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Commerce de détail: Manor doit se réinventer pour faire face à la crise

Jérôme Gilg, le patron de Manor, explique comment le groupe, en perte, cherche à se réinventer pour mieux lutter. Le numéro 3 de la distribution a perdu plus de 180 millions de francs de chiffre d’affaires pendant les deux mois de semi-confinement.

18 nov. 2020, 00:01
/ Màj. le 18 nov. 2020 à 07:12
Information material so that people maintain social distance is pictured in the Swiss department store Manor during the preparation for the reopening by respecting the sanitary rules during the state of emergency of the coronavirus disease (COVID-19) outbreak, in Lausanne, Switzerland, Friday, May 8, 2020. In Switzerland from 11 May, loosening measures slowing down the ongoing pandemic of the COVID-19 disease, which is caused by the SARS-CoV-2 coronavirus, become effective by step. Classroom teaching at primary and lower secondary schools will again be permitted. Shops, markets, museums, libraries and restaurants will be able to reopen under strict compliance with precautionary measures.(KEYSTONE/Laurent Gillieron)

Numéro trois de la distribution derrière Coop et Migros, le groupe Manor (chiffre d’affaires annuel d’environ deux milliards de francs) est durement touché par la désaffection des grands magasins, laquelle a été accélérée par les fermetures causées par la pandémie de Covid-19. Il cherche, aujourd’hui, à se réinventer par des partenariats, et à combler son retard dans le commerce électronique. Son directeur général, Jérôme Gilg, explique comment.

Pourquoi intégrez-vous la Fnac dans vos magasins?

Ce partenariat n’implique pas de participation du groupe Manor au capital de la Fnac ou l’inverse. Il ne concerne que la mise sur pied de «shop in shop» («magasin dans le magasin») dans quatre boutiques, dans un premier temps. Manor y voit la possibilité de se renforcer dans le domaine du multimédia et du petit électroménager, des domaines extrêmement concurrentiels, où nous ne sommes plus capables d’obtenir par nos propres forces les meilleures conditions d’achat. Nous ne pouvions plus non plus obtenir les meilleures compétences en matière d’assortiment. Il y a quatre ans, nous avions conclu un accord similaire avec le parfumeur Sephora, une expérience que nous voulons répéter.

Quelle part de votre chiffre d’affaires cela représentera-t-il?

Le multimédia, le livre et l’électroménager représentent actuellement un peu moins de 10% du chiffre d’affaires de Manor. C’est une proportion importante de nos ventes. Nous nous rémunérons sur la base du chiffre d’affaires réalisé par la FNAC dans nos magasins selon le modèle classique de la concession.

Vous avez annoncé, l’été dernier, la suppression de 500 emplois dans le cadre d’une restructuration. Quelle en était la raison?

Cette restructuration s’inscrit dans une stratégie à cinq ans: renforcer notre site internet et le combiner avec nos magasins. Elle nous permet d’acquérir les compétences nécessaires dans le digital sur une base saine en termes de coûts.

Combien de personnes ont perdu leur emploi et que sont- elles devenues?

Environ 300 personnes ont été licenciées. D’autres sont parties à la retraite anticipée ou ont été replacées. Nous avons proposé un plan social à la grande majorité de nos collaborateurs concernés, applicable notamment au siège, ainsi qu’un soutien économique et professionnel aux personnes touchées. Il faut néanmoins compter un délai de sept à huit mois pour trouver un nouvel emploi.

Dans le numérique, les experts jugeaient Manor très en retard par rapport à ses concurrents. Comment cela s’explique-t-il?

Nous voyons surtout les potentialités que nous offre cet instrument, davantage que le retard pris dans ce domaine. Nos ventes en ligne ont progressé de manière très rapide et atteignent 5% du chiffre d’affaires du groupe Manor. Nous visons la proportion de 20% dans cinq ans. Néanmoins, les magasins existants gardent toute leur importance. Nous tirerons notre force de la combinaison des deux.

Comment vivez-vous la baisse de fréquentation des grands magasins urbains et des centres commerciaux?

La baisse de fréquentation des magasins est de 15 à 20%, celle du chiffre d’affaires de 5% à 10% du chiffre d’affaires. Cette tendance a été accélérée par les effets de la pandémie. Lors du semi-confinement de la première vague, les magasins de grandes villes, principalement ceux de Genève, Lausanne et Lugano, ont davantage souffert que ceux des localités de taille moyenne. Cette baisse souligne l’importance de se renforcer dans le domaine du numérique: ce dernier attire la clientèle: 40% des commandes faites sur internet sont retirées en magasin.

Manor a fermé plusieurs magasins dans les villes petites et moyennes. C’est donc fini?

Nous n’avons pas du tout l’intention de fermer des magasins dans les deux ou trois ans qui viennent. Notre force, au contraire, résulte de la combinaison d’un réseau bien implanté et d’un site web performant. Il est possible qu’un magasin ou l’autre soit fermé, notamment au terme d’un bail. Mais cela ne résultera pas d’une stratégie généralisée.

Votre grand magasin de Zurich Bahnhofstrasse a été fermé en début d’année. Où en êtes-vous pour le remplacer?

Nous y travaillons. Nous souhaitons trouver un nouvel emplacement de première qualité dans l’hypercentre. Nous n’avons encore rien trouvé. Des possibilités s’ouvrent et nous en examinons de manière très précise. Notre objectif est d’ouvrir un magasin de grande taille.

Quelle est la baisse attendue de chiffre d’affaires du groupe Manor cette année?

Nous avons perdu plus de 180 millions de francs de chiffre d’affaires pendant les deux mois de semi-confinement. La période qui a suivi a été plutôt positive, mais la baisse du volume des ventes sur l’année devrait néanmoins être de 10 à 15% par rapport à l’an dernier, en fonction de ce qui se passera d’ici la fin décembre. C’est considérable pour notre enseigne. L’année est compliquée pour le résultat.

Quelles sont vos attentes pour l’an prochain?

Nous prévoyons une année de rattrapage: nous pensons pouvoir récupérer environ deux tiers des ventes qui nous ont échappé en 2020. Mais cela dépendra de l’évolution du virus. En terme de chiffre d’affaires, l’année sera encore difficile, mais sans comparaison avec ce que nous avons vécu cette année.

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