La Banque nationale suisse (BNS) continue à préparer les banques à la perspective, inéluctable, d'une remontée des taux d'intérêt. Pour son vice-président Jean-Pierre Danthine, il faut attirer leur attention sur le fait que leur calcul des risques pourrait être sous-estimé.
"Les banques ont choisi un profil de risque élevé, vraisemblablement parce qu'elles estiment que la période de taux bas va encore durer. Nous attirons leur attention sur le fait que ce risque, tel qu'elles le calculent, pourrait être sous-estimé", note Jean-Pierre Danthine, dans une interview accordée aux hebdomadaires "Matin Dimanche" et "SonntagsZeitung".
Le vice-président de l'institut d'émission relève que "protéger les banques revient à protéger les ménages". Il se réfère en cela aux mesures déjà arrêtées par la BNS pour tenter de calmer la dynamique en cours sur le marché immobilier, en lien avec le niveau historiquement bas des taux d'intérêt depuis des années.
Effet déjà présent
Ces mesures intègrent deux volets: relèvement à un minimum de 10% de la part des fonds propres des futurs propriétaires ne provenant pas de leur deuxième pilier et imposition aux banques d'une exigence accrue en matière fonds propres (le coussin anticyclique annoncé en février par le Conseil fédéral pour une entrée en force fin septembre).
"Des signes montrent que ces mesures pourraient déjà avoir un effet. Plusieurs indicateurs prouvent que dans l'ensemble la hausse des prix a été moins forte durant le premier semestre 2013 qu'en 2012", dit Jean-Pierre Danthine. "Ces mesures visent à éviter que les banques ne se retrouvent dans des difficultés telles qu'elles ne puissent plus prêter."
Un piège pour les ménages
Reste que, relève encore le Romand du directoire de la BNS, "la facilité d'accès au crédit fonctionne comme un incitant, et je dirais même comme un piège". "La règle de prudence impose de calculer la capacité d'emprunt des ménages sur les taux d'intérêt à long terme, dont la moyenne historique est proche de 5%."
Selon Jean-Pierre Danthine, "le service de la dette à un tel niveau de taux ne doit pas excéder le tiers de leurs revenus. Or ce seuil est dépassé pour près de 40% des nouveaux crédits octroyés.
"Pourtant, les taux d'intérêt bas actuels ne constituent pas une nouvelle norme. Ils remonteront un jour ou l'autre", avertit Jean-Pierre Danthine dans les colonnes des deux hebdomadaires dominicaux.