Va-t-on compter une enseigne de moins sur le marché suisse du bricolage? La Commission de la concurrence a autorisé début août le groupe Coop à acquérir la chaîne de magasins de bricolage Jumbo, jusqu’alors partie intégrante du groupe Manor, pour un montant qui n’a pas été révélé. La transaction, annoncée le 1er avril dernier, va donc entrer dans sa phase effective.

L’ensemble va accéder à la deuxième place des chaînes actives dans le bricolage. Coop Brico + Loisirs, entité de la coopérative basée à Bâle, a réalisé un chiffre d’affaires de 694 millions de francs en 2020. Celui de Jumbo s’est monté à 600 millions de francs l’an dernier.

Le total des deux enseignes, près de 1,3 milliard de francs pour 2020, restera légèrement en retrait des 1,47 milliard de francs de ventes du numéro un du secteur, Landi (groupe Fenaco), mais clairement devant les concurrents Migros Do it + Garden (333 millions de francs) et l’allemand Obi Markt (252 millions de francs de chiffre d’affaires), selon les données rassemblées par le spécialiste du commerce de détail GfK.

Quinze doublons

Mais comment Coop va-t-il organiser son nouveau réseau de ventes? Sa filiale Brico + Loisirs exploite 72 points de vente, dont une quinzaine en Suisse romande. Jumbo est davantage concentré avec 40 implantations. Néanmoins, en quinze localités, les deux enseignes se côtoient. Notamment à Fribourg (Jumbo est à Givisiez et Coop Brico + Loisirs à Matran), La Chaux-de-Fonds (la première aux Eplatures, la seconde aux Entilles), Monthey (Jumbo, Coop est à Collombey) ou encore Yverdon (tous deux sont à Montagny), sans parler des multiples implantations à Genève et à Lausanne.

Selon Watson.ch, la fermeture systématique de l’une des deux implantations dans chaque ville de Suisse où des doublons existent pourrait coûter jusqu’à 500 emplois. Jumbo emploie environ 1500 personnes.

Coop qualifie ce chiffre de «spéculation», mais n’en livre pas d’autre. «Les détails seront précisés dans les semaines à venir et communiqués à la fin du mois d’août», explique une porte-parole du géant de la grande distribution.

Il n’est pas certain, néanmoins, que les centres Jumbo soient plus touchés que ceux de Coop. Ils ont l’avantage d’être, en moyenne, plus grands, et donc de mieux pouvoir répondre à la concurrence de nouveaux venus tels Hornbach et Bauhaus, spécialisés dans les grandes surfaces offrant des assortiments plus étendus. Cela dit, les unités situées dans les centres-villes peuvent se spécialiser davantage dans les besoins d’une clientèle urbaine. D’autres peuvent être requalifiées sur d’autres segments.

Succès du brico

Le fait est que le bricolage est en plein boom. Ce segment est même celui qui a vu le volume de ses ventes croître le plus vite depuis le début de l’an dernier, grâce à l’engouement pour le bricolage et le jardinage induits par les fermetures dues à la pandémie. Les ventes ont bondi de 10,7% en 2020 pour atteindre un total de 3,7 milliards de francs sur l’ensemble du marché suisse, selon la Fédération allemande du commerce de bricolage, construction et jardinage BHB. La croissance se confirme même au premier semestre de cette année, alors que les autres segments du commerce de détail non-alimentaire ont cessé de rebondir dès le mois de mai en raison de la fin de l’effet de rattrapage, selon le Markt Monitor de GfK.

Cette tendance contraste la relative stagnation du secteur ces dix dernières années. De 2010 à 2020, Coop Brico + Loisirs, OBI et Jumbo n’ont, au mieux, progressé que de 2%. Migros Do It a même reculé. La seule enseigne à avoir notablement progressé est Landi, qui est passé d’un chiffre d’affaires de 1,1 milliard à près de 1,5 milliard de francs de chiffre d’affaires, selon les données de GfK.

Coop: les magasins Brico+Loisirs se fondent dans la marque Jumbo

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