«On peut comparer la campagne de prospection à une échographie du sous-sol», image Daniel Clément, directeur d’EnergeÔ, qui porte plusieurs projets de géothermie sur La Côte.

Dès lundi, société de Vinzel lance une vaste exploration des entrailles de la région, de Montricher à Crans, soit dans une trentaine de communes des districts de Morges et de Nyon. L’objectif est d’en mesurer avec précision le potentiel géothermique.

Conduite par l’entreprise yverdonnoise Geo2X, la campagne de prospection durera un maximum de trois semaines, à l’exception des week-ends. Elle sera effectuée de nuit afin d’éviter les ondes parasites qui pourraient survenir en journée.

Le chantier mobile, emmené par un convoi de trois camions vibreurs, parcourra principalement les axes routiers.

Le chantier mobile sillonnera La Côte dès lundi. Il débutera, après un test du côté de Mont-sur-Rolle, par la ligne Bière-Montricher puis Denens. Photo: EnergeÔ

Les engins enverront des ondes dans le sol, pendant quelques secondes, par le biais d’une plaque vibrante. Auparavant, quelque 1200 géophones (instrument utilisé pour écouter les bruits provenant du sol) auront été disposés, tous les dix mètres, le long du tronçon.

Infographie: EnergeÔ/ La Côte

Peu de nuisances

Le chantier mobile effectuera un seul passage à proximité des habitations, occasionnant des désagréments potentiels pendant environ 20 minutes. Les vibrations, perceptibles durant environ 30 secondes, seront similaires au bruit engendré lors du passage d’un véhicule militaire ou d’une lourde machine agricole, rassure la société.

Elles ne sont pas susceptibles de provoquer des fissures dans les bâtiments. «Tout est mis en œuvre pour éviter un éventuel dégât, rassure le directeur. Les travaux de Geo2X s’inscrivent dans le respect scrupuleux de la norme en vigueur, qui contient des coefficients de sécurité. Si d’éventuels cas accidentels étaient avérés, l’assurance RC couvrirait les frais, mais Geo2X n’a jamais été confronté à de tels événements en Suisse.»

Sous le camion, on décèle la plaque qui permettra d’envoyer des vibrations. Photo: EnergeÔ

EnergeÔ, constituée de la Société électrique des forces de l’Aubonne (SEFA), la Société électrique intercommunale de La Côte (SEIC), les Services industriels de la Ville de Nyon et Romande Energie, a investi quelque 6 millions de francs dans cette opération.

L’Office fédéral de l’énergie (OFEN), «tenant compte de l’importance du projet pour la mise en œuvre de la stratégie énergétique et de la politique climatique de la Suisse» contribue à hauteur de près de 3,4 millions.

«L’OFEN considère cette campagne de prospection comme l’un des éléments clés pour analyser à large échelle le potentiel des ressources géothermiques de la région de La Côte», souligne Christian Minnig, spécialiste Energies renouvelables – géothermie à l’OFEN.

Les résultats définitifs de la campagne seront connus au premier trimestre 2022.

Forages à Vinzel, puis envisagés à Nyon, Aubonne-Etoy

Le sous-sol de La Côte est particulièrement propice à l’exploitation de l’énergie géothermique. Il est constitué de nombreuses failles qui contiennent des aquifères, soit des couches géologiques perméables, recelant de l’eau souterraine. Ces failles souterraines, permettraient, si elles sont exploitées, de chauffer de nombreux ménages et entreprises de la région de La Côte.

Si le potentiel géothermique de la région se confirme, dont les deux paramètres essentiels sont la température et le débit de l’eau, l’objectif serait de reproduire le projet de Vinzel à Nyon et Aubonne-Etoy.

Daniel Clément directeur d’EnergeÔ

En 2010, des camions vibreurs avaient déjà sillonné la région mais sur des portions plus courtes. Le projet de géothermie de moyenne profondeur de Vinzel en est issu.

L’itinéraire emprunté par les camions vibreurs l’inclura également afin de croiser les données de surface avec les données qui seront obtenues grâce au forage à venir (lire encadré). «Si le potentiel géothermique de la région se confirme, dont les deux paramètres essentiels sont la température et le débit de l’eau, l’objectif serait de reproduire le projet de Vinzel à Nyon et Aubonne-Etoy», explique Daniel Clément.

Vinzel sondé dès 2022
Pionnier en Suisse romande de la géothermie de moyenne profondeur, en l’occurrence à environ 2200 mètres, EnergeÔ Vinzel a pour objectif de produire de la chaleur via un réseau de chauffage à distance.

Les travaux préparatoires pour la construction de la plateforme de forage devraient débuter au début de l’an prochain. L’ambition est de pouvoir forer durant l’été de cette même année.

En cas de succès, la mise en exploitation prévoit une production de chaleur pour environ 1500 ménages du côté de Gland et ce durant un minimum de quarante ans. Après le feu vert à l’issue de la mise à l’enquête du projet en 2019, la société n’attend plus que celui pour l’obtention du «permis de recherche en sous-sol».

Le projet de forage sera également subventionné par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Dans le canton de Vaud, deux autres projets de géothermie – profonde par contre – sont bien avancés (avec production de chaleur et d’électricité) à Lavey-les-Bains et Montagny-sur-Yverdon.

«En cas de succès du projet de forage à Vinzel, il contribuerait à booster l’énergie géothermique dans la région et au-delà. Quoi qu’il en soit, il fournira toujours des informations et des données extrêmement précieuses sur le sous-sol et permettra d’augmenter les chances de succès des projets ultérieurs, estime Christian Minnig à l’OFEN.

«Le canton de Vaud s’est fixé pour objectif la réalisation d’une vingtaine de centrales géothermiques sur son territoire d’ici à 2050. Avec son projet de forage à Vinzel, EnergeÔ montre la voie à suivre et contribue de manière significative à la transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables», abonde Denis Rychner, conseiller en communication à la Direction générale de l’environnement.

Vinzel: le projet de géothermie se concrétise avec les premiers coups de pioche

Les travaux de construction de la plateforme ont débuté. Les premiers forages sont prévus cet été.