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Les «précaires» du tennis craignent pour leur survie

Derrière les strass des tournois du Grand Chelem se cache une réalité bien plus dur pour de nombreux joueurs de tennis. Et la crise liée au coronavrius ne fait qu’empirer les choses.

29 mars 2020, 18:00
La Britannique Tara Moore (WTA 447) est souvent venue jouer les interclubs à Bois-Bougy avec le TC Nyon depuis 2017.

Déjà condamnés à la précarité la majeure partie de l’année, de nombreux tennismen et tenniswomen au classement modeste craignent de ne plus pouvoir joindre les deux bouts avec l’arrêt des tournois en raison de la pandémie de coronavirus.

Un risque qu’entend dénoncer Sofia Shapatava, 375e joueuse mondiale, qui plaide la cause des «sans-grade» de son sport auprès de la Fédération internationale de tennis (ITF). La Géorgienne réclame une aide pour les centaines de joueurs qui ont perdu leur gagne-pain avec l’interruption des circuits masculin et féminin pour trois mois. «Les joueurs classés au-delà de la 250e place ne seront plus capables de s’acheter de la nourriture d’ici deux ou trois semaines», prévient Shapatava auprès de l’AFP.

Malgré ça, la joueuse de 31 ans se montre pessimiste quant à sa requête. «Honnêtement, je ne pense pas» que l’ITF y répondra favorablement, a-t-elle dit. «Ils m’ont répondu qu’ils étaient très occupés et qu’ils reviendraient vers moi dès que possible. Mais, après cet e-mail, ils ne m’ont plus répondu», regrette-t-elle.

«Mon sport va mourir»

La semaine dernière, elle a lancé une pétition appelant à un soutien financier de l’ITF, qui a réuni à ce jour près de 1000 signatures. «Je l’ai fait pour aider les joueurs de tennis à être écoutés par l’ITF, après avoir parlé à beaucoup de personnes de leurs plans pour les trois prochains mois et réalisé que certains ne pourraient même pas s’acheter à manger», a écrit la Géorgienne sur son blog.

«Mon problème, c’est que mon sport va mourir. Tel qu’il est, il va mourir parce que les joueurs classés au-delà du 150e rang mondial ne pourront pas jouer», a-t-elle continué.

Shapatava, professionnelle depuis 16 ans, participe principalement à des tournois secondaires de l’ITF, un univers bien loin des Grands Chelems et des multi-millionnaires Serena Williams et Roger Federer. Elle a remporté 354’000 dollars dans sa carrière en près de 1500 rencontres disputées, simple et double combinés.

Depuis janvier, elle a joué à Andrézieux-Bouthéon, dans la Loire, ainsi que quatre tournois aux Etats-Unis: Midland (Michigan), Nicholasville (Kentucky), Rancho Santa Fe (Californie) et Las Vegas (Nevada). Pour, au total, seulement 3300 dollars glanés. Pourtant, par rapport à beaucoup d’autres, Shapatava est bien nantie.

Une «Nyonnaise» inquiète

La Britannique Tara Moore, qui dispute les interclubs avec le TC Nyon depuis 2017, n’a gagné que 2800 dollars depuis le début de l’année, mais a engrangé 473’750 dollars depuis le début de sa carrière, grâce notamment à des invitations à Wimbledon, un tournoi qui pourrait être annulé cet été. En 2016, sa qualification pour le second tour du tournoi londonien lui avait rapporté 62’000 dollars.

«Il y a des choses plus importantes, comme la vie et la mort, mais beaucoup de joueurs de plus petits pays sont privés du moindre revenu, privés de la moindre aide car ils sont considérés comme des autoentrepreneurs», a écrit Tara Moore en soutien à la pétition lancée par Shapatava. «Ce sera dur pour beaucoup de joueurs de survivre lors des prochains mois», a-t-elle conclu.

Alla Kudryavtseva, ex-No 15 mondiale en double et qui a empoché plus de 3 millions de dollars depuis ses débuts professionnels, soutient également le mouvement. «J’ai des économies, je ne suis pas inquiète. Mais qu’en est-il des juniors qui ont choisi de faire carrière dans le tennis et qui sont en pleine transition vers le monde professionnel? Qui n’ont encore aucune chance de faire quelque économie que ce soit? Qui ont peut-être eux-mêmes investi de l’argent?», a interrogé la Russe de 32 ans.

Keystone-ATS

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