Stephan Schmidheiny est surpris par le réquisitoire "clair" du procureur général de la cour de cassation italienne dans le procès Eternit. Le magistrat a demandé l'annulation de la condamnation du milliardaire suisse, jugeant les accusations prescrites.
La défense a toujours affirmé que l'existence d'un "désastre intentionnel permanent" durant jusqu'à aujourd'hui n'existe pas en tant que tel dans le droit italien, a déclaré à l'ats la porte-parole de M. Schmidheiny, Elisabeth Meyerhans. "Si l'on interprète correctement la loi, le délit présumé est prescrit depuis longtemps", indique-t-elle dans une prise de position.
Dans son réquisitoire, le procureur général Francesco Iacoviello a expliqué qu'il est évident que M. Schmidheiny est responsable de la mort de quelque 3000 employés des usines du groupe Eternit S.p.A. Gênes. Mais on ne peut pas prouver qu'il a voulu provoquer une catastrophe environnementale.
En outre, le délit a pris fin en 1986, quand la dernière usine transalpine a fermé ses portes, a-t-il ajouté, provoquant des protestations parmi les proches des victimes de l'amiante. Pour ce genre de délit, la prescription est de quinze ans.
L'amiante tue toujours
Le représentant des parties civiles, Sergio Bonetto, a contesté ce point de vue. "L'amiante tue toujours: le nombre de morts va vraisemblablement atteindre son maximum en 2025. Pour cette raison, la catastrophe environnementale dure toujours et n'est vraiment pas prescrite", a-t-il lancé.
Me Bonetto a souligné la longue période de latence du mésothéliome, un cancer provoqué par l'amiante. Le temps entre l'exposition à l'amiante et l'apparition de la maladie peut durer jusqu'à 40 ans, a précisé l'avocat, qui représente quelque 400 personnes et deux organisations de victimes.
Selon Elisabeth Meyerhans, les plaidoiries des quinze parties civiles devaient se terminer en début de soirée. Ensuite, ce sera au tour des avocats de M. Schmidheiny de prendre la parole. Ceux-ci vont tenter de prouver l'innocence de leur client, a précisé la porte-parole. Selon eux, les accusations contre le milliardaire sont "construits".