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Grisons: critiques contre un projet de second parc national

Un deuxième parc national est projeté aux Grisons. D'une superficie de 1000 kilomètres carrés, il serait six fois plus grand que le Parc national de l'Engadine. Nombreux sont ceux qui estiment que les motifs économiques sont les seuls pris en compte.

18 août 2013, 08:39
Le "Parc Adula", prévu sur le haut plateau de la Greina ne fait pas l'unanimité.

Un deuxième parc national devrait voir le jour dans les Grisons et au Tessin. Des voix critiques estiment que le projet, qui nécessite un important investissement en personnel et financier, répond surtout à des motifs économiques. Le "Parc Adula" apporterait bien peu à la nature, selon elles.

Le futur parc, prévu autour du haut plateau grison de la Greina, est ambitieux. Avec sa surface de plus de 1000 kilomètres carrés, il serait six fois plus grand que le Parc national actuel en Engadine.

Contrairement à ce dernier, le Parc Adula ne serait pas une réserve naturelle strictement préservée. Il se composerait d'une zone principale modérément protégée et de la zone environnante, aux faibles restrictions.

Cette dernière présente des opportunités économiques et n'est pas soumise à de nouvelles lois ou prescriptions, indique Julia Lüscher, ingénieure en environnement et responsable du tourisme durable pour le Parc Adula. Le but est de mettre en place un développement durable. De plus, il contribue déjà à la promotion de produits locaux.

"Pour nous, le développement régional et la protection de la nature sont étroitement liés", explique Julia Lüscher. Un parc national offre la possibilité de revaloriser la nature et de créer des places de travail. C'est pour cette raison que les aspects économiques sont mis en avant durant la phase de promotion en cours.

Activités économiques limitées

La vaste zone principale de 170 kilomètres carrés constitue le coeur du projet, où les activités humaines seraient réglementées. En plus de la population des 20 communes situées sur le site, plusieurs groupes d'intérêts sont concernés par cette limitation de leurs activités.

Il s'agit entre autres de commerçants, propriétaires de forêts, chasseurs, pêcheurs ou autres sportifs. Il faut leur ajouter les randonneurs et alpinistes du Club alpin suisse (CAS). Les promoteurs s'appliquent à les convaincre.

Les porteurs du projet consentent certes à de nombreux compromis afin de satisfaire la majorité des intéressés, mais la nature n'en sort pas pour autant gagnante, déclare Giochen Bearth, président de la section Piz Terri du CAS. Des aires protégées intéressantes manquent aux altitudes inférieures. On sent vraiment que l'aspect économique constitue la priorité, estime-t-il.

Pas de protection supplémentaire

L'association centrale du CAS à Berne partage cette attitude critique. Le projet ne propose pas vraiment de nouvelles aires protégées. "Dans la zone principale se trouvent déjà des districts francs fédéraux, interdits à la chasse, et des paysages protégés d'importance nationale", souligne Ursula Schüpbach, responsable de l'environnement au CAS.

Même son de cloche du côté d'Anita Mazzetta, directrice du WWF des Grisons. "En l'état présent, ce parc n'apporte à la nature qu'une décevante petite plus-value." Elle admet cependant que les discussions tournant autour du projet permettent de sensibiliser la population à l'environnement. L'écologiste plaide pour "un vrai parc national" près du Piz Adula, une région prédestinée pour cela.

Autorités mitigées

Le canton se montre également critique. Le système traditionnel basé sur l'interdiction pourrait se voir remplacé par une stratégie d'encouragement, comprenant des aires prioritaires dédiées à la nature et des zones de biodiversité, propose Georg Brosi, directeur de l'office cantonal de la chasse et de la pêche, compétent pour la régulation des populations sauvages.

Malgré tout, les autorités grisonnes soutiennent le projet. Elles subventionnent à hauteur de 1,4 million de francs les efforts des promoteurs. "Un parc national représente une réelle chance pour des communes et régions faiblement structurées", affirme le conseiller d'Etat Martin Jäger.

Ce dernier reconnaît que le "Parc Adula" n'apporterait "probablement pas de changements fondamentaux" pour la nature et la biodiversité. Mais un parc national n'offre pas seulement une vitrine de premier ordre pour l'économie touristique, il constitue aussi un excellent vecteur de communication pour les thèmes touchant à la protection de la nature et du paysage.

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