Joey Gascoigne gagne près de 218'000 francs par année. Et il n'a pas honte de le crier haut et fort. Ce jeune patron anglais de 28 ans a lancé en 2010 Buffer, une startup qui facilite vos publications sur les réseaux sociaux et le succès est au rendez-vous. Aujourd'hui, il emploie une soixantaine de personnes et les affaires marchent bien.
Il peut donc se permettre de se verser ce revenu confortable. "J'étais très excité à l'idée de divulguer mon propre salaire", explique-t-il au Huffington Post anglais, "c'est un exemple des choses dont on parle peu, comme le salaire que le co-fondateur et PDG d'une société est en droit de se verser." Il a donc décidé de l'afficher. Et pas uniquement au sein de sa boîte, mais aux yeux du monde entier, via un document accessible publiquement sur le web.
Il ne s'est pas arrêté en si bon chemin et il a ajouté les revenus de tous ses employés. Mais il avait tout de même quelques craintes au départ. "Personne d'autre ne le fait et on se disait qu'il devait il y avoir une bonne raison."
L'objectif? Rendre les discussions plus transparentes, la politique des salaires plus équitables et... le personnel plus heureux.
Certains salariés étaient évidemment réticents. "Ils pensaient que cela pourrait modifier les relations qu'ils ont avec leurs amis ou leur famille", explique Joey Gascoigne, "mais, au final, on s'est tous rendu compte que ces craintes n'étaient pas fondées."
Avant de publier la liste des salaires sur la toile, tous les employés ont eu une franche discussion sur ce qui leur semblait être une politique salariale juste et honnête et ça a évité les mauvaises surprises par la suite.
Cette politique salariale, justement, elle part d'un salaire de base, similaire à ceux de la branche et tient compte du coût de la vie des lieux où vivent les collaborateurs. Vient ensuite le rôle de chacun dans l'entreprise et son expérience: "débutant", "intermédiaire", "avancé" ou "master". Pour cette dernière catégorie, par exemple, on compte un tiers du salaire en plus. On ajoute aussi 3'000 francs par an pour chaque enfant ou partenaire qui ne travaille pas.
Une augmentation annuelle de 5% s'ajoute à tout ça. On peut aussi choisir entre acquérir des actions de Buffer ou recevoir une prime de 10'000 francs.
Et, apparemment, ça marche. Selon le site Opensource.com qui cite Leo Widrich, le co-fondateur de Buffer, la transparence salariale a eu des effets inattendus, comme la baisse drastique des demandes d'augmentations, mais elle serait à l'origine d'une innovation plus rapide de la part des employés, de discussions plus ouvertes entre les collaborateurs, et d'un plus grand sens de l'intégrité.
Buffer va même au-delà de la transparence salariale, en ouvrant ses emails ou ses échecs à la vue de tous. Une culture d'ouverture qui, si elle est tendance dans le monde anglo-saxon, n'est visiblement pas encore arrivée en Europe continentale, ni même en Suisse.
Et si ça vous dit de postuler chez Buffer, vous pouvez même calculer à l'avance votre salaire.