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Le programme de protection des témoins livre ses premiers secrets

Le programme suisse de protection des témoins né cette année livre ses premiers secrets au compte goutte. On sait notamment que son activité ne ressemble pas tout à fait à l'image que donne Hollywood.

08 août 2013, 11:03
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Le programme suisse de protection des témoins est entré en vigueur au début de l'année. Les missions effectuées par ce service de fedpol ne sont certes pas toujours aussi spectaculaires qu'au cinéma, mais ses agents peuvent tout de même être appelés à créer une nouvelle identité pour un témoin menacé.

Dans l'univers de la protection des témoins, la discrétion est de mise. L'Office fédéral de la police (fedpol) ne révélera donc pas combien de personnes ont été protégées par le programme depuis le début de l'année ou combien ont reçu une nouvelle identité. La Suisse est trop petite pour que de telles données soient rendues publiques, a expliqué Andreas Leuzinger, responsable de la protection des témoins chez fedpol.

A long terme, dix à quinze cas devraient être traités chaque année, a-t-il cependant ajouté. "Les attentes ont été remplies", indique de son côté Adrian Lobsiger, directeur suppléant de fedpol. "Nos contacts avec les ministères publics fédéral et cantonaux le montrent." C'est en effet à ces derniers de faire une demande à la Confédération pour protéger un ou des témoins.

Refuges très éloignés du style d'Hollywood

Le service de protection des témoins est encore en développement. A terme, il devrait employer dix personnes à plein temps. Sa mission première: informer et conseiller les polices et ministères publics cantonaux sur la meilleure manière de protéger les personnes en danger ou potentiellement en danger qui ont témoigné ou doivent témoigner dans une affaire criminelle.

Une des mesures les plus courantes consiste à sortir la personne du milieu dans lequel elle court un danger, détaille M. Leuzinger. Le témoin est amené dans un endroit sûr, appelé "safe house", un terme qui rappelle les films américains.

Pour le responsable de la protection suisse des témoins, la comparaison avec Hollywood s'arrête là. "La réalité est très différente." Pour protéger un témoin, il faut lui apprendre à passer inaperçu, à se fondre dans la masse, peu importe qu'il ait reçu une nouvelle identité ou vive simplement à un nouvel endroit.

Dangers des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux et les nouveaux médias représentent un gros défi pour la protection de témoins. "C'est difficile d'interdire à quelqu'un d'utiliser Facebook", reconnaît M. Leuzinger. Poster des images peut toutefois révéler des indices sur son nouveau domicile ou sa nouvelle identité, voire même livrer des données de géolocalisation. Les smartphones peuvent également dévoiler des informations.

Les professionnels donnent quelques conseils simples pour ne pas révéler trop d'informations en ligne, comme ne pas montrer l'entier de son visage sur les photos de profil ou réduire fortement la taille des images avant de les télécharger. Les métadonnées, dates et lieux, doivent être effacés.

Défis interculturels

Les témoins qui ne sont pas familiarisés avec la culture suisse doivent parfois apprendre ce qu'est un comportement "normal", afin de ne pas être repérés dans la rue. Certains ne peuvent d'ailleurs pas rester dans le pays, car ils attireraient trop l'attention. Ils doivent être recueillis à l'étranger, ce qui est prévu dans la loi sur la protection des témoins, explique Andreas Leuzinger.

Protéger un témoin contre son gré n'est pas possible. "Si la personne retourne dans son environnement familier après quelques jours, recourir au programme de protection des témoins n'a pas beaucoup de sens." C'est pourquoi fedpol examine attentivement si un témoin convient au programme. Si la personne protégée ne s'en tient pas à ce qui a été convenu et se met en danger, le programme de protection peut se terminer.

Vrais faux papiers d'identité

Pour parfaire une couverture, le service de protection des témoins est autorisé à fournir des documents authentiques, comme un nouveau passeport à un autre nom. Il peut aussi faire modifier des banques de données publiques et privées.

La cellule de Fedpol peut aussi organiser des liens vers l'ancienne vie du témoin, comme préserver ses droits juridiques ou permettre des rencontres avec les membres de sa famille qui ne sont pas dans le programme. C'est plus sûr que si le témoin se mettait en tête de le faire par lui-même, explique M. Leuzinger.

Les tâches quotidiennes du programme sont toutefois plus modestes que la fabrication d'une nouvelle identité. Les agents peuvent ainsi être amenés à sécuriser une porte d'entrée, installer un système d'alarme ou bloquer des données dans les registres officiels.

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