Les grands chefs d'Etat ont tous laissé en héritage une trace pérenne de leur règne, sous la forme d'un monument architectural. Philippe Gudin est de cette trempe-là, capable de bâtir une école des arts et de la culture unique en Europe et de rallier à sa cause un architecte à la renommée internationale en la personne de Bernard Tschumi.
Le directeur du Rosey - prestigieuse école privée fondée à Rolle par Paul Carnal en 1880, qui a accueilli plusieurs têtes couronnées - a su imposer sa vision d'une école ouverte aux arts et pas uniquement aux technologies et son rêve de bâtisseur - qu'il caressait depuis plus de quinze ans.
Le Carnal Hall est non seulement une réussite du point de vue architectural - la coupole d'acier et de verre, aux lignes élégantes, se fond avec grâce entre lac et vignoble - mais également un coup de maître de la part du directeur, à quelques mois de passer la main à son fils.
Car Le Carnal Hall a propulsé la très sélecte école, autrefois bien à l'abri derrière ses grilles, dans une ère nouvelle. Celle de l'ouverture, non plus uniquement à une élite mondiale fortunée, mais aussi au public, d'ici et d'ailleurs, humble mélomane, ravi d'assister à un concert dans une salle philharmonique de 900 places, ou à y danser avec les Gypsy Kings. La ville profite de ce rayonnement inattendu. Et la modeste Perle du Léman de briller enfin de tous ses feux.