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Raffinage: une surcapacité chronique

Les difficultés du groupe zougois Petroplus illustrent la crise qui secoue depuis des années le secteur du raffinage français et européen.

03 janv. 2012, 17:46
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La branche est victime d'une surcapacité chronique qui pousse les exploitants à vendre ou fermer leurs installations.

Le pétrole, qu'il soit extrait au Moyen-Orient, en Mer du Nord ou ailleurs, est toujours raffiné (opération qui permet d'en tirer de l'essence, du gazole, du fioul et autres produits pétroliers) là où sont les consommateurs. Ce qui oblige les groupes pétroliers à adapter leurs infrastructures aux évolutions de la demande locale.

Or "la consommation subit une baisse structurelle en France et en Europe, et le marché est en surcapacité. Tous les opérateurs sont donc en train de fermer des raffineries en Europe et d'en ouvrir là où est la croissance, c'est-à-dire en Asie", explique François Pouzeratte, expert de l'énergie du cabinet de conseil Eurogroup.

Le recul de la consommation de produits pétroliers sur le Vieux continent est lié à un faisceau de facteurs, dont les préoccupations environnementales et les réglementations anti-pollution de plus en plus contraignantes.

Le phénomène s'est accéléré avec la crise économique et la flambée des cours du pétrole brut en 2008, qui pousse particuliers et industriels à réduire leur consommation.

Conséquence de la surcapacité, qui fait fondre les marges des opérateurs, "le raffinage français a perdu 800 à 900 millions d'euros en 2009, et devrait en perdre autant en 2011", souligne Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).

Voilure réduite

Résultat, les groupes pétroliers réduisent la voilure les uns après les autres, cédant ou fermant des installations. La France ne compte ainsi plus qu'une dizaine de raffineries, dont deux en sursis: celle de Petit-Couronne mise à l'arrêt lundi par Petroplus à cause de ses problèmes de liquidités, et la raffinerie de Berre-l'Etang dans les Bouches-du-Rhône.

Cette dernière, qui appartient au groupe américain LyondellBasell, doit être mise en sommeil ce mois-ci jusqu'à la fin 2013, dans l'attente d'une éventuelle alternative à sa fermeture.

Pour mémoire, la Suisse compte pour sa part deux raffineries: celle de Petroplus à Cressier (NE) - qui devrait fermer provisoirement à partir de mi-janvier - et celle du groupe libyen Tamoil à Collombey (VS). La première représente environ un quart des volumes raffinés vendus, la seconde quelque 15%, et le reste est importé.

Selon l'UFIP, la capacité de raffinage française, qui s'élevait à 98 millions de tonnes de pétrole brut par an en 2009, pourrait chuter de plus d'un quart à 70 millions en cas de fermeture définitive de Petit-Couronne et Berre-l'Etang.

Le phénomène ne devrait pas s'inverser, prévient M. Pouzeratte. "Il n'y aura pas de rebond de la consommation de pétrole", du fait notamment du développement des véhicules électriques qui pourraient à terme se substituer aux véhicules classiques.

Les grandes "majors" européennes du pétrole se sont déjà fortement désengagées du raffinage, comme Total (qui a fermé en 2010 la raffinerie des Flandres et veut vendre le site anglais de Lindsey), ou Shell qui a vendu en deux ans ses installations de Heide et Hambourg (Allemagne), Göteborg (Suède) et Stanlow (Royaume-Uni).

Revers

Mais la nouveauté est que ce sont désormais les repreneurs de sites gérés autrefois par des majors qui connaissent à leur tour des difficultés. C'est le cas de Petroplus, qui avait racheté en 2007 Petit-Couronne et Reichstett (Bas-Rhin) à Shell, et a déjà fermé le site alsacien l'an dernier, ou encore de Berre-l'Etang, ex-raffinerie de Shell reprise en 2008 par LyondellBasell.

Les "majors" pouvaient compenser les pertes subies dans le raffinage grâce à d'autres activités très rentables comme la production de pétrole brut. En revanche, "les petites raffineries sont très fragiles et elles ont tendance à disparaître", résume Constancio Silva, économiste à l'Institut français du pétrole et des énergies renouvelables.

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