protectrice", l'idole de tout le peuple hébreu Ofra Haza, et quelques autres figures tutélaires de la musique mondiale pacifique comme Bob Marley ou Avi Geffen (dans un pays en situation de conflit quasi-permanent, la musique a toujours eu une place privilégiée de Haïfa à Eilat, de Jaffa à Nahariya, de Jérusalem à Ashkelon... et c'est vrai, elle adoucit les moeurs) pour obtenir un coup de pouce sur scène. Les trois magnifiques sœurs Tair, Liron et Tagel nous reçoivent en dehors de leur loge et racontent leur amour de la fête, de ce croisement de cultures et de générations qui les caractérisent. Les jeunes femmes, qui ont passé la vingtaine il n'y a pas si longtemps, aiment encore jouer de la musique devant le reste de la famille, ce soir leur famille s'appelle le Paléo. «Notre génération utilise les traditions du peuple yéménite pour les retranscrire dans un mélange contemporain mêlant le hip-hop et d'autres expressions musicales festives... Nos grand-mères nous ont transmis oralement leurs chants... On se sent connectées aux mélodies, au groove... alors amener celui-ci sur la scène et rendre le plaisir accessible à tout le monde, avec nos messages d'amour, c'est génial. Acceptons tout le monde, célébrons la vie et concentrons-nous sur la construction de nos vies...» Quel beau message de paix de ces jeunes dames bien mûres intellectuellement pour leur âge en ces temps horrifiants. Et on a le plaisir de voir ce trio élégant et joyeux dérouler une heure de musique sur la scène du Détour en rythme. Une musique où la patte du leader de Balkan Beat Box, le producteur Tamir Muskat se fait sentir inconsciemment, car elle mêle des petits sons electro-moyen-orientaux, des bribes de reggae minimal et beaucoup de joie de chanter ensemble comme sur l'un des titres les plus jouissifs de leur premier album « Habib Galbi », l'hybride «Lau Ma Al Mahaba». Sur ce titre joué devant un public se délectant de smashs dans des ballons colorés, la polyphonie fraternelle est du plus bel effet et mélange un beat dub sautillant et gentil aux harmonies vocales parfaites du trio. L'orchestre entourant les soeurs d'A-wa (« On y va » en arabe) impose un groove moletoné, chaud et sec comme un vent dans le désert du Sinaï que de nombreux musiciens de l'Etat hébreu ont traversé en quête de collaborations, d'instruments et sons arabo-egyptiens.

Ibrahim Maalouf a créé la sensation ! Le trompettiste français a ouvert les vannes pour des vaguelettes d'electro-douce sur ses enregistrements. Sur scène, le génie du jazz, touche-à-tout insatiable, semble bercer ce Paléo 2016 d'une douce bande-son précieuse et très incarnée, complétant l'atmosphère magique que le Sinfonietta de Lausanne a su composer avec son interprétation remarquable de la « Symphonie n°9 » d'Antonín Dvorák un peu plus tôt. A la baguette, le Chef d'orchestre allemand Alexandre Meyer, redoutablement habile dans sa conduite, réalise la prouesse de faire s'évader sous un cagnard déshydratant un public amusé par ce jeu de devinettes... « Tiens, tiens... ce morceau de la 9e n'aura-t-il pas inspiré George Lucas et les musiciens de Star Wars pour la Menace Fantôme ? ». Du son ample et une tenue vestimentaire magique dans le style « camp », transgenre... C'est ce qu'offre les 3Somesisters, « sœurs sourire » décadentes et parentes tout ce qui a de plus fictif... Le lien est musical plus que familial. Ce bout de scène que le groupe parisien partage accueille des voix dignes d'un opéra (et pas qu'opéra classique) avec une mixture musicale contemporaine qui n'est pas sans nous faire penser à Woodkid et d'autres groupes pop un peu théâtraux comme les Sparks. Thomas Dutronc a lui donné, donné et encore donné à ce public respectueux de ses tubes « J'aime plus Paris », « Allongé dans l'herbe »... alternant entre des références poétiques françaises (un texte du chantre du « verbe contestataire », le militant communiste et écrivain Louis Aragon) et des arpèges de guitare sous speed en hommage direct au grand Django Reinhardt. Bravo au fiston de Jacques et Françoise, votre progéniture vous honore de plus en plus dans les plus grands terrains de jeux musicaux de la Francophonie.

La « demi-déception » Alan Stivell

On attendait beaucoup du retour du héros de toute la Celtie réunie. Force est de constater que le Breton Alan Stivell, harpiste talentueux, conteur magnifique et poète didactique a mis beaucoup de temps à rentrer dans ce rendez-vous spécial du 41e Paléo. Le Dôme était comme suspendu pour l'écouter revisiter avec son harpe celtique des tubes comme « Brian Boru »... Il manquait peut-être une voix féminine pour porter ce chant si important pour raconter la résistance irlandaise.face aux Scandinaves. On rencontre un Stivell, habitué des trente premières années de Paléo, porté par ses poèmes en breton ou en anglais, mais un Alan emprunté s'excusant d'exécuter ses poésies féériques et promettant une fin de spectacle en apothéose. On lui pardonnera cet écart de début de concert. Alan fait corps avec l'histoire de Nyon, il est le porte-parole de toutes les déclinaisons musicales dégustées par petits bouchées au goût du sel marin ces derniers jours dans le Dôme. La poésie était partout dans ce Village du Monde et le succès n'a jamais été aussi grand. Espérons un come-back rapide de tous les cousins germains des Helvètes.

L'humour a sa place chaque année à Paléo et celui de D'jal, un franco-marocain vu aux côtés de Djamel ou au « Montreux Comedy Festival »... Ses saillies moquant les Suisses, les Français, les Maghrébins font mouche... Les concitoyens des champions d'Europe de foot en ont pas mal pris pour leur grade, le public a hurlé de rire après avoir entendu l'acteur imiter l'accent lusitanien... Et les Portugais présents à Paléo lui ont réservé «un très bon acouille... ». Les musiciens de Louane et Maalouf ont rangé leurs instruments, c'est l'heure du feu d'artifice, les piliers historiques du Nyon Rugby Club champions de Suisse 2016, Marco, Paco, Jean-François, « La Bresse » et Jean-Pierre se partagent les meilleurs souvenirs des... quarante dernières éditions de Paléo et ça fait un bien fou d'être invité autour d'un asado argentin organisé par le joueur du XV nyonnais Alfredo, pour manger mais aussi pour voir le feu d'artifice des coulisses « à ciel ouvert » du Bar du Rugby. Michel Polnareff n'est pas venu assez souvent pour avoir marqué les mémoires de nos anciennes armoires à glace de la mêlée. « Un jour, je vois accoudé à notre bar Claude Nougaro, protégé par un garde du corps pas jojo. Je m'approche de l'officier de sécurité qui me barre la route vers Nougaro, je lui dis alors que Claude est un ami. Le chanteur écarte son garde du corps pour m'embrasser et me demander comment je vais... » raconte rigolard Jean-Pierre Vuille. « Bien sûr, je ne le connaissais pas. Il m'a demandé du papier et un stylo. J'ai pris congé de Claude Nougaro avec cinq dessins signés du grand Claude. »

C'est le bouquet final que tout le monde attend. Après la reformation de Téléphone sous le nom des Insus, certainement le plus grand bonheur offert aux amateurs de rock en français de toute l'histoire du festival, après l'étonnante prestation des papys fringants du heavy-metal Iron Maiden, Popol débarque sur scène avec sa « Poupée qui fait non »... Le chanteur mystérieux à la tête de caniche à lunettes sort le grand jeu sur un piano qui semble faire dix mètres de large. Michel Polnareff trouve ici assez de disciples fidèles à sa cause dans « son » jardin de l'Asse pour satisfaire son ego. Tel un Shadock facétieux, il s'amuse à pomper dans les réserves vocales des fans pour passer le son de la plaine des 20 à 40 décibels. L'homme communique avec plus d'aisance qu'à une époque pas si éloignée et continue d'explorer son répertoire profond pour envoyer ses aficionados au Paradis... même moi. Le majestueux « Bal des Laze » - qui aurait pu être chanté aussi bien par quelqu'un comme Christophe, Manset voire Bashung - fait suite à « Lettre à France »... Magnifique concert où les mélodies pop grandioses sont servies avec tantôt avec des envolées de piano incontrôlées, tantôt avec des riffs de bûcheron, avec dans des seconds rôles de choix des guitaristes-pointus venus des Etats-Unis. « Goodbye Marylou » est joué pour doucement pré-annoncer la fin d'un grand Paléo. On ne remerciera jamais assez Jacques Monnier et son équipe pour avoir ouvert ce 41e rendez-vous à des musiques du monde entier, à avoir fait des paris comme celui de programmer la Suissesse Stéphanie Blanchoud, chanteuse et comédienne inspirée par les plus grands noms du rock classieux à la française, accompagnée entre autres du violoncelliste. Jean-François Assy (vu avec Bashung, Daniel Darc, Miossec, Olivia Pedroli...), on ne remerciera jamais assez les 4800 bénévoles qui se dépouillent chaque jour pour garantir un niveau de confort maximal aux amoureux de la musique et du spectacle très vivant en plein air. Si vous n'avez pas eu l'occasion de voir les feux d'artifice de 23 heures 15, nous vous proposons de les voir ici, nous avions décidé de partager ce moment magique avec les fans de la page Facebook du Quotidien de La Côte.    

 

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