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Novartis: Daniel Vasella renonce à ses 72 millions de francs

Daniel Vasella renonce à ses 72 millions de francs, annonce mardi Novartis.

19 févr. 2013, 15:33
Daniel Vasella a passé dix-sept ans à la tête du géant pharmaceutique bâlois.

 Daniel Vasella renonce à son indemnité de non-concurrence de 72 millions de francs négociée avec Novartis. Une décision globalement saluée, même si d'aucuns regrettent qu'elle soit tardive. Au point de ne pas suffire à inverser la tendance en faveur de l'initiative de Thomas Minder qui a bénéficié de la polémique.

Le géant pharmaceutique bâlois a fait savoir mardi matin qu'il a trouvé avec son patron sortant un terrain d'entente pour annuler l'accord rendu public vendredi, qui a suscité une profonde vague de colère en Suisse. Daniel Vasella devait toucher de Novartis durant six ans au maximum 12 millions de francs par année à titre de dédommagement.

Le contrat désormais caduc prévoyait que M.Vasella ne devait percevoir l'entier de la somme que s'il renonçait à passer à la concurrence. Daniel Vasella, 59 ans, avait affirmé vendredi à la télévision alémanique qu'il ne conserverait pas cet argent, mais le consacrerait tout ou partie à des dons.

L'effet d'une bombe

"Nous continuons de croire en une clause de non-concurrence, nous pensons toutefois que la décision d'annuler l'accord est dans l'intérêt des actionnaires et des parties prenantes de l'entreprise", indique le vice-président de Novartis Ulrich Lehner, cité dans le communiqué du groupe.

L'annonce de cette indemnité avait fait l'effet d'une bombe à deux semaines de la votation fédérale du 3 mars sur l'initiative contre les salaires abusifs. Actares et Ethos avaient d'ores et déjà annoncé qu'ils refuseraient d'accorder la décharge lors de l'assemblée générale de vendredi.

Condamnation unanime

Etant donné l'annulation du contrat, Ethos votera finalement la décharge. Critiquant en revanche le manque de transparence des administrateurs, Actares maintient sa position. L'actionnariat pour une économie durable se dit exaspéré par la manière de procéder de Novartis.

La condamnation avait été générale. A gauche bien sûr, mais aussi jusqu'au Conseil fédéral et à economiesuisse qui investit des millions pour combattre l'initiative contre les salaires abusifs auquel l'accord de vendredi a donné un coup de pouce que d'aucuns estiment décisif.

Le président de la faîtière du patronat Rudolf Wehrli s'était dit révolté. "De tels indemnités et salaires constituent une véritable provocation, même pour les opposants à l'initiative Minder", selon lui.

Pressions

Contrairement à ce qu'affirme Christophe Darbellay qui n'impute le revirement de Daniel Vasella qu'à la pression de la rue et à son bon sens, les pressions des milieux économiques ont été "fortes", estime Christian Levrat.

Sans vouloir indiquer si les critiques publiques de l'association patronale qu'il dirige ont directement influencé M. Vasella, le directeur d'economiesuisse Pascal Gentinetta relève que, dans le contexte de l'initiative du 3 mars, Novartis et son patron auraient déjà dû réagir vendredi passé. "Un renoncement immédiat aurait représenté un avantage", concède-t-il en admettant que la polémique constitue un revers dans la campagne.

Tendance confirmée

Le renoncement de Daniel Vasella à sa clause de non-concurrence ne devrait pas inverser la tendance en faveur de l'initiative, de l'avis des partis politiques. "Les dégâts sont faits", constate M.Darbellay pour qui une inversion de tendance s'annonce très compliquée.

Ses homologues de l'UDC, du PLR, du PS et du PBD ne croient pas non plus que le revirement de Daniel Vasella et Novartis ait des conséquences sur l'issue du scrutin. "Le peuple est déjà convaincu depuis longtemps de la nécessité de changer le système en place", selon Christian Levrat.

La pression publique est simplement devenue trop forte. Le peuple a fait plier le président sortant de Novartis, se réjouit Thomas Minder qui "s'incline devant la révolte du souverain".

Un fidèle

On sait depuis le 23 janvier que Daniel Vasella ne se représentera pas pour un nouveau mandat de président. Son successeur désigné est l'Allemand Jörg Reinhardt (56 ans), entré en 1982 chez Sandoz avant d'occuper des postes à responsabilité croissante au sein de Novartis.

M.Vasella a été directeur général de Novartis dès 1996, année de la naissance du groupe après la fusion de Ciba Geigy et Sandoz. Il avait également endossé trois ans plus tard la présidence du conseil d'administration. Une double casquette critiquée, jusqu'à la démission de la direction en 2010 du Fribourgeois qui a touché 13,1 millions de francs au titre de rémunération pour 2012.

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