Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Des millions de documents confidentiels sont en mains de journalistes

Plus de 2,5 millions de documents concernant des sociétés offshore ont été transmises à un réseau international de journalistes. Des personnes et des sociétés suisses sont concernées. François Hollande aussi, par l'intermédiaire de son ancien trésorier.

04 avr. 2013, 19:08
Les documents sont issus de deux sociétés spécialisées dans les domiciliations offshore, notamment aux Îles Caïman.

Plus de 2,5 millions de documents concernant des sociétés offshore ont été transmis à un réseau international de journalistes, ont indiqué "Le Matin Dimanche" et la "SonntagsZeitung", qui y ont eu accès. Selon eux, des personnes et des sociétés suisses sont concernées.

Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), basé à Washington, a reçu sous forme informatique cette masse de données occupant 260 Gigabytes, soit un volume 160 fois supérieur aux câbles diplomatiques américains publiés par WikiLeaks en 2010. Avec ses partenaires travaillant dans près de 40 pays, l'ICIJ a présenté jeudi les premiers résultats de l'exploitation de cette fuite.

Il y a plus d'un an, un paquet a été envoyé anonymement par la poste à une adresse en Australie. Le disque dur qui se trouvait à l'intérieur a ensuite été transmis à l'ICIJ. Ces "Offshore Leaks" contiennent une quantité d'informations bien supérieure à toutes les fuites de données bancaires survenues ces dernières années de Suisse vers l'Allemagne ou la France, notent les deux journaux dominicaux.

Deux sociétés

Les documents - des contrats et des fax numérisés, des copies de passeports, des e-mails, de la correspondance bancaire, notamment - sont issus de deux sociétés spécialisées dans les domiciliations offshore. Selon des sources concordantes, il s'agit de Commonwealth Trust Limited, à Tortola, dans les Îles Vierges britanniques, et Portcullis Trustnet, basée à Singapour et active dans une douzaine de juridictions, comme les Îles Cook, les Îles Caïman ou Samoa.

Le président du conseil d'administration de Portcullis Trustnet est Tee Tua-Ba, ambassadeur non-résidant de Singapour en Suisse, selon des informations de la société et des autorités singapouriennes. Son nom ne figure toutefois pas sur la liste du corps diplomatique du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Interrogé par l'ats, celui-ci a précisé que le précédent ambassadeur a terminé son mandat fin 2012 et que le nouveau n'a pas encore présenté ses lettres de créance.

35 médias impliqués

Depuis plusieurs mois, plus de quatre-vingt journalistes du monde entier travaillent sur cette masse de données, tentant de décortiquer les montages financiers internationaux, souvent complexes, et de mettre en contexte ces informations. Quelque 122'000 entités (sociétés, trusts, etc.) sont concernées, reliées à plus de 130'000 personnes dans 140 pays.

Plus de 35 médias de toute la planète vont dévoiler dès jeudi leurs investigations sur les Offshore Leaks. Parmi eux, "The Washington Post", la BBC, "The Guardian", "Le Monde", "Die Süddeutsche Zeitung" ou "Asahi Shimbun", ont participé à ce travail.

Banques et intermédiaires suisses

En Suisse, trois journalistes du "Matin Dimanche" et de la "SonntagsZeitung" ont eu accès à l'ensemble de ces données depuis le mois de décembre. Selon eux, les Offshore Leaks concerneraient environ 300 personnes et 70 sociétés en Suisse.

Parmi elles, une vingtaine de banques et de nombreux intermédiaires financiers auraient passé commande de milliers de sociétés offshores, destinées à abriter les comptes de leurs clients étrangers.

Les données concerneraient aussi un certain nombre de contribuables suisses. Le playboy germano-suisse Gunter Sachs, décédé en 2011 à Gstaad (BE), serait l'un d'eux, selon des documents dont l'ats a obtenu une copie. L'ex-mari de Brigitte Bardot aurait fait ériger un réseau de compagnies anonymes sur les Iles Cook.

Ses exécuteurs testamentaires rejettent les accusations. Selon eux, il ne s'agissait pas de "montages financiers" mais de contrats confiant la gestion de la fortune placée dans un trust. A la vue de ces révélations, les autorités bernoises veulent rouvrir le dossier fiscal de Gunter Sachs.

Par ailleurs, un échange de courriels internes de Portcullis Trustnet, dont l'ats a une copie, concerne Clariden, aujourd'hui entièrement intégrée dans Credit Suisse et spécialisée en gestion de fortune. Daté de 2007, il évoque la demande de Clariden de garantir l'anonymat de ses clients souhaitant créer des sociétés offshore.

Suisse marginalement concernée

Un spécialiste juridique de Portcullis Trustnet estime notamment que Clariden doit se porter garant que les clients concernés respectent la loi. Des collaborateurs de Portcullis lui demandent alors de faire une exception: "Je crois que nous devons nous fier au fait que Clariden est une institution financière respectée et régulée par la législation suisse sur le blanchiment d'argent."

L'Association suisse des banquiers (ASB) estime pour sa part que les banques helvétiques ne sont que marginalement touchées par Offshore Leaks. La Suisse n'est concernée que par 0,05% des 120'000 sociétés et trusts montrés du doigt. L'ASB part du principe que les banques suisses respectent les lois dans le cadre desquelles elles opèrent.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias