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La bière française veut devenir aussi noble que le vin

Oublié le demi de «blonde» rapidement avalé en terrasse ou devant un match de football, la bière française veut redorer son image en appliquant les codes du vin: magasins et bars spécialisés, mariage avec la gastronomie, succès des brasseries du «terroir» et ateliers de dégustation.

27 mai 2012, 16:47
Les microbrasseurs tirent leur épingle du jeu.

Dans un contexte de consommation en baisse (19,73 millions  d'hectolitres en 2010 selon l'association des Brasseurs de France),  seuls les micro-brasseurs locaux, qui produisent des bières  artisanales ou de spécialité, tirent leur épingle du jeu, preuve que  le goût des consommateurs a changé.

Avec 30 litres de bières consommés par an et par habitant (contre  85 pour les Belges ou 149 pour les Tchèques, champions en la  matière), la France est le dernier pays européen consommateur de  bière. La Suisse occupe une position moyenne avec près de 60 litres  par tête.

«En terme d'image et de goût, il y a des avancées, mais c'est un  processus qui prend du temps. Pour boire français, on est presque  obligé de consommer local», constate Loïc Mayoud, brasseur à la  Brasserie Georges, à Lyon, qui a profité du succès des micro- brasseries pour recommencer sa production en 2004.

En France, environ 500 micro-brasseries défient les grands  groupes industriels comme InBev, Heineken, Foster's ou Guinness.

Christian Bourganel, fondateur de la brasserie ardéchoise  Bourganel et président de Biera, association de promotion des  brasseurs de la région Rhône-Alpes (centre-est), a ainsi remporté  des prix de l'innovation et décroché un titre de bière du mois en  2011 à New York pour ses produits au goût de marron, nougat,  myrtille ou miel.

«Comme pour le vin, on voulait donner une image de terroir dans  l'esprit des gens et amener à plus de reconnaissance de ce produit  noble. En apportant des éléments de notre territoire, tels que le  nougat, la myrtille ou le marron, des gens qui n'aimaient pas la  bière s'y sont mis», explique-t-il à l'AFP.

Bière et foie gras

«En France, la culture de la bière est à faire. Malgré  l'émergence de lieux et bars dédiés, sa grande diversité est encore  trop méconnue», déplore Simon Thillou, gérant de la Cave à bulles,  l'une des premières caves à bières de Paris.

Dans son antre de 50 m2, cet amateur veut éloigner la «mousse» de  son image de «bière fade devant un match de football» et propose  depuis six ans plus de 250 références différentes, les deux tiers  françaises, et des ateliers de dégustation.

Plus «sexy et glamour», selon M. Thillou, ces bières aromatisées  et «de dégustation» représentent aussi une «façon intéressante de  s'adresser à une clientèle moins masculine et vieillissante».

Un jour, selon lui, la bière pourrait remplacer le vin à table.  «Une idée pas nouvelle, mais quand je conseille à mes clients une  bière qui se marie bien avec du foie gras, ou du chocolat, c'est une  découverte pour eux», estime le gérant de la Cave à bulles.

Moins reconnue que l'oenologie, la «biérologie» apparaît pourtant  dans les bars, les restaurants et les livres de cuisine, «même si  aucune formation officielle n'existe comme c'est le cas en Italie,  en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis», note Simon Thillou.

Pour Emmanuel Gillard, biérologue et auteur d'un blog consacré à  la bière (projet.amertume.free.fr), «la bière est tombée trop bas  avec une image de moyen d'alcoolisation rapide, dénué de tout  plaisir».

«Pour déguster une bière, la vue, l'odorat, le goût sont très  importants, ce n'est pas différent du vin», précise ce Belge  installé à Grenoble, qui conserve dans sa cave des bières  millésimées de 1950.
 

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